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Brian Wood – Northlanders, Le livre européen (Tome 3)

Par Yvantilleuil

Brian Wood - Northlanders, Le livre européen (Tome 3)Northlanders est une série imaginée par Brian Wood (DMZ), qui rend hommage aux vikings. Si dans l’imaginaire collectif ceux-ci sont représentés comme des guerriers scandinaves sanguinaires et barbares qui pillent pour le plaisir, Briand Wood tenait à proposer une vision quelque peu différente de celle véhiculée par les écrits des moines chrétiens, principales victimes de ces incursions normandes. L’auteur ne dépeint certes pas des enfants de chœur, mais il tente tout de même de tenir compte des us et coutumes de ce peuple afin de proposer le point de vue de différents personnages, allant d’un forgeron norvégien qui voit l’arrivée du Christianisme d’un très mauvais œil à un guerrier danois bien décidé à prendre la ville de Paris.

Si Panini avait déjà sorti deux albums souples contenant les huit premiers épisodes de cette saga composée de cinquante numéros, publiés chez Vertigo entre 2008 et 2012, Urban Comics a la bonne idée de publier l’intégralité de cette œuvre d’envergure en seulement trois volumes. En choisissant de regrouper les récits par zone géographique et en respectant l’ordre chronologique, l’éditeur chamboule totalement l’ordre de parution original. Ce troisième tome entièrement consacré aux aventures se déroulant sur les terres Européennes oppose les célèbres guerriers du nord à des ennemis redoutables : la foi chrétienne et la Peste !

Notons finalement que, si cette troisième brique reprend les numéros #17, #21-28, #30-34 et #37-40, les deux autres tomes s’attaquent respectivement aux contrées anglo-saxonnes et à l’Islande. Ce tome qui regroupe les récits européens de la saga est ainsi composé de cinq arcs principaux :

I. L’Art Viking du Combat Singulier (#17) : montre l’affrontement de deux champions qui représentent leurs seigneurs respectifs dans une querelle tellement ancienne que son origine en devient nébuleuse. Si cet épisode s’avère assez anecdotique, notamment dû à l’aspect dérisoire de l’affrontement en question, la représentation visuelle de Vasilis Lolos est plutôt réussie. Le décalage entre le dynamisme de ces planches violentes qui décrivent la combat et le texte qui sert surtout à expliquer comment les deux guerriers se sont retrouvés là, fonctionne également assez bien.

« Thor vous frappera depuis le ciel, comme un gros connard prétentieux, alors que Loki se faufilera derrière vous pendant que vous contez fleurette à une pucelle et vous découpera un rein avec une truelle. »

II. Métal (#30 à #34) : se déroule en Norvège, en 700, et invite à suivre les pas d’un forgeron qui n’accepte pas l’arrivée des chrétiens et la construction de leur église dans son village. Motivé par les apparitions de la déesse Hulda, le grand costaud va non seulement se débarrasser de l’envahisseur local, mais également se lancer dans une croisade à travers le pays, bien décidé à exterminer le péril chrétien partout où il le croise. En intégrant une albinos aux dons d’herboriste au périple sanglant d’Erik le forgeron, l’auteur propose une sorte de version viking de Bonnie et Clyde, qui fonctionne plutôt bien. Par contre, il fait également intervenir un élément surnaturel qui gagne en importance au fil du récit et qui a fini par me déranger. Visuellement, Riccardo Burchielli livre de l’excellent boulot, même s’il éprouve également des difficultés à intégrer les hallucinations d’Erik de manière crédible dans ses planches.

III. Le Siège de Paris (#37 à #39) : se déroule en 885 et suit le siège de la ville de Paris par 30.000 guerriers. Brian Wood se concentre sur un individu en particulier, qui refuse de capituler face à quelques centaines d’archers qui rendent cette tour imprenable. Malgré la longueur et le côté répétitif de ce siège, l’auteur parvient à rendre le récit intéressant en se focalisant sur l’aspect personnel de cet affrontement et sur la détermination inébranlable du personnage central. De son côté, Simon Gane soigne parfaitement la représentation visuelle de ce récit aux allures historiques, notamment au niveau des tenues et des armes.

IV. La Chasse (#40) : ce deuxième récit anecdotique de l’album se déroule en Suède, vers l’an 1.000, et invite à suivre un homme qui traque inlassablement un cerf à travers des bois enneigés. Cette poursuite illustrée par Matthew Woodson permet de partager les pensées du chasseur, de découvrir son passé et de comprendre pourquoi il ne peut se résoudre à abandonner cette proie, comme si celle-ci était devenue sa seule raison de vivre.

V. La Veuve et la Peste (#21 à #28): se déroule dans un village frappé par la Peste, sur les bords de la Volga en l’an 1.020. L’épidémie qui menace ce comptoir marchand incite les villageois à expulser ses malades et à s’isoler du reste du monde. Ce récit illustré par Leandro Fernandez, qui invite à découvrir le sort de la femme d’un notable du village qui vient de décéder de la maladie, est pour moi le meilleur de l’album. Outre des personnages hauts en couleurs, tels que Boris, le prêtre qui est à l’origine de cette vie en autarcie, ou Gunborg, un marchand aux méthodes musclées qui s’oppose fermement à ces mesures qui menacent son business, Brian Wood aborde des thèmes intéressants, notamment le rôle de la femme au sein de cette communauté dirigée par des hommes forts et charismatiques, mais également la place de la religion et de l’économie dans la vie des vikings, réflexion particulièrement intéressante en période de crise. Le sort de Hilda et de sa fille lors de ce terrible hiver nous tient en haleine de la première à la dernière page, tout comme la lutte de pouvoir qui sévit au sein du village.

En se basant sur un contexte historique d’une grande richesse, Brian Wood parvient à donner vie à une galerie de personnages hauts en couleurs et terriblement humains, qui permettent de rendre hommage aux guerriers scandinaves et à leurs traditions, tout en proposant des angles de vue différents. Si les artistes qui se succèdent au dessin ont tous un style assez différent , ils contribuent néanmoins tous à restituer l’austérité et la rudesse de l’environnement. Saluons également le travail de Doug McCaig, qui signe la colorisation de cet album et s’adapte avec brio aux différents artistes. Notons finalement la présence des superbes couvertures de Massimo Carnevale.

Encore un excellent tome, que vous pouvez retrouver dans mon Top comics de l’année !


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