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L’insurection gagne Venise

Publié le 25 avril 2015 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

Au mois d’avril 1945 la Linea Gotica* d’Albert Kesselring est enfoncée par la 15ème Armée américaine et les troupes alliées qui progressent ensuite dans la plaine du Pô.

Le Conseil National de Libération (CNL) proclama alors l’insurrection générale et tout le nord de l’Italie s’embrasa. Des brigades de partisans descendirent des montagnes, pendant que les armées allemandes tentaient de se retirer en direction des montagnes et de l’Autriche.

Mais il y avait une ville vers laquelle tous les regards étaient tournés, avec une certaines anxiété. Militairement, Venise est un cul-de-sac, où on ne peut combattre ouvertement. Les allemands et les fascistes étaient si nombreux à patrouiller en ville, que les chefs de la résistance, venus de Milan avouaient aux chefs vénitiens ne jamais avoir vu une telle concentration.

La topographie de la ville, si fermée et imbriquée, la délicatesse de son tissus urbain, la valeur inestimable de ses mouvements étaient autant de facteurs propices à un massacre.

La résistance à Venise représentait quelques centaines d’hommes et de femmes qui se réunirent dans la nuit du 23 avril. Quelques heures plus tard, une proclamation était affichée sur les murs de la ville ; signée de Luigi Pasetti, Pietro Benedetti, Eugenio Gatto, Pietro Malgarotto et Sante Listato : « “Il Comitato di Liberazione della Provincia di Venezia, espressione unitaria delle forze che hanno collaborato alla lotta di liberazione nazionale, per volontà ed elezione di popolo, in forza del mandato conferito dal Governo Democratico Italiano al Comitato di Liberazione Nazionale per l’Alta Italia (C.L.N.A.I.), rappresentante legittimo del Governo stesso e come tale riconosciuto dalle Autorità Alleate, assunti tutti i poteri di Governo e di Amministrazione nel territorio della Provincia di Venezia, dichiara iniziata da questo momento anche nella provincia di Venezia l’insurrezione nazionale per la liberazione del Paese dal giogo degli invasori tedeschi e dei traditori fascisti.”

Des combats eurent lieu à Venise, dans la ville, et surtout autour du port, à Mestre, Mirano, Mira, Dolo, San Dona di Piave, Portugruaro…

25 avril 1945, les partisans sur le pont du Rialto

A Venise, les combats commencèrent le 25 avril 1945 avec des partisans et des vénitiens chauffés à blanc par le coup d’éclat de la Brigata Biancotto, le  12 mars au théâtre Goldoni.

Le quotidien « Il Gazzetino« , trop compromis avec les fascistes cesse de paraître et est remplacé le 25 avril 1945 par “Fratelli d’Italia” qui proclame l’insurrection décidée la veille par le CNL de Venise et ordonne la « grève générale insurrectionnelle ».

Les allemands utilisèrent des sortes de barges, sur lesquelles ils avaient fait monter un char, ou armées de mitrailleuses, avec lesquelles ils circulaient dans les canaux, fauchant ceux qui étaient sur les berges avec des rafales mortelles.

Ils menacèrent même de miner le port et plusieurs navires remplis de carburants amarrés sur la Riva degli Schiavoni, à la douane de mer, à l’embouchure du Grand Canal, pour « faire table rase ».

25 avril 1945, l'insurection à Venise

Le CNL déclare assumer désormais « tous les pouvoirs de gouvernement et d’administration » et les calli et campi de Venise sont, toute la journée, parcourues de long en large par des groupes de partisans armés et des gens ordinaires qui se joignent à eux.

Mais le cœur de la Libération de Venise, comme toujours, se trouve sur la piazza san Marco où se concentrent les pouvoirs : le patriarcat, comme prolongement de la basilique, le palais Royal siège de la Platzkommandantur, les Procuratorie vecchie où son installés les SS entourent la piazza et la contrôlent. C’est une histoire dignes des Doges et de la sérénissime République qui semble attendre ce jour-là les libérateurs de Venise.

25 avril 1945, l'insurrection dans Venise

Partout on libère les prisonniers, dont Gianmario Vianello dit « Piero » partisan actif dans la libération de la prison de Santa Maria Maggiore dans la nuit du 26, ou, Mario Lizzezo dit « Andrea » travailleur et responsable de la propagation de la presse clandestine dans les usines de Marghera, torturé et condamné à mort par les Brigades Noires.

Mario Lizzezo dit Andrea

Les représentants de le CNL et Mario Coccon qui commandait le CVL (Corpo volontari della libertà) avaient déjà demandé la reddition inconditionnelle des allemands.

Mais, malgré l’effondrement du front sur la Pô, ce fut refusé, jusqu’à une proposition de médiation du Patriarcat.

C’est donc le 28 avril, que, sous la protection d’un drapeau blanc, Gatto (Parti démocrate), Damo (Parti communiste), Lisato (Parti socialiste), Pasetti (Parti autonomiste), Rubin (Parti libéral) accompagnèrent les commandants allemands au Patriarcat, ou le Cardinal Piazza put mettre en œuvre une médiation avec l’aide décisive de padre Mapelli, son secrétaire et monseigneur Urbain, chancelier de la curie.

Le matin même à 6 heures du matin, le commandant de la Guarde Républicaine déposait les armes. C’était le chaos dans les rangs des fascistes, dont beaucoup, cependant refusaient de se rendre aux partisans, tirant sur tout le monde, touchant même des civils.

* Linea Gotica en allemand : Gotenstellung ; en français : Ligne Gothique ; en anglais : Gothic Line désignait en 1944 une ligne de fortifications organisée par le Maréchal Kesselring, au moment de la retraite des troupes allemandes. Située le long des Apennins, dans le nord de la péninsule, elle avait pour but de stopper la progression des armées alliées du général Alexander.

L’opération Olive est la plus grande bataille de la campagne d’Italie, tant au niveau du matériel engagé de part et d’autre, qu’à celui des troupes. Plus de 1 200 000 hommes y participèrent.


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