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Au cinéma : «Maggie»

Publié le 27 mai 2015 par Masemainecinema @WilliamCinephil

Le cinéma d’épouvante et d’horreur compte de nombreux films, du navet au chef d’œuvre, peu d’entre eux renouvellent le genre. Certains ont même un postulat de départ intéressant, c’est le cas de Maggie. Avec une histoire forte, proche du drame intimiste sous fond d’apocalypse, tout y était pour faire un bon film…

Synopsis : Alors que les États-Unis doivent faire face à une terrible pandémie, le gouvernement impose de placer les malades en quarantaine, destiné à devenir des zombies, totalement retranché du monde. Maggie, 16 ans, découvre à son tour qu’elle est infectée, elle s’enfuit. Son père, Wade Volgel, est prêt à tout pour la protéger, même s’il doit affronter les forces de l’ordre. 

Le postulat de départ de Maggie est suffisamment intrigant pour mériter l’intérêt du spectateur. En effet, il est rare de voir un film avec des zombies, jouer la carte du drame intimiste au cœur d’une famille lambda américaine. Ajoutons que l’un des personnages clés est infecté et que par conséquent, cette famille est d’autant plus chamboulée par le fait de voir Maggie comme un danger potentiel. Tout est audacieux dans l’écriture, mais à l’écran, l’ensemble du récit est creux. Pour cause, aucune émotion ne se dégage de la relation entre le père et sa fille, le film oublie même son sujet principal pour tenter de contextualiser l’univers. Aucun élément ne permet d’accrocher le spectateur. En cause, un univers classique et sans intérêt dans la relation familiale. Pourtant, des thèmes forts se dégagent entre la transformation, le deuil qui s’accomplit petit à petit, tout y est pour attacher le spectateur. Si les possibilités étaient infinies pour rendre le film intéressant, la facilité est souvent engagée pour donner vie à des personnages plats et sans grand intérêt.

Le scénario n’est pas la seule cause de problème au sein du long métrage, au contraire, sa réalisation pêche sur certains points. Celle-ci s’avère trop contemplative, dans un sens, elle tend à montrer un univers proche de l’apocalypse et enchaîne avec une mise en scène très proche des personnages. Ainsi, le tout s’entrechoque entre du classicisme peu audacieux et des plans d’ensemble sublimes. Le film ne fait que tanguer d’un côté et de l’autre du navire sans arriver à trouver le juste milieu. En résulte, un film trop lent qui n’accroche plus et commence à décevoir. Très peu inspiré, on ne retient que quelques séquences, notamment celle de fin. Si celle-ci méritait de subir un meilleur traitement, elle arrive parfaitement à conclure le film. Le montage lui aussi pose quelques problèmes. S’il entre d’abord dans une certaine linéarité afin d’imposer son récit et de le faire progresser, quelques flashbacks viennent morceler le tout. Le spectateur ne sait plus où donner de la tête, d’autant que les retours en arrière sont illisibles, beaucoup trop rapides et peu consistants pour que le spectateur y place une réflexion suffisante sur les événements qui ont conduis Maggie à sa morsure. Il y a de l’idée, mais encore faut-il savoir les mettre en pratique. On a constamment l’impression que chaque combinaison est un échec à chaque fois. De même que l’on pourrait reprocher un étalonnage trop grisâtre, mais c’est le seul élément qui arrive à rendre cohérent tout l’univers du film. Ce teint est l’élément qui montre la présence de l’apocalypse qui règne autour des personnages.

Du côté du jeu de l’acteur, Arnold Schwarzenegger tente de conserver son personnage jusqu’à la fin. Il est le plus touchant de toute la distribution, même si son rôle est majeur et qu’il se contente de faire le boulot. La jeune actrice Abigail Breslin, dans le rôle de Maggie, peine à émouvoir. Certaines séquences sont touchantes, mais on reste un peu sur notre faim quant à son personnage. La faute à un développement précoce des personnages dans le scénario. Le problème vient aussi de rôle secondaire plus stéréotypé, qui aurait gagné en intensité, si le film s’était concentré sur son idée originelle. La bande-son est trop peu présente, au moins, elle ne s’efforce pas de tirer sur la corde pour faire pleurer le spectateur, mais elle n’arrive pas à marquer, même dans des moments de grandes tensions.

En somme, Maggie fait l’effet d’un pétard mouillé. Au lieu d’utiliser tout le potentiel de son scénario, on reste de marbre devant ce drame sous fond d’apocalypse. Les idées sont présentes et se reflètent à l’écran, mais elles ne restent pas suffisamment exploitées pour maintenir le spectateur captif. La réalisation qui tend entre le classicisme et le contemplatif ne suffit pas à faire avancer l’intrigue, au contraire, elle l’a ralenti provoquant des séquences trop longues. Ajoutons au fait que le casting tente de porter le film, mais mis à part Schwarzenegger, on se lasse des nombreuses scènes de vies qui restent portées sur le stéréotype d’une famille américaine banale. Maggie est une coquille vide parsemée d’idée qui aurait gagné en immersion et en émotion si le long-métrage avait réussi à faire le parallèle entre contextualiser son univers et développer la relation entre le père et sa fille.

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Maggie. De Henry Hobson. Avec Arnold Schwarzenegger, Abigail Breslin, Joely Richardson, Laura Cayouette, Denise Williamson, J.D. Evermore, Dana Gourrier, …

Sortie le 27 mai 2015.


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