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[CANNES 2015] Mon Roi : le portrait d’un couple fracturé, par Maïwenn

Publié le 18 mai 2015 par Tempscritiques @tournezcoupez

Après Polisse, qui avait secoué Cannes en 2011, Maïwenn revient en compétition sur la Croisette avec Mon Roi, un drame sur le démantèlement d’un couple. Notre avis. 

Mon Roi, de Maïwenn

En haut d’une piste enneigée, elle prend une grande respiration, puis se lance, à toute vitesse. Elle chute. Se fracture le genou, et est admise en centre de rééducation. C’est alors qu’immobilisée, elle fait le point. Sur sa vie. Mais surtout sur son couple. Dans son thème, le film de Maïwenn nous fait étrangement penser à celui de Derek Cianfrance, Blue Valentine, où Ryan Gosling et Michelle Williams se rencontraient, s’aimaient puis se déchiraient. Il en va de même pour les personnages de Mon Roi. Tony (Emmanuelle Bercot) rencontre Georgio (Vincent Cassel). Ils se plaisent, s’apprivoisent, font rapidement et inconsciemment un enfant ensemble. Puis, soudain, c’est la fracture : tout dégringole brusquement. Le caractère de Georgio, instable coureur de jupons, refait surface. Son égoïsme ressort, traduit par son désir de solitude, ou de liberté. Elle, Tony, commence alors à souffrir. Un peu tard, elle réalise l’absence de points communs avec celui qu’elle a aimé, trop rapidement, d’un coup de foudre.

Maïwenn filme l’ambiguïté des sentiments, et leur caractère parfois paradoxal. Tony souffre parce qu’elle aime, et pourtant, elle n’a pas les épaules assez larges pour continuer à endurer l’égocentrisme de son époux, son instabilité, et surtout, son infidélité. Cela la met au pied du mur, et l’oblige à devoir faire un choix : continuer à en pâtir, ou partir. Ils se déchirent alors, s’évitent, se retrouvent à nouveau, se divisent encore. Et au milieu d’eux, au milieu de cette petite guerre conjugale, un enfant grandit.

Comme Polisse l’avait déjà prouvé en 2011, la cinéaste dirige ses acteurs avec justesse. Emmanuelle Bercot développe un personnage touchant et fragile, confrontée au dangereux charme de Vincent Cassel, qui, une fois encore, excelle.  La caméra de Maïwenn ne va jamais plus loin qu’elle ne le devrait. Elle filme le couple dans son intimité, sans pourtant devenir vulgaire, et tomber dans une forme gênante de voyeurisme. Au final, ce sont des émotions qui sont surlignées, et qui sonnent juste. Les craintes sont amplifiées, la violence des sentiments soulignée, et les beaux instants magnifiés. Mon Roi, est donc, sans doute, un très beau portrait de la vie conjugale, qui enveloppe à la fois ses joies et ses peines avec un bel équilibre. On en ressort troublé, et même ému.

Affiche de Mon Roi


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