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Psychogeographie indoor (57)

Publié le 10 avril 2015 par Novland
Psychogeographie indoor (57)
Plus ne suis ce que j'ai été,Et ne le saurais jamais être.Mon beau printemps et mon étéOnt fait le saut par la fenêtre. Clément Marot (1496-1544)1.

18 octobre 2014.- Good weather, idian Summer (26 °C) Après le kitsch pavillonnaire, les nains de jardins et l'usage des ruines, Jean Yves Jouannais s’intéresse aux barrages de sable. Bel opuscule, du Sebald enjoué et plus aérien que tenaillé et l'une des petites parties d'un ensemble assurément moins badin, cette Encyclopédie des guerres qui pourrait être sa « vraie grande œuvre ». Comme je suis assez sans mes mots, je laisse volontiers parler l'auteur : « Les châteaux de sable, je finis par les envisager comme des livres que l'on aurait pu écrire, ou pas, ou particulièrement, qui n’auraient pas eu d'ambition artistique, hormis celle de répondre à une obsession, de s’accorder à elle. Les châteaux de sable n'ont pas d'auteur, ils sont des matériaux conducteurs de fable, toujours exactement la même, ont pour vertu cardinale de mesurer du temps, et non seulement font la guerre, mais sont la guerre. Si les châteaux de sable n'avaient pas été la littérature, j'aurais trouvé, dans la littérature justement, mille références aux châteaux de sable. La preuve de l'identité des deux phénomènes, c'est que la littérature avait su traiter, et avait eu le temps de le f aire, de tous les aspects, réels, objectifs, comme fantasmés et imaginaires de l'épopée humaine, à l'exception des châteaux de sable, C'est peut être aussi la raison pour laquelle ma phrase continuait de ne pas me déplaire, parce qu'elle demeurait unique sur cet aspect de la castellologie. S'il m'était venu à l'esprit de compiler les savoirs contemporains comme ancestraux sur cette discipline, mon encyclopédie n'aurait compté qu'une seule page, composée elle-même d'une unique citation dont j'aurais été l'auteur. »19 octobre 2014.- Du soleil, des nuages ensuite. (25 °C) Fini le traité de castellologie littorale de Jean Yves Jouannais. En définitive un joli patchwork, des bouts encyclopédistes, d'autres  autobiographiques, de la critique d'art, de la fiction en contrebande (ce Félicien Marboeuf, inventé correspondant épistolaire de l'ami Proust), de la grande Histoire et de petites histoires (ce Japonais oublié, ces enfants soldats…) Paradoxalement malgré le côté épars de tous les tissus, bannes et étoffes, il y a de la cohérence, les coutures tiennent le patchwork est presque réussi.Rien (ou presque) : Sans attirance particulière quant aux innombrables choses de la vie. Je disparaîtrais dépourvu de la moindre ostentation et avec un flegme qui ne bouleversera personne.

20 octobre 2014.- Tiédeur vaguement humide, hors de saison. (26 °C) Fausse bataille d'Hernani autour d'un « plug anal  gulliverien » : l’époque est décevante.

Ramollir c'est rendre mou ce qui est trop ou très dur. Comme il me semble ne jamais avoir été très ou trop dur, je ne peux donc pas dire que je me ramollis plus que cela. Je dirais plutôt que je m'attendris, dans le sens où je deviens moins consistant, un peu à l'image d’une viande récemment morte qui devient moins ferme lorsqu'un cuisinier vétilleux à la bonne idée de l’attendrir avec une pointe de vinaigre. Allez savoir, ainsi attendrie pourrais je peut-être courir plus facilement hors de moi-même, loin d'un monde intérieur devenu terne, pesant et sombre… libre de me perdre en frivolités diverses et variées. (Bo / Cathal Coughlan - Goodbye Sadness)

21 octobre 2014.- Ciel, plutôt nuageux. (22°C) Je serais bientôt en bord de ravin, cette excavation longitudinale, ce vide sombre pâle et rond dans lequel j'aurai peu de peine à vouloir choir.

