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Titoff, 15 ans de scène, au soleil de Cimiez

Par Rémy Boeringer @eltcherillo

Titoff, 15 ans de scène, au soleil de Cimiez

Depuis quatre ans, sous l’impulsion du député-maire de Nice, Christian Estrosi, se déroule, début juin, une manifestation en l’honneur des rapatriés d’Algérie et des Harkis. Un drôle de festival, il faut dire, intitulé Au soleil des deux rives, mais où ne sont pas conviés les expatriés algériens et où l’élu aux relents xénophobe, confondant régulièrement république laïque et culte catholique, cultive, lors de discours enflammés, un révisionnisme historique nauséabond où il regrette les accords d’Evian, autrement l’indépendance d’un peuple et d’une nation gagnée de hautes luttes. Si les douleurs et les mémoires sont partagés, il faudrait sûrement, cinquante-trois ans après l’indépendance algérienne, faire le deuil des rancœurs et inviter tout le monde à la table conviviale. Le député niçois préfère flatter le pire chez ses administrés.

Hormis les exhortations haineuses du représentant de la République, Au soleil des deux rives, sous les oliviers des Arènes de Cimiez, à la fraîche, avec le concours des associations d’harkis et de rapatriés, s’avère être un moment sympathique où l’on pourra découvrir la richesse d’une culture riche de métissage, entre les chant traditionnels, les danses et bien sur les stands offrant aux badauds, l’étendue de la gastronomie pied-noir. En guise de clôture de la journée était proposé, en spectacle gratuit, le dernier one-man show de Titoff, 15 ans de scènes auquel nous avons assistés.

Titoff, 15 ans de scène, au soleil de Cimiez

L’artiste monte sur scène et ses premiers mots sont pour le député-maire, assis au premier rang. Il moque que ce dernier est mis en exergue que sa présence serait du à sa mère oranaise. Une attitude qu’il gardera durant le spectacle, semblant vouloir dire que, s’il aime la culture pied-noir, il n’entend pas être réduit à cela. Il y a d’ailleurs très peu d’humour pied-noir dans le style de Titoff. Il ne joue pas de ses origines comme ciment comique, si ce n’est dans le sketch Le mia où il imite, avec brio, un kakou marseillais dans lequel on pourrait aisément reconnaître un beauf niçois, chaîne en or, le teint halé par les ultraviolets et huilé de monoï. Il ancre plutôt ses sketchs dans un quotidien plus universel, dans des petites choses, se moquant des programmes télés débilitants. Il commence par les émissions enfantines, Dora et Télétubbies en tête. L’occasion, de prendre à partie la seule pied-noir britannique de la salle, en singeant Dora parlant anglais. Dora, émission éducatif dont l’héroïne de cinq ans prend sa voiture pour aller à l’aventure dans la jungle. Bel exemple !

Titoff, 15 ans de scène, au soleil de Cimiez

C’est dans l’imitation que Titoff se révèle être le plus drôle. En sus du Mia, il donne une imitation hilarante d’un chasseur qu’il a vu dans Chasse et pêche, une nuit d’insomnie. Il raille également les émissions de décoration qui se sont mis à pulluler sur les écrans. Et dans cette veine, il imite le présentateur de Tous ensemble, l’émission qui, sous couvert de solidarité, se sert malgré tout de la misère humaine pour faire de l’audimat. Tout va trop vite, se plaint Titoff, on passe du régime Dukan au régime El Assad sans transition. L’humoriste ridiculise d’ailleurs les régimes de toutes sortes et surtout les aficionados du comptage de calorie. C’est vrai qu’avec la fraîcheur du début de soirée dans le parc de Cimiez, on est plus apte à entendre un message bon vivant qu’une multitude de restrictions ennuyantes. Petit joie du direct et du spectacle en plein air, une joggeuse passe devant la scène sans relever la dette. Scène incongrue dont se saisit évidemment l’humoriste. Véritable hilarité dans la salle !

Titoff, 15 ans de scène, au soleil de Cimiez

Moquant les beaufs tout au long du spectacle, il est dommage que Titoff les rejoignent avec son sketch sur les filles aux toilettes, reprenant tous les clichés sexistes, qui laisse passer toutes les femmes pour des cagoles écervelées. A la tombé de la nuit, tardive en ce mois de Juin sur la côte d’Azur, les spectateurs partent néanmoins le cœur léger, ayant rit de bon cœur, et ont presque oublié les manigances politiciennes du maire.

Boeringer Rémy

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