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Démission du gouvernement au Chili : le séisme politique de Michelle Bachelet

Publié le 07 mai 2015 par Anthony Quindroit @chilietcarnets
Michelle Bachelet sur le plateau de l'émission “¿Qué le pasa a Chile?” de Canal 13 durant laquelle elle a annoncé demander la démission de son gouvernement (photo Gobierno de Chile)

Michelle Bachelet sur le plateau de l’émission “¿Qué le pasa a Chile?” de Canal 13 durant laquelle elle a annoncé demander la démission de son gouvernement (photo Gobierno de Chile)

Le 11 mars 2010, Michelle Bachelet quittait la Moneda – le palais présidentiel au Chili – avec plus de 80% d’opinions favorables. Quelques années après, lorsqu’elle annonce sa candidature à un nouveau mandat présidentiel, les jeux sont déjà pratiquement faits : impossible que l’ancienne présidente ne soit pas élue. Les primaires à gauche l’ont choisie avec près de 75% des suffrages. Au premier tour de la présidentielle, elle passe à côté d’une élection directe avec 46,67% des voix. Sans suspens, elle décroche l’écharpe tricolore au second tour avec un score confortable de 62,16% des suffrages.
Bref, rien ne semblait pouvoir troubler la lune de miel entre Michelle Bachelet et les Chiliens. Rien. Ni les manifestations des étudiants, qui ont commencé durant son mandat et ont gagné en intensité durant celui de Sebastián Piñera, ni les polémiques autour de la reconstruction post-séisme et tsunami… Rien.
Sauf des cadavres dans le placard. Et ces derniers sont sortis de la penderie.
Le premier scandale a le visage du fils de la présidente, Sebastian Davalos. Avec sa compagne, Natalia Compagnon, il est accusé de trafic d’influence pour avoir solliciter un énorme prêt immobilier en pleine campagne présidentielle afin de réaliser de juteux investissements immobiliers. Une spéculation qui passe mal au vu du calendrier, le fils étant accusé d’avoir usé du poids politique de sa mère pour faire débloquer les fonds.
Le second scandale se penche sur une probable fraude fiscale et un possible financement illégal de campagnes électorales. Certes le nom de Michelle Bachelet n’apparaît pas dans les dossiers et c’est d’abord la droite chilienne qui est visée dans cette dernière affaire. Mais des membres de l’équipe de la présidente semblent être mouillés.
Michelle Bachelet a bien tenté de reprendre la main, promettant de nouvelles mesures anti-corruption et un plan de transparence de la vie politique, sans oublier la plus grande fermeté face aux fraudeurs.
Elle a également annoncé une réforme de la constitution dès septembre, un dossier ô combien sensible au Chili puisque le texte en vigueur date de l’ère Pinochet.
En vain. La cote de popularité de la président autrefois adulée n’a eu de cesse de s’effriter, tombant à peine à 30% d’opinions favorables.
Ces scandales en série ont donc crée la surprise mercredi 6 mai au Chili : Michelle Bachelet a exigé la démission en bloc de son gouvernement. Une annonce imprévue sur la chaîne Tele13.

  • « Je me donne 72 heure pour dire qui part et qui reste », précise la présidente.
Ce jeudi 7 mai 2015, la liste des ministres en poste n'avait pas encore changé

Ce jeudi 7 mai 2015, la liste des ministres en poste n’avait pas encore changé

Pourquoi maintenant et pas plus tôt ? La tourmente a démarré il y a de cela plusieurs semaines maintenant… Pour Michelle Bachelet, la réponse est simple : inondations apocalyptiques dans le nord du pays, éruptions volcaniques inquiétantes dans le sud… Il fallait d’abord gérer les catastrophes naturelles avant de générer un séisme politique.

Cette annonce a été plutôt bien prise à gauche, tant au Parti socialiste que chez les chrétiens-démocrates. Il faut dire que des postes clefs sont à nouveau sur le marché et certains doivent lorgner quelques cabinets ministériels.
Reste maintenant à attendre la composition du nouveau gouvernement. Et à voir si cette stratégie sera gagnant pour la Moneda. La présidente Bachelet n’en est qu’à quatorze mois de mandat sur quatre ans.


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