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Més que une polémique

Publié le 09 juin 2015 par Falconhill
Quelques phrases prises dans le dernier très bon billet de Philippe Bilger, intitulé : « Manuel Valls et d’autres : l’opium des pouvoirs ».
Pourquoi notre République parle-t-elle si volontiers de la morale en gros et la respecte-t-elle si peu au détail ?
Comment ne pas être étonné en effet par la multitude des dénonciations abstraites et par les transgressions concrètes qui viennent contredire le bloc éthique et vertueux dont le principe nous est quotidiennement asséné ?
Cette interrogation me semble centrale sauf à se satisfaire d'un hiatus qui met la pureté verbale et de façade d'un côté et le plaisir, les tentations, les accommodements de l'autre.
Més que une polémique
Le billet part de l’histoire de la finale de la Ligue des Champions. Le voyage congrès du PS – Stade de Berlin, au frais de notre bon état providence. L’assumation claire de la part du premier ministre de cet acte. La défense assez mauvaise de la part de l’exécutif (« c’est pour voir Michel Platini », « c’est ma passion pour le foot », « et de toutes façons à droite ils ont fait pareil », etc…).
Karl Marx prétendait que la religion était l'opium du peuple, le cœur d'un monde sans cœur. Il y a aussi un opium des pouvoirs. Ils ont besoin de consolation.
 Le voyage purement ludique du Premier ministre à Berlin, aux frais de l'Etat, scandaleusement approuvé par le président de la République - on se serre les coudes et les intérêts se protègent -, les dérives de Mathieu Gallet et d'Agnès Saal, hier les affaires Cahuzac et Thévenoud, Stéphane Richard qu'Orange légitime à proportion même de ses mises en examen, Nicolas Sarkozy oubliant que maintenant il a à jouer le rôle du modeste, le CSA qui, lui aussi, a envie d'une pincée d'arbitraire et de partialité, tout ce qui prospère dans la périphérie des pouvoirs, tout ce qui gangrène les images des institutions et des services publics - tout cela, à des degrés divers, relève de la même tendance : on se détend dans l'illégitime, l'indécent ou le culte de soi parce que, pour l'essentiel, on n'en peut plus !
Normalement non, on n’en peut plus. Surtout de voir que le changement avec les anciennes pratiques et les anciennes méthodes, c’est pour jamais. L’exemple n’est donné par personne, à nulle part. Avec cet argument que je trouve atroce : de l’autre côté ils font pareil. A l’époque Vanneste répondait à Frêche. Aujourd’hui la passion du sport de Valls répond à la passion des cigares de Blanc. Passions financés par nos impôts : les miens ont bien progressé depuis trois ans… Nous ne progresserons jamais.
Je trouve que cette polémique est plus qu’une simple polémique. Mais je sais qu’elle sera balayée demain par une autre. Parce que l’information va vite, et qu’on oublie la polémique d’il y a trois semaines pour se projeter sur la prochaine. Rolland Cayrol disait hier dans « C’est dans l’Air » que les militants socialistes étaient gênés à Poitiers quand ils ont su que leur premier ministre partait en avion d’état à Berlin pour applaudir Barcelone. Aujourd’hui ils ressortent des vieilles histoires sous Chirac et Sarkozy. Et demain, le militant de droite ressortira Cahuzac et l’avion de Valls pour défendre les conneries de leurs camps. Nous ne progresserons jamais.
Notre démocratie est malade. La politique par l’outrance et l’invective publique portée par un Mélenchon a fait des émules. Sarkozy, Cambadelis, UMP ou socialistes, gouvernement ou opposition, les discours sont violents, clivants, tirent l’ensemble vers le bas. Nous ne progressons pas.
La finale était belle. Barcelone est un beau champion, la Juventus était un beau finaliste. Mais chez nous, notre politique est à l’image de notre football français. Malade.  Progresserons nous un jour ? Més que une polémique
Edit 18h : Finalement Michel Platini arrive à la rescousse de la morale tout ça. Il confirme que c'est lui qui a invité Manuel Valls, pour une réunion sur l'Euro. Il aurait pu réagir plus vite, et la majorité aurait pu accorder ses violons pour défendre son premier ministre et sa "passion" du sport. 
Je me demande si tout ceci est bien crédible, mais bon la crédibilité, est ce important après tout ? (demain on aura oublié...)

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