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Critique: Avengers, l’ère d’Ultron

Par Régis Marton @LeBlurayphile

Juste un film avant le prochain…

Le ressenti du premier Avengers d’avoir assisté à l’épisode pilote d’une série immature est toujours aussi présent au sortir de sa suite. A qui la faute ? A la politique de Kevin Feige, à la tête des studios Marvel, de faire de chacun des films un teaser du prochain ou de Joss Whedon, encore trop influencé par le storytelling feuilletonesque dans lequel il a fait ses premières armes ? Difficile à dire. Quoiqu’il en soit, il est difficile de ne pas associer cet Avengers : L’Ere d’Ultron à un épisode de transition visant à faire monter la sauce avant le troisième film, prévu pour 2018, en cherchant à justifier le renouvellement des personnages, et même en en annonçant clairement l’intrigue.

Quicksilver et Scarlett Witch - Aaron Taylor-Johnson et Elizabeth Olsen - Marvel

Quicksilver et Scarlett Witch – Aaron Taylor-Johnson et Elizabeth Olsen – Marvel

Du spectaculaire, certes, mais de l’impressionnant, jamais

Débutant par une scène d’action, dont on peut saluer la fluidité du plan-séquence même si elle souffre de cette mode dérisoire des effets de ralentit à outrance qui nuisent à la qualité des effets spéciaux, le scénario s’empresse d’insister sur la cohésion de notre chère équipe de super-héros, pour mieux la remettre en question. Nul doute que l’action est au rendez-vous, les combats ayant tous pour unique but d’être plus spectaculaires les uns que les autres, aucun ne l’est toutefois autant que la bataille de New-York qui concluait le précédent opus. Peut-être est-ce la faute du peu d’enjeu que provoque l’interchangeabilité des décors, entre l’Europe de l’est, la Corée et l’Afrique du Sud, ou à une menace trop peu perceptible. Car, si Ultron est un personnage impressionnant, c’est davantage grâce au doublage de James Spader qu’à la peur que suscite son plan diabolique. Ici, pas de doute, c’est clairement parce que ses motivations ne sont jamais clairement identifiées que l’on a du mal à y voir un méchant intéressant.

Ultron- James Spader - Marvel

Ultron- James Spader – Marvel

Trop de héros tue le héros

Du côté des gentils cette fois, rien ne change dans le trio Captain AmericaTony Stark – Thor, les trois apparaissant comme des individus incapables de s’accorder, faisant de leurs conversations soit des gags What The Fuck, soit le terreau d’un conflit à venir (même si, en guise de conclusion, un vrai début de conflit aurait davantage servi le prochain Captain America : Civil War, que cette sympathie virile retrouvée entre Rogers et Stark). Le travail psychologique de ces super-héros concerne avant tout leur acceptation de leur statut respectif puisque, tandis que Bruce Banner admet être devenu un « monstre » et que Tony Stark s’affirme comme un « savant fou », Rogers reconnait enfin ne plus être un symbole de paix mais bien une arme de guerre. Thor, lui, semble bien dans sa peau. La romance qui s’installe entre Hulk et La Veuve Noire (au grand dâm de cette pauvre Betty Ross, l’ancienne fiancée de Banner oubliée depuis le film de 2008) est assez bien amenée, et semble même être un prétexte à la disparition prochaine des deux personnages.

Hulk - Mark Ruffalo - Marvel

Hulk – Mark Ruffalo – Marvel

La réussite vient d’avoir réussi à donner de l’épaisseur à ce personnage jusque-là inutile qu’est Hawkeye, au point de faire de lui le plus attachant de toute la troupe, et d’éclaircir enfin le passé de cette chère Veuve Noire (faisant d’ailleurs un lien avec des événements de la série Agent Carter). Pour cela, un jeu de flashbacks assez bien pensés (qui permettront d’ailleurs d’apercevoir l’agent Carter dans celui de Captain America) permis par le nouveau personnage de Scarlet Witch, elle-même accompagnée de son frère Quicksilver (qui ne servira finalement qu’à introduire sa sœur mais qui, puisqu’il fait doublon avec la Fox, était destiné à disparaitre). A ces deux nouveaux personnages, viendra s’ajouter Vision, cet étrange androïde tirant ses pouvoirs de la Pierre de l’Esprit, mais surtout affublé d’un look assez grotesque. Nick Fury, pour sa part, semble n’être pour Whedon qu’un accessoire servant, tour à tour, de donneur de leçon puis de déçus ex machina. Le petit rôle d’Andy Serkis ne sert à rien de concret, sinon à se dire qu’il sera présent dans Black Panther.

Vision - Paul Bettany - Marvel

Vision – Paul Bettany – Marvel

Le pop-corn movie qui réjouira les aficionados du genre

Pour ce qui de la narration, elle n’a strictement rien de surprenante : Entre un scénario dont les ficelles ont déjà été mille fois utilisées et une campagne marketing nous ayant fait voir les principales scènes, le film n’est pas capable d’offrir le moindre étonnement ni même, et c’est là que le bas blesse, de moment mémorable. Bien sûr, le déferlement d’effets spéciaux et le nombre croissant de personnages (car, il ne faut pas oublier que War Machine et Le Faucon sont aussi de la partie !) permettent au rythme de connaitre moins de temps morts que dans le premier film mais la vacuité scénaristique et les incohérences que couvrent cette imagerie tape-à-l’œil et le manque de profondeur des héros, trop nombreux pour être individuellement creusés, font de cette superproduction un pur produit mercantile et aucunement le grand film de cinéma que voudront y voir ses fans.

Captain America - Marvel

Captain America – Marvel


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