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Critique Ciné : Ex Machina, intelligence artificielle

Publié le 04 juin 2015 par Delromainzika @cabreakingnews

Ex Machina // De Alex Garland. Avec Domhnall Gleeson, Alicia Vikander et Oscar Isaac.


L’un de mes premiers émois de cinéma est A.I.. Je sais, cela fait de moi quelqu’un de très jeune mais c’est l’un de mes premiers émois vécu au cinéma. J’avais tout juste dix ans dans mes souvenirs et j’étais fasciné par l’idée que l’on puisse créer une intelligence artificielle. près de 15 ans plus tard, on nous parle encore d’intelligence artificielle sans toute la bienveillance que pouvait avoir Steven Spielberg dans son film. Les machines sont maintenant vues comme des menaces, reproduisant le schéma de la chaîne alimentaire. Une fois qu’une espère supérieure est créée, elle va vouloir anéantir la précédente. Ex Machina est, en apparence, un film qui ne paye pas de mine : un bon casting mais pas starisé, une machine de DTV sur fonds verts dégueulasses, etc. En somme, il y avait tout un tas de choses qui pouvaient me donner envie d’y aller la main sur le front en me demandant ce que je fais ça. Mais dès les premières images, Alex Garland démontre qu’il a une vision bien précise des choses qui s’inspire tout de même un peu du cinéma de Danny Boyle, lui qui a écrit Sunshine et 28 jours plus tard. Mais Alex Garland est un visionnage, qui aime raconter des histoires terribles, dystopiques sur les bords (le dernier bon exemple en date : Never Let Me Go).

Caleb, 24 ans, est programmateur de l’une des plus importantes entreprise d’informatique au monde. Lorsqu’il gagne un concours pour passer une semaine dans un lieu retiré en montagne appartenant à Nathan, le PDG solitaire de son entreprise, il découvre qu’il va en fait devoir participer à une étrange et fascinante expérience dans laquelle il devra interagir avec la première intelligence artificielle au monde qui prend la forme d’un superbe robot féminin.

Ex Machina est donc un film de SF, particulièrement bien réalisé qui parvient à mettre en scène les dangers de l’intelligence artificielle. On se retourne perdus au milieu de nulle part avec deux hommes, Nathan le créateur et Caleb un jeune programmeur qui est là pour faire passer une batterie de test à Ava, la fameuse A.I.. Le seul problème c’est qu’en voulant créer l’intelligence parfaite, on ne peut que se heurter à la voir se jouer de notre faiblesse : les émotions. Tout au long de ce film, on est joué de tout le monde, par tous les joueurs qu’il y a sauf Caleb qui est bien évidemment le miroir du spectateur dans la salle qui se pose tout autant de questions que nous. Ce qui me fascine aussi dans ce film c’est cette simplicité qu’il y a à l’écran. Les décors sont beaux, soignés, mais tout est sommaire, très épuisé. Il n’y a rien qui déborde, permettant de plonger dans cet univers froid et sinistre, entre béton armé et baies vitrées donnant sur un vide à perte de vue. C’est aussi un récit qui veut nous permettre de prendre de conscience, comme si Alex Garland avait déjà vécu quelque chose de similaire, comme s’il avait été Caleb et qu’il voulait nous informer de ce que l’on risque.

Certains diront certainement que la fin est probablement l’issue la plus simpliste et donc probablement la plus décevante sauf que c’est une fin logique, qui découle de tout ce que l’on a vu précédemment dans faire dans le film hasardeux. On sent que tout est calculé sans donner l’impression que le film part dans tous les sens. Au contraire, l’issue est d’une logique implacable. C’est en plus d’être un très beau film, un film avec un casting au poil. La première surprise c’est Oscar Isaac, barbu de plusieurs mois et mystérieux sous ces kilos de muscle qu’il a l’air d’avoir pris pour le rôle. Il apparait donc à la fois gentil et particulièrement terrifiant. On ne sait pas ce qu’il cache et c’est presque mieux comme ça afin d’entretenir le mystère du film. Mais Ex Machina c’est aussi Alicia Vikander (Le Septième Fils, A Royal Affair) qui démontre ici une nouvelle étendue de son talent. C’est assez fascinant de la voir incarner Ava. On ne s’attend pas du tout à ce que cela soit si vrai et si robotique à la fois. Elle me rappelle énormément ce que Summer Glau avait fait dans la série Terminator Les Chroniques de Sarah Connor, l’une des humanisations les plus efficaces d’un robot dans une fiction.

Note : 10/10. En bref, rien à redire sur ce magnifique film à la fois terrifiant sur l’avenir, et fascinant sur la loi des espèces.


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