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La Sépulture en V de Ti (Ty) ar Boudiged, Brennilis 29.

Par Camille Bercot @k_mi29

Me voilà tout près du Bourg de Brennilis, au coeur des Monts d'Arrés, où j'ai le plaisir de découvrir "La maison des fées", ou des "Nains".

Car "Boudig" est traduit du breton par "petit être", le diminutif  "Boud" serait " fée ou nymphe". "Boudiged" en est tout simplement le pluriel. "Ar boudiged" est le nom utilisé également pour les "Lutins" et non les "Korrigans".

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Bref, comme vous le lirez dans les prochaines lignes, cet endroit extraordinaire a suscité de nombreuses curiosités et de jolies croyances devenues légendes.

collection personnelle

Il s'agit en réalité d'une splendide sépulture en V, style architectural qui est la transition entre le Dolmen à couloir et l'Allée Couverte. Ce type de dolmen n'est pas fréquent en Bretagne, d'autres se trouvent à Laniscat (Liscuis I), Concarneau (Keristin), Plovan (Crugou), Treffiagat (Le Reun) et sur l'île de Groix (men Iann), mais également à Lohuec dans les terres (Kernescop).

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Aujourd'hui, un hêtre majestueux se dresse à l'entrée du dolmen comme pour le protéger, l'ensemble paraît presque surnaturel...

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Sa conservation est exceptionnelle quand on pense que sa construction a été datée au Carbone 14 d'entre - 3 400 et - 3 000 ans av JC, ce qui représente le Néolithique Moyen.

La sépulture est longue d'environ 13 m de long, et comporte une ouverture étroite qui s'évase au fur et à mesure que l'on pénètre à l'intérieur (de 1.7m à 3.1m) d'où son nom de sépulture en forme de "V".

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Son entrée donne vers le soleil levant, son exposition est donc Est/Ouest.

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Elle comporte à l'intérieur une sorte de stèle qui pose question, car elle n'ait absolument pas porteuse dans le monument. Il s'agirait soit d'une stèle anthropomorphe comme celles que l'on retrouvent dans les sépultures de l'île de Guenioc (Côte Nord 29)? Ou alors cet orthostate serait un élément rescapé, d'un ancien cloisonnement?

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Elle est encore protégée par son tertre périforme, remarquablement préservé, ce  qui est relativement rare. Celui-ci est toujours présent grâce aux péristalithes qui maintiennent le tertre en place (2 rangées de pierres dressées de chaque côté du dolmen créant un vide comblé par des pierres et de la terre qui recouvrent également le monument) . Certaines de ces pierres levées ont été redressées après les fouilles de Mr Michel Le Goffic.

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Le monument aurait servi de carrière de pierre au Moyen Âge au regard de traces encore présentent dans la pierre.

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Les dalles de couvertures du couloir, auraient elles disparues dès l'Âge de Bronze (des céramiques de cette période ont été découvertes lors de fouilles), peut-être réutilisées pour les sépultures individuelles très nombreuses dans la région.

Le tombeau a été classée le 18 septembre 1995  ce qui est relativement tard, il s'agit peut-être d'une des raisons de sa bonne préservation. Isolée et oubliée, les Monts d'Arrés ont protégé ce chef d'oeuvre d'achitecture.

Cependant ce monument à connu quelques rebondissement de propriétaires depuis la fin de XIX ème siècle, car auparavant le Vicomte de Querret qui habitait à Pont Kerrio, était l'heureux propriétaire des lieux. Celui-ci, effectua des fouilles aux environ de 1868.

Il fit dont des découvertes et du monument à la Société Archéologique du Finistère. Ainsi une borne kilométrique mentionnant que le monument appartenait à la SAF fut installé (comme on le voit sur la carte postale), tel une coiffe sur la tête du monument. Celle-ci fut déplacée par Mr Le Goffic, elle se trouve aujourd'hui au pied de la sépulture.

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Les artefacts découverts par le Vicomte ont malheureusement disparues après l'incendie du musée où ils étaient exposés en 1934.

Depuis les fouilles, le terrain sur lequel se trouve le monument appartient au département du Finistère.

Lors des investigations de 1991, le talus entourant le monument et sensé le protéger a également été arasé. Les travaux des archéologues, lors des sondages et des fouilles autour du site, ont mis en valeur des éclats de silex taillés, quelques pointes de flèches de silex ainsi que des tessons de céramiques de type Seine Oise Marne (décoré de stries horizontales) et des disques de schiste qui seraient peut-être des couvercle de céramiques.

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Exemple de céramiques de type Seine-Oise-Marne (Musée de l'Archéologie de Rennes).

Dans le tertre, a été découverte une poche comportant du charbon de bois qui a permis la datation au Radiocarbone.

Des tessons datant du Chalcolithique ( - 2 500 à - 2 000 av JC),ont été retrouvés sous un péristalithe effondré, fait penser que le monument était déjà abandonné depuis cette période. Les dégradations ont peut-être été faites volontairement à ce moment.

Mr Le Goffic, a cependant le regret de ne pas avoir pu fouiller le champs et le talus mitoyens au monument du côté Nord/Ouest, car après avoir remarqué des dalles affleurantes dans le talus et le champs, il pense qu'une cellule terminale, y serait encore à l'abri. Ce qui voudrait dire qu'une Cella, peut-être gravée et/ou renfermant des artefacts Néolithique y seraient préservés de toutes intrusions depuis 5 000 ans.

Ces espaces restent mystérieux pour tout néolithiciens, qui pour certains pensent qu'il s'agirait d'un espace ouvert d'offrandes, et pour d'autres un lieu d'inhumation clos, de personnes importantes de la tribu. La fouille de ces quelques mètres carrés permettrait certainement de répondre à beaucoup de questions.

Ce mystère donne un goût de frustration mais aussi cette impression, qui me fait tant vibrer, de ne jamais avoir fait le tour d'un endroit tel que celui-ci.

Bien sûr, il existe plusieurs légendes autour de ce monument rempli de magie:

- La première raconte que le lieu est habité par des fées et des lutins, qui à la nuit tombée amènent les visiteurs dans une danse infernale jusqu'au levé du soleil.

- Une autre histoire raconte que lorsqu'un couple sur le point de se marier, s'aventurait dans la petite colline, le jeune homme ne devait pas essayer de profiter de l'endroit pour "goûter" la jeune fille, sinon les korrigans habitant les lieux lui donnaient une énorme correction ....

- Il est dit aussi que les korrigans de Ti ar Boudiged étaient constamment en guerre avec les géants de Mougau Bihan de l'autre côté de la montagne, qui fut crée à cause de l'ammoncellement de pierres qui étaient jetées d'un côté et de l'autre lors de leurs sempiternelles querelles....

Ces histoires résonnent en moi comme des souvenirs d'enfances que l'on s'empêche d'oublier, et me donnent ce goût d' authenticité encore présente dans nos villages des Monts d'Arrées.

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A bientôt pour de nouvelles découvertes...

Sources: 

  • internet
  • http://www.radioevasion.org/tag/archeologie/
  • http://www.t4t35.fr/Megalithes/AfficheSite.aspx?NumSite=6799
  • http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rao_0767-709x_1994_num_11_1_1010

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