Magazine Cinéma

La couleur pourpre - 5/10

Par Aelezig

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Un film de Steven Spielberg (1986 - USA) avec Danny Glover, Whoopi Goldberg, Margaret Avery, Oprah Winfrey, Akosua Bosua

Déçue...

L'histoire : Début du XXe. Célie et Nettie vivent avec leur père, veuf. Célie a déjà été enceinte deux fois de lui, et il lui retire ses enfants pour les donner à l'adoption. Puis il la marie à Albert, un fermier qui, veuf lui aussi, cherche surtout une bonne et une nounou pour ses gosses, ainsi qu'un objet sexuel pour la nuit. Nettie quitte son père dès qu'il commence à lui tourner autour comme il le faisait avec son aînée. Elle se réfugie chez Albert et Célie, mais là aussi, elle est menacée par les envies libidineuses du mari, qui la chasse n'ayant pu parvenir à ses fins. Célie est désespérée d'être séparée de sa soeur. Mais elle continue son job. Ce n'est pas la misère, ce n'est pas le bonheur non plus.

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Mon avis : Ce film avait obtenu un concert de louanges (comme tous les Spielberg... y aurait-il un effet "ticket" ?) et je me souviens qu'à l'époque, pourtant, je l'avais vu en salle mais n'avais pas totalement adhéré. J'étais jeune, j'ai mûri, j'ai plus d'expérience et depuis un moment j'étais très curieuse de le redécouvrir, sûre de me régaler. Et bien non. J'ai retrouvé cette impression d'ennui et de vide. Et le pire, c'est que je ne saurais trop dire pourquoi. D'autant que, d'habitude, j'adore ce genre de grande fresque romanesque, pile poil dans ces époques que je chéris tant (voir film d'hier !). Tentons d'analyser.

Ce n'est pas en tous cas à cause des images... splendides. Ces champs de fleurs mauves, ces paysages du sud, impeccablement cadrés et filmés, ces visages, ces décors, tout est parfait au point de vue de l'esthétique.

On ne va pas parler non plus de la longueur (2h35). Même si cela fait toujours un peu peur au début, il existe plein de films encore plus longs où l'on ne voit pas le temps passer.

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Rien à dire non plus sur les acteurs. Danny Glover est excellent. Les trois actrices principales aussi : Whoopi, Oprah (une révélation ! elle aurait dû faire beaucoup plus de cinéma) et Margaret.

C'est sans doute le scénario, alors. Bien trop ténu pour le format. L'histoire d'une femme, sur une période de quarante ans. Mais comme il ne se passe rien dans sa vie, on ne peut pas dire que ce soit très passionnant. On est attristé par son destin, certes, mais de là à la contempler pendant 2h30 faire son ménage, sa cuisine, pleurer sa soeur, admirer Shug... Et la passivité du personnage m'a souvent exaspérée. On sait que c'était une enfant timide, violée par son père, battue par son mari, effrayée par l'extérieur. Ok. Mais justement, on aimerait la voir se rebeller un peu. Sa soeur allait à école et apprenait à lire à Célie. Puis quand le mari la chasse (une scène interminable et plus mélo tu meurs), elle affirme qu'elle va se débrouiller et elle le fait. Célie, elle, obéit, toujours, tout le temps. Question de caractère, d'accord. Mais le problème, c'est que c'est le personnage principal du film. Et moi je ne peux pas me mettre en empathie avec une personne aussi lymphatique... 

On nous dit que son mari la bat. Mais elle n'est pas rouée de coups. On voit deux ou trois bonnes gifles. SOS Femmes Battues, on se calme ; je n'ai pas dit que c'était bien ! Mais ce n'est en rien un élément prédominant de l'histoire, donc on l'oublie le plus souvent, et on se dit qu'elle n'est pas si maltraitée que ça. La maison est belle, grande, propre grâce à ses soins, tout le monde est vêtu correctement. Je ne peux m'empêcher de me dire qu'elle aurait pu tomber plus mal. Je n'ai éprouvé aucune tendresse envers le personnage ; en fait, j'aurais préféré que le film tourne autour de Nettie... C'est grave, Docteur ?

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Spielberg voulait-il juste montrer la triste histoires des noirs, même après l'abolition de l'esclavage ? Serait-il de bon ton de trouver ça formidable, juste parce que ce sont des noirs ? Non, je maintiens que son scénario est bien trop linéaire. A cette époque, les noirs sont libres, certes, ils se font peu à peu une place dans la société, mais le racisme reste extrêmement fort. Or, dans le film, on le ressent à peine. Albert vit fort bien des revenus de sa ferme et entretient Célie et une tripotée d'enfants. Tout juste voit-on une fois l'hostilité d'un commerçant dans un magasin, et une autre fois l'autorité d'une bourgeoise blanche ; mais ce n'est pas parce que Sophia est noire, elle aurait eu la même attitude avec n'importe quelle personne d'un rang inférieur au sien.

Donc, ce drame n'est pas du tout représentatif de la société de l'époque. Tout ce qu'on nous présente pourrait très bien se dérouler exactement de la même façon dans n'importe quelle autre communauté. Je ne vois donc pas trop l'intérêt ; on se retrouve face à un mélo somme toute assez banal, lent, sans rythme et pour le coup très très long. Est-ce un film sur la condition féminine, alors ? Peut-être, qu'elle soit blanche ou noire, elle devait être soumise, docile, transparente ? Bof... je ne pense pas que c'était le but non plus. Spielberg n'aurait pas choisi le destin de noires ; car là, on s'attend automatiquement à un pamphlet sur le racisme. Suis-je victime des clichés ? Un film sur les noirs doit-il obligatoirement parler de ségrégation et d'esclavagisme ? Non, bien sûr ! Mais cette femme, entre deux mondes justement, ni libre ni prisonnière, m'agace... le message ne passe pas.

Reste la beauté des images et la qualité de l'interprétation.

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Le film a reçu 17 nominations, mais n'a obtenu qu'une seule récompense : meilleure actrice pour Whoopi aux Golden Globes. Et lorsqu'on lit les critiques, finalement les commentaires ne sont pas si enthousiastes que ça ; il y a des fans mais pas que. Loin de là.

Et vous, vous en pensez quoi ?

NB : Amusant, Laurence Fishburne tout jeune dans un petit rôle !


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