En attendant, je suis encore chez Cioran, dans ses cahiers, presque un autre précipice. (Bo / The Jam - That’s Entertainment)

23 octobre 2014.- Des nuages, du vent, de la fraîcheur insidieuse (12°C) Une âme sautillante doit savoir récolter le bien-être qui lui passe à portée de main, c'est pourquoi je tente de cueillir les vives effusions de joie qui m'entourent… en vain. Lu trois pages de Paul Morand, la préface qu'il avait consacrée au Lys dans la vallée de Balzac : « le Lys dans la vallée c'est la princesse de Clèves du romantisme, c'est l'attachement au devoir dans les ruines d'une courte existence… » .24 octobre 2014.- Beau temps frais. (14 °C) Le fripon est un coquin qui lorsqu'il ne dupe pas sans scrupule son voisin, sait le voler adroitement. Quand le fripon passe la rampe de l’authentique crime sanglant et de l’homicide tapageur, il se transforme alors en pendard. Le pendard évolue généralement un peu au-dessus du sol où il flotte à hauteur de pendu. Rien de bien étonnant puisque c'est son destin que d'être pendu.

Lu un long article consacré à Charles Sobhraj, franco-oriental trucideur de hippie en goguette. Un drôle de fripon qui finira pendard.
Demain  nouveau  Modiano, non sans inquiétude. (Bo / The Kinks - The Village Green Preservation Society)

25 octobre 2014.- Du gris, du mordoré, l’automne est là (18°C) Ce matin inaugurant le Musée Picasso, François Hollande affirmait sans crainte que « l'on ne construit rien sur la nostalgie ». Il y a quinze jours le même François Hollande faisait l'éloge du tout nouveau Prix Nobel de Littérature, Patrick Modiano. Hors qui y t-il de plus construit sur la nostalgie que l’œuvre de ce dernier ? Je pose la question tout en sautillant modérément.En parlant de nostalgie et de Modiano, je lis Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier. Le titre est modianesque, le livre encore plus, tellement modianesque que pour un peu on pourrait croire lire un pastiche car tout est là et même presque un peu trop : flottement mémoriel, individus louches, bouts autobiographiques brumeux...26 octobre 2014.- Ciel bleu pâle, fraîcheur de saison (15°C) Mes craintes concernant le nouveau roman de Patrick Modiano se sont confirmées. Il ressemble bien au pastiche que j'évoquais hier. Le décor est en place, le brume mémoriel tombe mais le charme n'agit pas comme si Modiano était dorénavant en roue libre, ou pire encore, déjà presque au-dessus de lui-même. Dans la foulée lu Congo, court récit d'Eric Vuillard consacré à la conférence de Berlin en 1885 et à la terrifiante prise de possession du Congo qui s'en suivit. Rien d'une colonisation un pillage en règle commandité par un Roi des Belges plus féru de sa propre importance que de tout autre chose. Dans un style parfois épique, souvent émue, Vuillard évoque la fatuité des partageurs berlinois, les massacres en bord de fleuve boueux, cette forêt dans lequel de piteux proto Kurtz commanditent moult trépas à l'unisson, il n'oublie pas non plus les morts, les victimes, car à tout bon colonisateur il faut des victimes : « celui qui tire des coups de fusil doit, pour justifier l'emploi de ses munitions, couper les mains droites des cadavres et les ramener au camp ». 27 octobre 2014.- Ciel globalement nuageux. (15°C) Il est 18 h la nuit est déjà presque noire, merci Giscard, merci la France ! Nothing else. 29 octobre 2014.- Du soleil, pour rien. (17°C) Retour dans les reportages de Jean Rolin. Aux alentours de l'ex Mésopotamie, l'Iranien tu l’Irakien, l’Irakien tu le Kurde, le Kurde tu l'Assyrien, l'Assyrien ne tu personne, il faut dire que c'est un très vieux chrétien. En future ex-Yougoslavie, le Serbe regarde le Croate de biais, le Croate regarde le Bosniaque de travers, l’Albanais regarde un peu tout le monde avec un air anguleux. Bientôt on cessera de se regarder de guingois pour mieux entamer une sanglante et rectiligne algarade.

à lire : La littérature nazie en Amérique de Roberto Bolaño.

