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Le Salaire de la Peur (En route vers la mort...)

Publié le 11 mai 2015 par Olivier Walmacq

salaire de la peur

genre: action, drame
année: 1953
durée: 2h11

l'histoire: Quatre hommes acceptent de véhiculer, au péril de leur vie, un chargement de nitroglycérine sur cinq cents kilomètres de routes défoncées. L'énorme prime de ce "quitte ou double" périlleux est le seul moyen de quitter le village d'Amérique centrale dans lequel ils ont échoué.  

La critique :

Inutile de le préciser (mais je vais le faire quand même !), mais Le Salaire de la Peur, réalisé par Henri Georges-Clouzot en 1953, est évidemment l'adaptation d'un roman éponyme de Georges Arnaud. Scénariste, dialoguiste, producteur et réalisateur, Henri Georges-Clouzot fait partie des grands noms du cinéma français. On lui doit en effet Le Corbeau, L'Assassin habite au 21, Quai des Orfèvres, Manon ou encore Les Diaboliques. Au niveau de la distribution, Le Salaire de la Peur réunit Yves Montand, Charles Vanel, Folco Lulli, Peter van Eyck et Véra Clouzot.
A l'origine, le rôle de Jo, finalement interprété par Charles Vanel, devait être attribué à Jean Gabin.

Mais l'acteur déclinera l'invitation, craignant que ce rôle d'homme lâche entache sa carrière au cinéma. Ce choix est assez regrettable. Premièrement, on aurait aimé voir Jean Gabin dans un registre totalement différent. Ensuite, cela aurait aussi permis à l'acteur de diversifier le personnage qu'il s'est construit au fil de sa carrière. Certains fans d'Henri Georges-Clouzot considèrent Le Salaire de la Peur comme le sommet du cinéaste. C'est en tout cas un excellent film à ranger aux côtés d'autres chefs d'oeuvre du réalisateur, notamment Le Corbeau et Les Diaboliques.
Pour la petite anecdote, Le Salaire de la Peur reste l'un des seuls films du cinéma à avoir remporté la même année la Palme d'Or au Festival de Cannes et l'Ours d'or au festival de Berlin.

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Indéniablement, Henri Georges-Clouzot aime les films noirs et les personnages cyniques, brutaux et uniquement attirés par l'appât du gain. Au même titre que Le Corbeau et Les Diaboliques (que j'ai déjà cités), Le Salaire de la Peur brosse lui aussi un portrait au vitriol sur les tréfonds de l'âme humaine, mais j'y reviendrai... Attention, SPOILERS !
Amérique du Sud, 1952. Après diverses péripéties, un groupe d'Européens déracinés a échoué à Las Piedras, bourgade écrasée de chaleur où règnent corruption, misère et ennui. Un gigantesque incendie ravage un puits de pétrole, unique source de richesses. Bill O'Brien, gérant de la compagnie américaine exploitante, la SOC - Southern Oil Company, décide de faire transporter, jusqu'au lieu du sinistre, 400 kilos de nitroglycérine dont l'explosion doit éteindre le brasier.

Un convoi de deux camions est organisé, il faut trouver des chauffeurs aguerris. La somme promise en cas de succès (2 000 dollars par personne) offre une chance inespérée de refaire sa vie loin de cet endroit sans avenir. À l'issue d'un examen de conduite, quatre des Européens sont engagés pour faire équipe en duo : deux Français, Mario et Jo, et deux étrangers, Luigi et Bimba.
Mario est un séducteur désœuvré, d'origine corse, qui flirte sans conviction avec la fragile Linda, une serveuse de bar éprise de lui ; Jo est un caïd sur le retour, tout juste débarqué de Paris où il a échappé 
in extremis à la police. Luigi est un brave cimentier calabrais, aux poumons rongés de silicose ; Bimba un allemand taciturne, distingué mais résolu.

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Jo a été exclu d'emblée par O'Brien, qui le trouve trop âgé : les deux hommes se connaissent pour avoir, jadis, trempé ensemble dans des affaires louches. Mais au dernier moment, Jo remplace le quatrième chauffeur, Smerloff, dans des conditions troubles. D'une durée de deux heures et 21 minutes, le film prend son temps pour présenter ses différents personnages.
A ce titre, la première heure du film est d'une lenteur presque lénifiante. Pourtant, la tension va monter crescendo, surtout lorsque nos héros débarquent dans leurs camions qui les mènent tout droit vers la mort, tout du moins, vers un destin funeste et sans aucun espoir de retour.

A partir de là, Le Salaire de la Peur oscille entre plusieurs genres : le drame humain, le road movie et le film d'action. Une fois sur la route, Henri Georges-Clouzot ne relache plus la pression sur le spectateur et surtout, sur ses personnages. Ce convoi de la mort n'a rien d'un voyage ordinaire. Plus que jamais, ce périple prend les allures d'une route initiatique, une sorte de fatum inexorable, où chaque protagoniste va être amené à dévoiler son véritable visage.
Bien triste portrait de l'âme humaine... Henri Georges-Clouzot signe aussi plusieurs séquences d'anthologie, notamment l'accident mortel de Jo... Je n'en dis pas plus... Dans son genre, Le Salaire de la Peur reste tout simplement une référence et un grand classique du cinéma français. Il inspirera par la suite bon nombre de road movies, notamment le remake de William Friedkin, Le Convoi de la Peur.

Note: 17.5/20

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