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Vivre Ingrid Betancourt !

Publié le 06 avril 2008 par Decrauze
Plus de six ans d’enfermement dans l’enfer kaki des FARC. Criminelle, Ingrid Betancourt Pulecio ? Selon la qualification pénale française de la durée de la peine imposée : oui… ou récidiviste invétérée.
Admirable femme qui se meurt de trop de dignité, d’une débordante humanité, d’une fidélité à ses convictions.
Jusqu’à ce 2 février 2002, une douceur de vie à l’irrésistible ascension : entre les bureaux ministériels de Colombie et le prestige parisien de l’Unesco, l’enfance se nourrit du sens de l’autre et favorise la noblesse politique.
Aiguiser sa maîtrise des idées au sein du bouillonnant IEP, là où elle entendra résonner le timbre du chevaleresque, et alors professeur en exercice, de Villepin. S’enrichir des multiples doctrines, des parcours heurtés ou fugitifs, des talents épanouis pour affirmer sa volonté de changer son pays pour qu’il tende vers ce que l’on croit bon pour lui. Voilà l’élan pour la Colombie de cette femme lumineuse. L’engagement politique par le suffrage des urnes : jauger les arcanes de l’exécutif puis tester sa légitimité par la conquête du législatif. Insolente réussite, sans doute, mais qui aurait tant apporté à ce pays en lutte interne si de pseudo révolutionnaires, d’authentiques criminels, n’avaient brisé cet envol.
Dix ans pour son parti Oxigeno Verde, orphelin pour plus de la moitié de son existence. La voie vers la présidence colombienne a violemment bifurqué vers les rives barbares.
Sa résistance première s’est faite sur cette route de Florencia à San Vicente del Caguan, implacable piège. On lui refuse les airs, elle s’obstine à rejoindre son objectif par les terres, si truffées de guérilléros puissent-elles être. Ne pas entacher sa campagne présidentielle par un renoncement en rase contrée. La lumineuse résistante est toute entière dans cet acte : plutôt entravée debout que libre courbée.
Mais, aujourd’hui, les affres puis la mort seraient la seule libération possible ? Atroce épilogue pour un être qui pourraît tant insuffler à son pays… Impossible de s’y résoudre. Lignes passionnées pour espérer une renaissance. Trop de tentatives avortées, de démarches à l’aveugle, d’initiatives éperdues pour ne pas croire encore, et plus que jamais, à sa résurrection au sein des siens.
Que ceux qui la retiennent, elle comme des milliers d’autres otages à ne pas oublier, aient bien conscience du terrible poids d’une universelle condamnation si elle devait expirer sous leur joug.
Dans La mort est mon métier, de Robert Merle, le futur maître du camp d’Auschwitz, alors simple ouvrier en usine, assène son postulat de vie : « On me confie une tâche, et mon devoir est de la faire bien, et à fond. » Il est temps pour eux, aujourd’hui, d'abandonner leur mission, de ne plus être ces barbares consciencieux pour embrasser leur devoir d’humanité.

A Ingrid Betancourt, sans retenue !


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