30 octobre 2014.- Beau temps (17°C) Travaillé nuitamment. En conséquence, passé l'essentiel de ma journée entre sommeil, sieste prolongée et état semi-flottant. Néanmoins, entamé La littérature nazie en Amérique de Roberto Bolaño. Bizarrement, mon premier Bolaño. Pour l'instant assez bien, faussement sérieux et vraiment pince-sans-rire. Des écrivains imaginaires, leur notice biographique, de fausses vies croquignolettes entre engagement compromettant et tangible horreur homicide et la preuve que la littérature souffle d'un peu partout y compris depuis la supposée ignominie. 31 octobre 2014.- Labeur. Beau temps dans le genre été indien. À quoi bon ? La nuit tombe à 17h30. (20°C) Tournant sans gaieté autour du morne agrégat du quotidien, la déconfiture me guettant, il faudrait que je me trouve des ailleurs, que je décanille d'un pas léger, la tête en l'air… Lire Sein de Ràmon Gómez de la Serna. (Bo / Dave Berry - This Strange Effect).1 novembre 2014.- Ciel partiellement nuageux, humidité 60 %, vent 8km/h (20°C) Un peu malade. Encore dans la Littérature Nazie de Bolaño. À force de répétition, un peu d'ennui.

Pour le reste si je suis radical, c'est dans apragmatisme. (BO / Karen Mantler - My life is hell )

2 novembre 2014.- Soleil embrumé (18°C) Finalement, beaucoup aimé la Littérature nazie de Roberto Bolaño . Quelques menus défauts, un côté certainement répétitif, mais une grande qualité : ces grandes baies ouvertes sur le territoire de la fiction, cette façon de sautiller par-dessus la modernité, cet oubli du roman-roman.

Poursuivi par la lecture de Rose poussière de Jean-Jacques Schuhl, « livre culte » que je regarde de biais depuis un certain temps déjà, il faut se méfier des « livres cultes », mais que j'ai décidé de lire comme ça au débotté. Globalement assez à mon goût, très vieille avant-garde en bien, pop-art et patchworkesque avec un beau style qui pourrait presque contrarier le « projet initial » : écrire un livre un brin impersonnel comme Warhol pouvait produire des tableaux un brin impersonnels. Au milieu de ce joli fatras plein d’électricité, de falbalas et de jeunes filles pâles ce passage qui résonne dans un drôle d'écho avec un fait divers tout autant récent que tintamarresque : «  Le combat fabrique une zone d’échange où les ennemis se fondent. Les armures et les boucliers d’Alexandre Nevski, les lances de Paolo Uccello évoquent – de quelque camp qu’elles soient – quelque chose d’autre. Au moment où ils échangent des coups, où ils avancent et reculent doucement dans leurs inhumaines et collectives parures, les gardes mobiles barrent le quelque chose d’autre et sont ce quelque chose d’autre. Autant qu’un mouvement de répulsion contre l’autorité, leur apparition dans les rues provoque le trouble attrait du monde cruel et désindividualisé qu’ils (pré)figurent. Il y a entre les ennemis d’étranges complicités… »

3 novembre 2014.- Bruine (14°C) Guère d'entrain. Quelques pensées de Joseph Joubert. Lire les Chroniques d'un patachon de Pierre de Régnier 4 novembre 2014.- Pluie diluvienne, nous y sommes (10°C) Cioran, Cahiers. Ces quelques mots banals mais qui on toute la force de l'évidence : «  Règle générale : un auteur commence à être reconnu et fêté au moment où il n'a plus rien à dire. L'avènement de la gloire coincide avec celui de la stérilité » (Bo / La clinquante nursery de Syd Barrett).
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Psychogeographie indoor (57)

6 novembre 2014.- Soleil et quasi froideur (9°C) Morose, maussade, renfrogné, chagrin, grimaud ou tout comme. Pour tenter de sautiller ne serait ce qu'un tout petit peu je me dirige vers ma bibliothèque. Je choisis le 149e volume qui s'offre à mon regard en partant de la gauche. Le hasard faisant bien les choses il s'agit de l’Air et les songes du père Bachelard. Page 149 il y est question de la méthode Desoille, un bidule psychothérapique recommandé pour se débarrasser des moult soucis conscients qu'un quidam, ordinaire ou pas, peut rencontrer. Chez Wikipedia : « Le sujet allongé se met en état de relaxation et ferme les yeux pour créer un scénario imaginaire dont il est lui-même le héros principal (ou unique). Le thérapeute intervient parfois pour faire préciser une partie de l'espace imaginaire ou une bifurcation possible du scénario. Dans une autre phase du travail, il est proposé au sujet de rédiger un compte rendu écrit qui pourra servir de support à une séance en face à face pour explorer la signification du scénario. Bernard Auriol utilise une variante qui consiste à proposer la création d'une série de dessins (sorte de story-board) en lieu et place du compte rendu écrit. De même peuvent être suggérées la production d'oeuvres sculptées, installées ou picturales, en guise de compte rendu. Ces procédés développent l'aspect sublimatoire lié au rêve éveillé et à l'imagination active en général. Chez l'enfant, le protocole est modifié en ce sens qu'il dessine, les yeux ouverts, assis à une table la BD du scénario qu'il imagine »

