Magazine Culture

Critique Ciné : Lost River, 20 000 lieues sous le lac

Publié le 11 avril 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Lost River // De Ryan Gosling. Avec Christina Hendricks, Saoirse Ronan et Ben Mendelsohn.


Lost River est un pur produit de Ryan Gosling. En effet, ce dernier en a signé à la fois la mise en scène mais également le scénario. Il s’est alors entouré de Benoît Debie, qui a travaillé sur Spring Breakers ou encore Irréversible en guise de directeur de la photographie et cela se ressent, en très bien d’ailleurs. En effet, Lost River est un périple métaphorique assez étonnant qui nous plonge dans l’enfer de Detroit à la façon d’un Ryan Gosling qui veut parler de tout un tas de choses sans jamais nous donner l’impression qu’il est mieux que les autres. Il veut nous faire une vraie proposition de cinéma, soignée, et c’est ce qui se passe à l’écran qui est donc le plus important. Les images s’enchaînent avec une fluidité assez étonnante et je me demande si au fond Ryan Gosling n’a pas fait ses classes avec Xavier Dolan tant on retrouve un peu des gimmicks du réalisateur québécois dans le film de Ryan Gosling. Lost River c’est donc la vision d’une ville perdue, qui semble être frappée d’une malédiction et où le seul moyen de s’en sortir est d’aller sortir de l’eau un objet submergé. Ce n’est qu’une question de croyance et ce n’est qu’une partie de ce film. La croyance est importante dans un monde où le désespoir règne en maître, où personne ne semble pouvoir accéder à un peu de réussite sans se retrouver face à ses pires penchants.

Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte.

J’ai adoré retrouvé au casting tout un tas d’acteurs et d’actrices à commencer par Ben Mendelsohn qui m’a récemment bluffé dans Bloodline (Netflix) et qui prouve avec Lost River qu’il a plus d’une corde à son arc. Surtout face à une Christina Hendricks (Mad Men) complètement perdue dans une vie qu’elle ne veut pas faire subir à ses enfants. Elle a envie de vivre la part de rêve qu’on lui a promis mais rapidement le film l’engouffre dans une sale histoire dont la sortie ne pourra qu’être tragique. La façon dont Lost River accable ses personnages comme si le seul moyen de s’en sortir était de fuir et pas d’affronter ses problèmes. C’est un sujet très important de ce film : la fuite. Et c’est d’ailleurs l’un des plus gros problèmes de la ville de Detroit. Cette fille qui était autrefois l’un des bassins de l’industrie américaine a vu petit à petit son économie s’effondrer, ses usines se fermer, la population s’endetter et devenir particulièrement pauvre. Lost River ne veut pas pour autant se penser documentaire car le côté métaphorique du film passant donc par ces images colorées assez étonnantes. Les jeux de lumière (et l’on retrouve là aussi Benoît Debie et ce qu’il a déjà fait pour Gaspar Noé au cinéma), la façon de sublimer certaines scènes et certains personnages (notamment la chevelure de Billy, les yeux de Bones, etc.).

Tout cela, Ryan Gosling l’a bien compris. Je pense que ce dernier a un joli oeil de cinéma. Il sait ce qu’il veut faire de Lost River et même si cela ne plaira pas à tout le monde (certains trouveront probablement ce film un peu pédant, et il l’est légèrement je trouve moi même aussi), il reste un film intéressant, ne serait-ce que pour le contact social qu’il y a derrière. Si tout le monde a semble t-il tout perdu, le seul moyen de se raccrocher à la vie c’est de faire face à la mort d’où la présence de ce cabaret qui va incarner une bonne partie de l’histoire de Lost River sans que l’on ne s’en rende compte. On retrouve aussi des thématiques très proches de celle de Dolan (la place de la mère et du fils et la relation qui en découle, quelque chose qui permet de valider la référence que j’ai pu faire plus haut). Ryan Gosling a beau faire dans l’artifice par moment, je trouve qu’il reste assez gentil de ce point de vue là. On sent qu’il est influencé de toute façon, notamment par Nicolas Winding Refn avec qui il a déjà tourné deux fois (notamment Drive) sans parler de Stanley Kubrick peut-être, chose que l’on pourrait retrouver dans ces longs plans qui ne sont pas sans rappeler un peu Orange Mécanique, ou même un peu de David Lynch (même si l’influence de ce dernier reste très faible par rapport aux autres je trouve).

Note : 8.5/10. En bref, un premier essai réussi.


Retour à La Une de Logo Paperblog