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Les classes moyennes rêvent «d’un coup d’Etat citoyen»

Publié le 06 mai 2015 par Blanchemanche
#citoyenneté
AU RAPPORT

Une agence du groupe Publicis a interrogé 190 Français des classes moyennes. «Libération» a eu accès à cette étude qui met en lumière trois «dissonances» majeures.

A deux ans de l'élection présidentielle, 190 Français des classes moyennes ont participé à l'étude de FreeThinking, agence de Publicis.

A deux ans de l'élection présidentielle, 190 Français des classes moyennes ont participé à l'étude de FreeThinking, agence de Publicis. (Photo Thierry Zoccolan. AFP)


Mettre des mots sur les maux des classes moyennes. «Leurs mots sur leurs opinions, sur leurs sentiments», précisent Véronique Langlois et Xavier Charpentier. A la tête de FreeThinking, «le laboratoire de tendances et d’études qualicollaboratives» du groupe Publicis, ils s’apprêtent à publier «Dissonances. Quand les classes moyennes parlent de la France d’après le 11 janvier, deux ans avant 2017», une étude qu’ils ont menée durant deux semaines pendant la campagne des départementales, auprès de 190 Français des classes moyennes âgés de 18 à 65 ans (1) – et dont Libération a obtenu la primeur (lire le document ci-dessous). S’appuyant sur les 1 220 contributions récoltées en ligne, Véronique Langlois souligne que s’en dégage «une vision âpre et sans concession de la réalité». Et une grande frustration après un scrutin départemental où les électeurs ont jugé leur choix contraint entre «contenir» le FN ou «punir» le gouvernement.L’étude de Publicis pointe trois «dissonances» majeures, dont «l’intensité» a surpris ses auteurs. La première : «Entre ce que ces Français vivent – une aggravation de la situation de précarité et une France qui continue de glisser dangereusement, d’une façon que certains jugent désormais irréversible – et le discours ambiant autour de la reprise économique qui serait là mais qu’ils ne ressentent pas.» Autre fossé : «Entre la gravité des citoyens et le manque de sérieux des élites, avec un débat politique sans projets et concentré sur quelques personnalités dans la perspective de 2017», regrettent-ils selon Véronique Langlois. Elle évoque aussi le«sentiment d’un déni de démocratie chez des Français qui considèrent que les élus ne remplissent pas le mandat pour lequel ils ont été élus et, même, qu’ils sont carrément des obstacles aux changements urgents que la situation exige».

«DOUBLE FRAGMENTATION»

Cocktail a priori détonnant quand ces mêmes Français des classes moyennes s’inquiètent d’une «double fragmentation de la société, note Publicis, avec une France assistée contre une France qui se bat et une France communautarisée face à une France universelle». Mais «là où on a vu une dissonance plutôt positive, précise Xavier Charpentier, c’est dans la façon qu’ont ces Français d’envisager l’avenir ensemble, de réaffirmer que nous sommes une nation où l’unité dépasse les risques de tensions communautaires». Et Véronique Langlois d’ajouter : «Mais ils disent qu’à un moment donné, il faut un projet qui rassemble les Français au-delà du religieux et du politique.» Et ils n’en voient pas la couleur.Troisième décalage identifié : «Ces Français ont cru que la manifestation du 11 janvier pouvait, allait changer les choses, marquer un sursaut, leur donner l’occasion de se rassembler derrière un leadership, mais ils n’ont rien vu arriver et, pour la première fois aussi clairement sur notre plateforme, expriment le rêve d’un coup d’Etat citoyen et républicain», met en garde Véronique Langlois. «Les Français que nous avons interrogés ont bien sûr été très marqués, très ébranlés par les événements du mois de janvier et la manifestation du 11 a eu sur eux un effet très notable, poursuit Xavier Charpentier. Mais aujourd’hui, cette France moyenne considère que si elle a fait sa part du travail en descendant massivement dans la rue, la classe politique, la classe dirigeante, n’en a, elle, rien fait de concret.»(1) Revenu foyer net mensuel de 1 800 à 2 400 euros pour une personne seule et de 2 400 à 5 000 euros pour un couple. 20% de 18-25 ans, 85% d’actifs (73% du privé, 27% du public), 5% de retraités et 10% d’étudiants.«Dissonances. Quand les classes moyennes parlent de la France d’après le 11 janvier, 2 ans avant 2017» publié par Liberation.fr
«Dissonances. Quand les classes moyennes parlent de la France d’après le 11 janvier, 2 ans avant 2017» publié par Liberation.fr
Jonathan BOUCHET-PETERSENJONATHAN BOUCHET-PETERSEN5 MAI 2015 À http://www.liberation.fr/politiques/2015/05/05/les-classes-moyennes-revent-d-un-coup-d-etat-citoyen_1291326

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