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Jan Kounen, cinéaste hallucinant

Par Cineblogywood @Cineblogywood
Jan Kounen, cinéaste hallucinantArtistes : Depuis Blueberry L'Expérience Interdite, on sait que Jan Kounen est passionné par le chamanisme. Il aborde justement cette question dans un ouvrage collectif passionnant : Plantes et Chamanisme (Mama Editions).
L'ouvrage est construit autour d'une conversation à bâtons rompus entre le cinéaste, l'écrivain Vincent Ravalec et l'anthropologue Jeremy Narby. Chacun revient sur son expérience perso du chamanisme et des plantes hallucinogènes (ayahuasca en Amazonie, iboga en Afrique) qui accompagnent ces séances.Comme au cinémaKounen compare une session de chamanisme (c'est-à-dire de médecine traditionnelle indigène) à un film : tu passes à travers une multitude de sentiments, très forts, mais à la fin, tu dois en ressortir mieux. Selon lui, c'est justement parce que Gaspar Noé a passé dix jours de sessions hallucinogènes au Pérou qu'il a raconté Irréversible à l'envers : "(...) cette histoire finit par l'amour, et donc laisse quand même le sentiment de l'amour à la fin".Sur Blueberry, Kounen explique être revenu d'un séjour chez les Shipibo, au Pérou, et avoir dit "texto" aux producteurs du film : " 'Ariel [Zeitoun], Thomas [Langman], ça va être très bien ! Dans mes bras ! Oublions l'idée de faire un film ; il faut que vous veniez avec moi en Amazonie. On fera un film dans quelques années peut-être. Il y a des choses plus importantes que de faire du cinéma !' Ce qui a empêché mes producteurs de dormir pendant plusieurs semaines. Mais on a fini par faire un film, parce que j'ai changé d'avis quelques semaines après (...)" On comprend pourquoi le cinéaste a alors été catalogué comme illuminé, voire irresponsable.Comme Richard DreyfussCette expérience du chamanisme l'a tellement chamboulé et l'a tellement fasciné qu'il en était devenu extatique. Au risque de passer pour un cinglé. "J'étais comme Richard Dreyfuss dans Rencontre du troisième type", explique-t-il dans le livre. Ses extra-terrestres, c'était les chamanes d'Amazonie. Lui "qui était obsessionnel sur le cinéma, qui vivait, mangeait et chiait du cinéma" (se torchait-il avec Les Cahiers du Cinéma comme Romain Duris dans Dobermann ?), il a pris conscience, grâce à l'ayahuasca, "qu'il y avait autre chose (...) comme rencontrer des gens, voyager..." Mais, reconnaît Kounen, "ça fait très peur chez nous, quelqu'un qui change radicalement parce qu'il a pris on ne sait trop quelle drogue avec un sorcier au fond de la jungle".On a failli le perdre, Kounen. Et cela aurait été dommage car qu'on aime (comme moi) ou non ses films, c'est bien d'avoir un cinéaste aussi inventif en France. Heureusement, le succès de 99 Francs l'a remis sur les rails. Bref, je vous recommande chaudement la lecture de Plantes et chamanisme : au départ, je n'étais pas particulièrement intéressé par le sujet mais Kounen et ses deux compères m'ont fait découvrir un monde fascinant. Jan Kounen en parle d'ailleurs très bien dans un entretien filmé par LCI.fr. Enjoy !Anderton

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