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Moi je

Publié le 25 mai 2015 par Malesherbes

Notre ancien président, Nicolas Sarkozy, se montre beaucoup plus à l’aise dans la trivialité et la gesticulation qu’il ne l’a été au pouvoir pour combattre le chômage et réduire le déficit de notre pays. Je l’ai récemment aperçu à la télévision, se pâmant d’aise devant les gloussements d’une audience énamourée face à laquelle, avec une rare élégance, il affublait François Hollande du sobriquet de Moi-je. Il semblerait que certains médias aient découvert l'anaphore lors du débat télévisé opposant entre les deux tours les deux candidats à l'élection de 2007, Hollande l'ayant alors abondamment utilisée. La plupart d’entre nous, du moins ceux de ma génération, avaient approché cette figure de style en étudiant chez Corneille les imprécations de Camille :

Rome, l'unique objet de mon ressentiment !

Rome, à qui vientton bras d'immoler mon amant !

Rome qui t'a vu naîtreet que ton coeur adore !

Rome enfin queje hais parce qu'ellet'honore !

Sarkozy est bien le dernier à pouvoir  se gausser de cet usage, lui qui y a maintes et maintes fois recouru, en particulier pendant un discours de campagne prononcé le 10 avril 2007 à Tours, texte auquel je vous ai souvent renvoyés.

Je suis régulièrement scandalisé par le manque de mémoire, ou la partialité, de certains médias, qui ne songent pas à exhumer des archives les éléments qui permettraient de mettre en évidence l’impudence de ce personnage, alors qu’ils n’hésitent jamais à ironiser sur la malencontreuse bravitude de Ségolène Royal, un barbarisme vieux maintenant de huit ans et prononcé devant une assistance non francophone qui n’avait sans doute rien remarqué. Qu’attendent donc tous ces esprits avisés pour décliner à leur tour les héritation, trentagénaire, fatitude, conquérance et péren, prononcés par certain avocat, si expert en vocabulaire et syntaxe françaises ?


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