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VACCINATION: Pourquoi il ne faut pas signer la pétition sur le vaccin DT Polio – Opinion d'expert

Publié le 12 juin 2015 par Santelog @santelog

VACCINATION: Pourquoi il ne faut pas signer la pétition sur le vaccin DT Polio – Opinion d'expertDepuis quelques temps, une pétition diffusée par le Pr Henri Joyeux, Chirurgien cancérologue crée le doute et l’inquiétude chez les parents sur le vaccin combiné hexavalent, Infanrix Hexa, contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, l’haemophilus influenzae b et l’hépatite B. Voyons de plus près si ce  » bruit médiatique  » est justifié, écrit le Dr Marc Pilliot, Pédiatre et engagé dans plusieurs initiatives et Associations en périnatalité*. Faut-il s’inquiéter ? Le Dr Marc Pilliot répond :

 » Le Pr Joyeux est chirurgien et cancérologue. Dans son message, le Pr Joyeux utilise tous les moyens de communication pour enrôler les gens : l’amalgame, la peur, la répétition des messages d’enrôlement, la théorie du complot avec danger pour la démocratie, l’appel à des témoignages pour sensibiliser… Bref, cela ressemble beaucoup plus à de la propagande qu’à un message scientifique. Internet fourmille de propos de ce genre : ce n’est pas parce qu’on retrouve deux choses associées que cela veut dire que l’une a provoqué l’autre. Beaucoup de cancéreux ont possédé une voiture française dans leur vie : cela ne veut pas dire que les voitures françaises provoquent le cancer.

Le vaccin DTP (DiphtérieTétanosPolio) n’est plus produit depuis 2008 en raison de sa pureté imparfaite et du nombre important de manifestations allergiques : ce n’est donc pas un évènement nouveau. Actuellement, il y a pénurie des vaccins Tétra (DiphtérieTétanosPolioCoqueluche) et

Penta (Tétra + Hémophilus influenzae de type B) : cela est en rapport avec une augmentation de la demande mondiale en vaccin anticoqueluche, car de nombreux pays ont changé leur politique de vaccination contre la coqueluche pour mieux protéger les très jeunes nourrissons pas encore vaccinés.

Il ne reste plus que l’Hexavalent ((DiphtérieTétanosPolioCoqueluche

Hémophilus influenzae de type B Hépatite B). Certes, il est regrettable qu’il y ait des ruptures de stock et je peux comprendre que cela scandalise certains, mais il faut savoir qu’il faut plusieurs mois pour fabriquer des souches de vaccins. S’il y a un défaut de fabrication par exemple, il faut tout détruire et tout recommencer : cela peut prendre beaucoup de temps.

·   Quant à l’argument du prix, peutêtre y atil abus, mais ce n’est pas sûr. Le DTP était un vaccin très ancien et très fruste, fabriqué à une période où la technologie était moins performante et moins exigeante.

·   Les vaccins actuels protègent jusqu’à six maladies au lieu de trois. Ils ont des antigènes beaucoup plus purifiés et plus efficaces ; certains germes sont même fractionnés afin d’en garder seulement la partie vitale tout en éliminant la partie infectante.

·   Ces progrès ont permis d’observer de moins en moins de réactions aux vaccins par rapport à autrefois.

 

Le vaccin contre l’hépatite B a été accusé d’être neurotoxique : certes, il y a des réactions décrites chez les jeunes adultes qui n’ont pas été vraiment bien éclaircies, ni comprises. Mais, sur des millions de vaccinations, il n’a jamais été fait la preuve qu’elles étaient en rapport avec le vaccin (voir plus haut : association ne signifie pas causalité) et, à vrai dire, il n’y a pas plus de Sclérose en Plaques chez les vaccinés que chez les nonvaccinés. Chez le toutpetit, il n’a jamais été suspecté quoi que ce soit : c’est pour cela qu’on préfère vacciner le nourrisson alors que l’hépatite B n’est pas encore son problème. De plus, la protection étant définitive, l’adolescent est donc déjà protégé lorsqu’arrivent la sexualité, les voyages, parfois les conduites à risques.

Enfin, l’argument que six valences seraient trop pour le système immunitaire du nourrisson est totalement de mauvaise foi : dans une seule journée, dès la naissance, donc chez un être humain vierge, le système immunitaire est sollicité des milliers de fois. Rien que pour l’installation de la flore intestinale, le bébé doit faire la sélection, parmi un milliard de germes qui l’envahissent, entre les bons et les mauvais. Je pense que Mr Joyeux est déformé par sa pratique de la cancérologie : il s’occupait de malades en plein déficit immunitaire en raison de leurs traitements. Ce n’est pas le cas d’un bébé bien portant.

A propos des adjuvants inclus dans les vaccins, quelques éléments sont à éclaircir :

L’adjuvant augmente le signalement d’un antigène au système immunitaire pour que celuici fabrique plus d’anticorps. Cela permet de réduire la quantité d’antigènes vaccinaux et le nombre d’injections nécessaires : voilà qui est intéressant pour le jeune nourrisson.

·   Les sels d’aluminium permettent de prolonger la persistance de l’antigène au niveau du site d’injection, augmentant ainsi la réaction immunitaire (et donc l’efficacité du vaccin).

·   La plupart de ces adjuvants ont été élaborés depuis les années 1920 avec des sels d’aluminium. Leur utilisation, très large depuis plus de 90 ans, a montré leur excellente tolérance. Par ailleurs, on a bien trouvé d’autres adjuvants, mais ils sont moins efficaces et la plupart sont même dangereux.

