Magazine Cinéma

La merditude des choses - 7,5/10

Par Aelezig

z25

Un film de Felix Van Groeningen (2009 - Belgique, Pays-Bas) avec Koen De Graeve, Kenneth Vanbaeden, Valentijn Dhaenens

Flippant, réaliste, émouvant.

L'histoire : Années 80. Gunther, treize ans, vit dans une maison misérable, dans un quartier pauvre, avec sa grand-mère, son père (sa femme l'a quitté, lui laissant l'enfant), et ses trois oncles célibataires. C'est sordide mais ils ne le savent pas, ils ne connaissent que ça, et ils sont fiers de leur famille. Le chômage, les petits boulots nuls, les beuveries sans fin, les fins de nuit difficiles entre bagarres, semi coma et vomi... Le directeur de l'école, effaré par l'environnement du garçon et ses conséquences sur sa scolarité, lui proposer de rester en internat. Mais Gunther ne veut pas quitter son cocon familial.

z26

Mon avis : Drôle de film. C'est infiniment tragique, glauque, trash, repoussant, et puis il y a des fulgurances de tendresse. On pense à tout ces gens qu'on méprise un peu, parce qu'ils n'ont aucune éducation, qu'ils sont vulgaires, ivrognes, sales et puis, grâce à des films comme ça, on se dit que parmi eux grandissent des petits Gunther qui, en dépit de tout, aiment leur famille et font ce qu'ils peuvent pour s'en sortir. C'est un film sur le destin, celui qui vous fait naître dans une banlieue pourrie ou dans un hôtel particulier du XVIe à Paris. Sur la chance aussi : avoir du talent et être reconnu. C'est la partie optimiste de l'histoire mais hélas... la moins crédible. Pour un Günther qui s'en sort, combien finiront comme son grand-père, son père, ses oncles ?

C'est touchant en tous cas. On se prendrait presque à rire nous aussi de ces blagues d'alcooliques et de ces chansons paillardes ! Il faut dire que l'interprétation est bluffante, à commencer par le jeune garçon, toujours sur le fil du rasoir entre rage contenue et indulgence affectueuse pour sa famille hors normes. On pense sans cesse à la chanson de Jacques Brel, Ces gens-là.

La réalisation est un peu bizarre, par contre. Au début, je pensais qu'on ne serait qu'en aspect narratif : une voix off nous raconte l'histoire au fur et à mesure qu'elle se déroule, bien que l'on comprenne très vite que c'est le Gunther adulte qui parle. Puis soudain, un peu comme un cheveu sur la soupe, on le voit dans le "futur" à gérer ses problèmes. Puis retour dans le passé. Puis les scènes avec Gunther adulte se font plus longues et plus fréquentes. Mais ce découpage est un peu confus et m'a parfois gênée. Comme ces quelques séquences, très courtes, en noir et blanc. Pourquoi donc ? Mais, arrivés à la fin, on se dit que finalement tout tient debout, c'est le principal.

z27

Un film intéressant, sur la société d'aujourd'hui, un film un peu bancal mais criant de vérité et de hargne. J'ai bien aimé, sans réussir vraiment à expliquer le pourquoi du comment. C'est le cinéma belge, finalement. Un charme indéfinissable. Du réalisme à l'italienne, mais noyé de bière et de brume.

Les critiques furent excellentes, à part quelques rares isolés qui ont trouvé le film artificiel et consensuel. Ah bon.

La merditude des choses est adapté d'un récit autobiographique de Dimitri Verhulst, sorti en 2006, qui a fait grand bruit en Belgique flamande et aux Pays-Bas.

Un film à découvrir, donc. Et un réalisateur à suivre (je vous conseille son magnifique Alabama Monroe).


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Aelezig 127315 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines