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La nouvelle génération du jazz azerbaïdjanais en concert à l'UNESCO

Publié le 14 mai 2015 par Assurbanipal

Nouvelle génération du Jazz azerbaïdjanais.

Paris. Mercredi 13 mai 2015. 19h.

Shahin Novrasli: piano, compositions, arrangements

Arslan Novrasli: tar (instrument à cordes d'Azerbaïdjan)

Nourlan Novrasli: kamantcha (instrument à cordes d'Azerbaïdjan)

Nathan Peck: contrebasse

Ari Hoenig: batterie

Les spectateurs de ce concert disposaient d'un programme comme dans les concerts classiques.

Le voici:

- Nocturne pour Natavan (Shahin Novrasli)

- Kor Arabin Mahnisi (La chanson d'un Arabe aveugle). Musique de Fikrat Amirov arrangée par Chain Novrasli.

- Les Mille et Une Nuits (Shahin Novrasli)

- Prélude en mi mineur. Musique de Frédéric Chopin arrangée par Shahin Novrasli

- Mémoires. Musique de Vagif Moustafazadeh arrangée par Shahin Novrasli

- Baghda Girdim Uzuma (Je suis entré dans le jardin pour chercher des raisins). Chanson floklorique azerbaïdjanaise arrangée par Shahin Novrasli.

- Alinda Sazin Gourbani (La chanson sur un ashig). Chanson floklorique azerbaïdjanaise arrangée par Shahin Novrasli.

- Fir & Giz (Shahin Novrasli).

Le trio de Shahin Novrasli pour commencer. Un schéma classique piano/contrebasse/batterie, 1/3 Azerbaïdjanais et 2/3 Américain. Une petite mélodie indépendante revient régulièrement. La flamme du Jazz circule bien. Ca swingue même énergiquement. Le pianiste danse avec son piano comme Keith Jarrett mais il est bien plus intéressant. Sa formation classique s'entend tant dans son jeu que dans la façon de construire sa musique. Solo de contrebasse, breaks de batterie. Tout cela ressemble à du Jazz habituel, de qualité certes.

Arrivent alors les deux instrumentistes à cordes azerbaïdjanais. Sont-ils frères ou cousins du pianiste? Tout de suite, ça sonne oriental. Ari Hoenig adapte son jeu pour faire sonner ses tambours. La musique nous emmène en voyage, loin vers l'Est. Le son du piano a changé lui aussi. Seule la contrebasse maintient sa pulsation habituelle. C'est le point de contact au sol de la toupie qu'est devenue la musique. Ari Hoenig joue " Les tambours de la pluie " ( Ismaël Kadaré).

Intro au piano. Tempo rapide repris la basse et la batterie. C'est la cavalcade des chevaux dans la steppe. Retour au Jazz en trio. Dialogue entre contrebasse et batterie ponctué par le piano. De la dentelle. Nous avons quitté Bakou pour New York sans avoir bougé de Paris. Break de batterie d'Ari Hoenig et la cavalcade dans la steppe reprend.

Je reconnais Chopin. Un prélude romantique devient une ballade de Jazz. Contrebasse et batterie rejoignent le piano. Tout en respectant la mélodie, Shani Novrasli y insère des petites cellules rythmiques, propres au Jazz, avec un goût très sûr. La grâce, l'émotion, la légèreté de Chopin sont là avec un supplément de swing.

Retour du tar et du kamantcha. Ils entament un air plaintif. Le pianiste ponctue délicatement avec des notes perlées. Musique élégiaque, un peu trop à mon goût. Le tar et le kamantcha ajoutent de l'épique à la musique. Le quintette repart chevaucher dans la steppe.

Introduction par le tar et le kamantcha. Ca grince fermement. La rythmique pulse comme un orage derrière. Retour à une ballade très calme avec un son proche de la balalaïka. Lorsque le trio joue, c'est une pure ballade de Jazz avec le solo de contrebasse, le batteur qui malaxe ses tambours aux balais. Retour vers l'Orient avec les instruments traditionnels azerbaïdjanais. Cette musique est un balancement Est-Ouest permanent, sachant que depuis l'Azerbaïdjan, pour aller en Amérique, il faut aller vers l'Est et l'Océan Pacifique. C'est une vraie suite. Dialogue piano/batterie, entre légèreté et gravité. Puis le pianiste joue ostinato main gauche avec des modes orientaux de la main droite. La pulsation de la basse et de la batterie s'y ajoutant, c'est envoûtant. Accélération progressive à 5 puis cela redescend sans arrêt préalable à une apogée. Fin en ballade Jazz.

Morceau rapide qui sonne vraiment oriental. Cela sonne comme une musique de mariage tant c'est festif, joyeux. Envol final.

Ovation de la salle debout.

RAPPEL pour lequel je ne suis pas resté, je l'avoue.

Le Jazz azerbaïdjanais est né dans les années 1920 autour des installations pétrolières de Bakou. Il se distingue depuis lors par son usage de ses instruments traditionnels, son mélange réussi entre sa musique populaire traditionnelle et les sons et les rythmes américains qui eux mêmes viennent d'Afrique et d'Europe. Bref, c'est une musique métisse, toujours d'actualité, comme le prouve Shahin Novrasli. Il n'est pas seul. Le père du jazz-mougham azerbaïdjanais est Vagif Mustafa Zadeh (1940-1979) dont la fille Aziza (1969) est pianiste de Jazz.

Puisque l'UNESCO promeut chaque 30 avril une Journée internationale du Jazz pour promouvoir la paix, la démocratie et la liberté d'expression, lisons le rapport du 21 avril 2015 de la Fédération internationale des droits de l'homme sur l'Azerbaïdjan. Rien à ajouter.


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