·   Au niveau du point d’injection des vaccins contenant des sels d’aluminium, il a été décrit, dès 1982, des liaisons histologiques localisées : cette entité histologique a été nommée  » Myofasciite à macrophages  » (MFM). La revue de la littérature ne permet pas de conclure que la MFM est associée à une ou plusieurs manifestations cliniques. Certaines lésions de MFM ont même été retrouvées sans qu’il y ait de l’aluminium !! La MFM est une particularité française : de très nombreux patients ont été identifiés en France (par la même équipe), alors que les cas sont très rares et isolés dans les autres pays. En fait, les études de l’équipe française ne résistent pas à une analyse rigoureuse montrant à quel point elles sont entachées de biais importants : malades très disparates, critères d’inclusion mal précisés et parfois même pas de groupes de contrôle, signes cliniques qui varient selon les études, un traitement intéressant dans les 1ères études puis oublié par la suite…

·   Les nourrissons étant beaucoup vaccinés dans tous les pays d’Europe, ils sont donc massivement exposés aux adjuvants aluminiques. Or, dans la littérature, les cas pédiatriques sont rares et, le plus souvent, l’analyse plus approfondie de la biopsie musculaire a permis de découvrir une maladie musculaire congénitale connue. Ainsi la MFM serait plutôt une coïncidence : elle serait une empreinte localisée d’une vaccination comportant un adjuvant aluminique (un peu comme un tatouage) plutôt qu’une maladie musculaire inflammatoire.

·   Il est bien démontré que l’aluminium injecté par voie IM est, en grande partie, éliminé rapidement et qu’une faible partie peut se fixer dans les organes, essentiellement l’os. Mais les charges sont infimes par rapport à la charge en aluminium provenant de l’absorption quotidienne par voies digestive, pulmonaire et cutanée. Quant au cerveau, c’est l’organe le plus imperméable et, pour l’atteindre, il faut des intoxications aiguës ou des expositions importantes et prolongées

Enfin, pour ce qui est du formaldéhyde, il sert à  » inactiver  » le vaccin, c’estàdire à faire en sorte que celuici puisse créer l’immunité sans provoquer la maladie. Certes, c’est un produit cancérigène, mais seulement lorsqu’il y a des expositions respiratoires ou cutanées fréquentes, dans un cadre professionnel par exemple. Il faut savoir que le corps humain produit luimême du formaldéhyde et élimine très rapidement tout excédent. D’ailleurs, nous en mangeons quotidiennement avec nos fruits et légumes : il y a 200 à 300 fois plus de formaldéhyde dans une poire que dans un vaccin.

Avant de conclure, précisons que, pendant toute ma carrière, je n’ai jamais eu de lien avec les laboratoires pharmaceutiques. A contrario, signalons que la pétition du Pr Joyeux est hébergée sur le site d’une officine belge (l’Institut pour la Protection de la Santé Naturelle) qui promeut des  » produits naturels  » et qui diffuse régulièrement des pétitions, parfois la même d’une année à l’autre : estce un moyen d’aspirer les données personnelles des pétitionnaires pour les transformer en clients potentiels pour la vente en ligne de thérapies alternatives ? On retrouve en effet des directeurs de 3 laboratoires commerciaux dans le comité scientifique et dans celui d’éthique. Mais rien n’est parfait non plus chez les scientifiques, car leurs financements dépendent parfois du nombre de leurs publications. Et c’est ainsi qu’on peut trouver, dans tous les domaines, des articles mal ficelés, vite écrits, sans rigueur.

En France, une équipe cherche à tout prix à valider son hypothèse sur l’aluminium : c’est la seule équipe au monde à croire à cette hypothèse et, ce qui est gênant, elle n’accepte aucun contrôle externe de ses lames d’histologie. C’est pourquoi, devant un article scientifique, il ne faut pas se contenter du résumé et des grands titres, mais aussi faire une analyse critique de sa rigueur et de sa démarche de raisonnement.

Pardonnez ce long discours, mais il est plus long de contredire des bêtises que de les diffuser. Certes, je reconnais qu’il n’est pas facile de faire un tri éclairé sur Internet où le plus important est de faire un « buzz », même si c’est avec des inepties et même si cela peut provoquer une paranoïa dangereuse contre la Santé. La pétition du Pr Joyeux est fondée sur des amalgames et des ignorances. Les

victimes sont les parents qui perdent leur sérénité et les enfants qui peuvent perdre une protection bien utile. Rappelezvous que certaines maladies redoutables ont disparu au point qu’on les a presque oubliées : le vaccin contre l’Hémophilus influenzae de type B par exemple (contenu dans le

Pentavalent et dans l’Hexavalent) a fait disparaître les méningites à hémophilus (40% de séquelles) des services de Pédiatrie. D’autres maladies sont réapparues ces dernières années (avec plusieurs morts en France et en Suisse) car certaines vaccinations n’ont pas été suivies. Rappelezvous aussi que, dans la vie, il n’y a pas de risque zéro et que, si on y regarde bien, il y a bien plus de risque grave à prendre la voiture que de se faire vacciner.

De la part d’un pédiatre qui a toujours eu le souci d’expliquer les choses pour aider les parents à faire leurs choix de façon éclairée « .

Auteur : Dr Marc PILLIOT Pédiatre

*Président de la COFAM de 2003 à 2011 (Coordination Française pour l’Allait. Maternel)

Cofondateur de IHAB France (Initiative Hôpital Ami des Bébés en France)

Membre de la CNNSE (Commission Nationale de la Naissance et de la Santé de l’Enfant)

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