Pour le reste, entamé un joli pavé : Please Kill Me : L'histoire non censurée du punk racontée par ses acteurs, le début est très bien : « LOU REED : Tout seul. Personne à qui parler. Viens un peu par là que je te cause… On jouait ensemble il y a des années, dans un appartement à trente dollars par mois, on avait vraiment pas un rond, on bouffait des flocons d’avoine matin et soir et on faisait des dons du sang pour se faire offrir un petit-déj, entre autres, ou encore on posait pour des tabloïds hebdomadaires bas de gamme. Quand ma photo est parue, la légende disait que j’étais un maniaque sexuel qui avait tué quatorze enfants et filmé les meurtres pour les projeter dans une grange du Kansas à minuit. Et quand ç’a été le tour de John Cale, la légende disait qu’il avait tué son amant parce que celui-ci était sur le point de se marier avec sa sœur, et qu’il ne voulait pas que sa sœur épouse un pédé. » (Bo / Ronnie Bird – Sad Soul).7 novembre 2014.- Ciel dégagé, fraîcheur latente (11°C) Please Kill Me : Warhol, factory, Eddie Sedgwick, Velvet, méthédrine, fouet, Gerard Malanga, back room, vaseline, Lou Reed… Des débuts prometteurs.

Il est des jours où le désœuvrement vous fait faire de drôles de choses. Tenez, pas plus tard qu’ aujourd’hui je me suis permis de diviser le nombre de mon année de naissance par le chiffre de mon mois de naissance ! Ce n'est pas rien, le résultat est étonnant, figurez-vous que 1966 divisés par 4 font 491,5 ! D'aucuns avec un tel résultat n'auraient pas fait grand-chose de bien captivant, je me suis quant à moi dirigé vers mon auguste bibliothèque et j'ai lentement recherché le 491e volume en partant du haut. Croyez-moi ou non, mais ce 491e volume s’est avéré être un petit bidule moderniste de George Perec ! De surcroît pas n'importe lequel de ses petits bidules modernistes : Les Choses ni plus ni moins ! Un peu étourdi par un hasard tout autant élégant qu’oulipesque, j'ai ouvert le volume page 10 (je suis né le dixième jour d'avril 1966) il y était question d'un petit fauteuil canné, d'un téléphone, d'un agenda de cuir, de choses et d'autres…
N.B. Le délicieux Evelyn Waugh est mort le 10 avril 1966.

8 novembre 2014.- Brume et soleil (11°C) Malade, Estomac, en conséquence guère d'appétence sautillante. Toujours dans Please Kill Me, pas un parangon de grande littérature, mais un parangon de croquignollerie. Il faut dire que les débuts du Punk (américain) ne sont quasiment que croquignollerie. La cour warholienne, la « scène » de Detroit, les MC5 de Wayne Kramer et les Stooges du petit James Osterberg, les Doors et leur roi bouffi. En dehors de l'électricité, du cuir, de la sexualité débridée et des petits cachetons pris au débotté, presque un point commun entre tous ces gens : la marmoréenne Nico … Elle passe de Lou Reed à John Cale, de John Cale à Jim Morrison, de Jim Morrison à Iggy Pop ; c'est une ronde raide à elle toute seule. 9 novembre 2014.- Repos. Pluie, pluie, pluie, pluie, pluie, pluie, pluie, pluie, pluie, pluie, pluie, pluie, pluie (10°C) Still sick. Please Kill Me, again. Saga des Stooges, marigot underground new-yorkais, Patti Smith et Robert Mapplethorpe, débuts punks… Le tout fortement croquignolet, frôlant plus qu’ à son tour le burlesque entre travestis, paillettes, flaques de vomis et seringues égarées. (Bo / Iggy Pop & the Stooges - Raw Power)10 novembre 2014.- Nuages et bruine. (12°C) Perclus de douleurs diverses et variées, certainement l'un des grands avantages du labeur.Si j'aime tant me bastonner moi-même, c'est parce que cela me permet de pourvoir à mon inlassable besoin d'être estourbis. Je marche alors de guingois, la tête dans les étoiles, je suis presque heureux.

