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Techno music

Publié le 03 juin 2008 par Ffievre

Vous vous demandez ce qu'est cette chose ? C'est un e-tuner, un nouveau type de Diapason inventé pour les choristes (professionnels) qui doivent s'attaquer à des répertoires contemporains particulièrement ardus à base de micro-intervalles, très difficiles à entendre en valeur absolue. Vous mettez la petite oreillette et vous savez la note que vous devez faire ! C'est Laurence Equilbey, une des chefs de choeur les plus en vue actuellement (elle dirige Accentus), qui a initié son invention.
J'ai récemment assisté à une conférence du jeune compositeur français Bruno Mantovani, qui manifestement est en train de décoller véritablement, puisqu'il est joué partout dans le monde, et a tant de commandes qu'il ne sait même pas s'il pourra tout faire dans les temps. Dans cette conférence, Mantovani nous expliqué qu'il avait utilisé cet outil pour faire jouer ses oeuvres chorales très complexes. Résultat : décevant. Selon lui, l'idée est bonne, mais les choristes ne s'écoutent plus, occupés qu'ils sont à entendre leur note dans un agrégat sonore très dense. Pire, il a expliqué les dangers d'une dépendance à un tel outil, qui met en danger la musique elle-même. En effet, la base de la musique est de jouer ensemble, de s'écouter, d'ouvrir ses oreilles au maximum pour produire un son riche, conscient et construit. Si les choristes ne peuvent plus jouer sans e-tuner, alors la musique est seulement exécutée, sans saveur, sans humanité, en bref sans âme.

Bruno Mantovani


Le fait qu'un compositeur particulièrement innovant émette lui-même des doutes sur l'utilité d'un tel instrument pose évidemment question : celui qui a la meilleure oreille pour juger si son oeuvre est correctement exécutée est en finalité le compositeur. Enfin, pour ma part je souscris à ces interrogations même si je n'ai pas moi-même expérimenté l'e-tuner et peut donc difficilement en parler de l'intérieur. Et puis l'idée paraît bonne, quand même. Mais en fait, je pense que l'humain est suffisamment performant pour résoudre ces problèmes sans l'aide de l'électronique. L'oreille s'éduque, comme l'oeil, comme tout le reste. Il n'y a pas de raison qu'un choeur ne puisse développer une parfaite maîtrise de son oreille.
Dans le même genre de l'électronique au service de la musique, mais beaucoup plus impressionnant, récemment à Détroit un robot a dirigé un orchestre symphonique!
Asimo (Advanced Step in Innovative MObility) dirige de main de maître...
Il est mignon, ce petit robot, isn't it? Les musiciens ont été bluffés par ses capacités. Le problème de ce robot est qu'il ne prend pas en compte les réactions des musiciens. On revient au problème évoqué précédemment. La musique recèle certainement un des secrets les plus profonds de l'humanité, et comme les robots doivent ressembler aux hommes, on pense qu'il faut qu'ils jouent de la musique. La technologie, ainsi, fait des progrès de géant, et c'est tant mieux. Mais je le dis tout net, la musique classique n'a rien à gagner avec des telles expériences. C'est ça qui est décevant quelque part. Tous ceux qui ont eu affaire au regard d'un chef d'orchestre savent que tout passe par l'échange des regards, les sourires, les gestes etc. Avant que le robot puisse regarder les musiciens dans les yeux, analyser leurs réactions, faire passer de énergie et de l'émotion, au final transmettre le plaisir de la musique, de l'eau aura coulé sous les ponts. Et quand il saura le faire, qu'est-ce que la musique y aura gagné?

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