Pour le reste toujours plongé dans le pavé Please Kill Me, une vraie armoire à croquignolerie prête à vous assommer en bien : «  Allen Ginsberg m’a prise pour un joli garçon et il a essayé de m’emballer, alors je lui ai répondu : “REGARDE LES NICHONS, ALLEN ! T’AS PAS FAIT GAFFE AUX NICHONS ! » (Patti Smith) (Bo / Blue Oyster Cult - (Don’t Fear) The Reaper).

13 novembre 2014.- Beau temps frais (12°C) L'époque étant ce qu'elle est une troupe d'esprits finauds s'est permis d'inventer au débotté une « journée de la gentillesse ». Ainsi aujourd'hui sur l'habituel et désolant agrégat de vulgarité formé par tout semblant de société flottait un drapeau douceâtre, mielleux et sucré, le drapeau des patelineurs et autres patte-pelus. Quant à moi, je me suis repu de bougonnerie.14 novembre 2014.- Ciel dégagé (11°C) Not in the mood. Drôle de blague que la vie. Une suite d’aberrations, de méprises, de maldonnes brinquebalantes ; presque une escroquerie. Du côté des livres, toujours plongé dans Please Kill Me. Les débuts de Television (le groupe) ; les tee-shirts déchirés de Richard Hell, les « passes » de Richard Lloyd, jadis je confondais les deux. 15 novembre 2014.- Brume, pluie, nuit précoce (11°C) Ennuyé et légumineux, pas d'envie. Encore dans Please Kill Me. Toujours centré sur l’anecdote cintrée, mais toujours très bon. Wayne County et ses algarades de fausse fille vraiment ébouriffée, Nancy Spungen comme pont sordide entre punk américain et punk anglais. Un mouvement de moins que rien, de petits blancs fiévreux de toxicomanes en goguette de drag queen musculeuses, qui comptera beaucoup. (BO / Television - Little Johnny Jewel).16 novembre 2014.- L’hiver est presque là, j'ai échangé mon Mondrian contre un Gauguin. (10°C)

Le punk de base est un petit gars qui trépasse généralement avant l'heure légale. Ainsi la fin de Please kill Me n'est qu'un long requiem qui tournicote autour de ceux qui sont tombés aux « champs d'honneur » : Nancy Spungen et Sid Vicious, Stiv Bators et Johny Thunders, Jerry Nolan… d'autres. Le livre était formidable, il devient très émouvant, ce n'est pas rien, c'est même plus que pas rien… 3.

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17 novembre 2014.- Ciel plutôt nuageux, des averses (10°C) Être à côté, sans exagération ni hyperbole, dans une ironie plaisante et sentimentale, une ironie inachevée tournicotant aimablement autour d'un autrui compère ; c'est ce que j'appelle UMOUR.Lire Joë Bousquet (Traduit du silence), Pierre Bergounioux (Le matin des origines), Georg Trakl (Œuvres complètes). (BO / Young Marble Giants – Wulitzer Juxebox).18 novembre 2014.- Nuages, pluie, nuages, pluie, nuages, pluie, nuages, pluie… (10°C)

Je ne suis plus qu'un sac d'amertume ranci par le labeur. Nothing else.

20 novembre 2014.- Brume et semi-frimas (10°C) À l’alternat entre les Cahiers de Cioran, les Carnets de Pierre Bergougnioux et la correspondance de Guy Debord

Rien (ou presque) : Rivé sur la quintessence, cloué sur la « moelle » des choses, crucifié sur du substantiel, me voilà dans une position bien inconfortable.

21 novembre 2014.- Les quelques brumailles matinales derrière nous, belles et larges soleillées (15°C) Rien  lu ou presque. Confusément malade, quasi effondré sur moi même, trop de pesanteur, peu de légèreté, rien pour moi. Lire Paris ne finit jamais d'Enrique Vila-Matas. 22 novembre 2014.- Ciel dégagé (12°C) Paris ne finit jamais de Villa-Matas. Très bien, pas un livre de souvenirs, pas un essai, encore moins un roman-roman. Plutôt les trois, les trois dynamités avec de beaux pains d'umour. Aller-retour entre le Paris littéraire du milieu des années soixante-dix et le Paris contemporain. On folâtre à la terrasse du Café de Flore, on croise Sollers, Barthes, Perec, on croise Marguerite Duras, c'est elle qui loge Villa-Matas dans une chambre de bonne. On croise surtout Hemingway, il a beau ne rien avoir avec ceux cités précédemment son ombre est massive. 23 novembre 2014.- Repos. Journée printanière, mais bien inutile, la nuit tombant aux alentours de 16h30. (18°C) Au mitan de Paris ne finit jamais (c'est un livre assez court, je dois lire lentement). Le charme de Paris au milieu des années soixante-dix. Le marigot underground, le tournage d‘India Song, d'hypothétiques prostituées déguisées en premières communiantes, le visage parfait de la jeune Isabelle Adjani, la totale féminité de Marie-France… Au-delà des souvenirs, des anecdotes, quelques belles interrogations sur la littérature, la modernité et la nécessaire implosion du roman-roman.(Villa-Matas dézingue un peu le magnifique Au-delà du fleuve et sous les arbres de l'amiral Hemingway, je pense qu'en l'occurrence il a un peu tort). (BO / Bedhead – WhatFunLifeWas).24 novembre 2014.- Soleil et nuit précoce (16°C) Un thé indien, du labeur,quelques pages de Cioran, ses Cahiers… Un peu d'ennui, il faut bien vivre après tout.

Rien (ou presque) : L'usage judicieux de l'euphémisme me semble être l'un des combles de l'élégance ; un petit bouclier gracieux, un signe de civilité, de douceur et d'ironie face à l'indicible qui plus qu'à son tour tente de nous saisir avec ses grandes pattes véritables.

25 novembre 2014.- RIEN.26 novembre 2014.- Petite pluie (13°C) D'une humeur inopinément sautillante je ricoche sans faux fuyant, dans de très petits bonds comiques, vers un ailleurs que le commun des mortels pourrait aisément imaginer radieux. Cette allégresse ne durera certainement pas, je vais m'en contenter.27 novembre 2014.- Grands nuages anthracites sauvagement déchirés, petite bruine (12°C) La lumière de novembre est si tenue, incertaine et faible que l’on se demande si elle n’existerait pas uniquement dans le but sournois de faire trépigner une nuit qui attend son heure légale impatiemment.

Quelques lignes de Robert Walser, une lettre de Guy Debord (une exclusion), deux trois autres petites choses plus ou moins sautillantes.

29 novembre 2014.- Nuages et froideur. L’hiver est presque là (6°C) On pourrait voir Paris ne finit jamais comme un antonyme de Paris est une fête, c'est une éventualité fortement tangible. En tous les cas, la fin est fichtrement mélancolante et guère festive : suicide du père Hemingway, mort de Marguerite D, presque de l'émotion, c'est le corps de l'un et l'esprit de l'autre qui s'envolent.

En parlant de corps et d'esprits qui s'envolent, entamé Traduit du silence de Joë Bousquet. Bousquet apragmatique par contrainte, encombré par un corps si inutile, mais quel beau style, quelles belles phrases.
D'autre part entamé La voiture de pompier disparue de Maj Sjöwall et Per Wahlöö , le Roman d'un crime épisode cinq. Comme toujours chez ces auteurs (un couple de communistes non raides) un humour gris tournant autour de la sociale démocratie, le côté terriblement moderne de l'intrigue et de ses arpents procéduraux. Et puis encore une histoire de corps : corps calcinés, corps des policiers quadragénaires, corps d'une épouse au pyjama ouvert laissant apparaître une toison pubienne d'un noir de jais, corps d'une autre épouse moins affriolante : « Mme Melander était une femme pingre, disgracieuse, taillée à coups de serpe, haute de 1,75 m, dotée de pieds plats et de gros seins pendants. Elle avait cinq ans de moins que son époux et s’appelait Saga. Melander la trouvait très belle. Depuis plus de vingt ans. En fait, elle n’avait guère changé pendant tout ce temps ; elle pesait toujours 82 kilos, chaussait toujours du 44 et la pointe de ses seins était toujours pareille : petite, rose et cylindrique. Une gomme au bout d’un crayon neuf. »
To be continued


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