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La Résistance de l’air ( 2014) de Frédéric Grivois

Par Bullesdeculture @bullesdeculture

La Résistance de l’air ( 2014) de Frédéric GrivoisPour son premier film, Frédéric Grivois met en scène l'acteur qui ne cesse de monter, Reda Kateb, et fait grosse impression avec La Résistance de l'air.

Synopsis : Champion de tir au fusil, Vincent (Reda Kateb) mène une vie tranquille entre sa femme (Ludivine Sagnier) et sa fille jusqu'au jour où des problèmes d'argent l'obligent à remettre en cause ses projets et menacent l'équilibre de sa famille. Une rencontre au stand de tir avec Renaud (Johan Heldenbergh), personnage aussi séduisant qu'énigmatique, lui promet une issue grâce à un contrat un peu particulier. Dès lors, Vincent met le doigt dans un engrenage des plus dangereux.

Une mise en scène laconique et radicale

Pour nous raconter l'histoire de cet homme qui bascule dans l'extrême, le réalisateur fait preuve de laconisme. Il choisit de nous présenter des faits marquants de la vie du couple - scène de dispute avec des ouvriers sur un chantier, plan sur un appartement sens dessus dessous lorsque Vincent rentre du boulot - et nous laisse construire nous-mêmes notre histoire à partir de ces faits.

Un choix hautement appréciable dans le cinéma d'aujourd'hui qui souvent nous surcharge d'informations inutiles et de scènes dont on pourrait bien se passer.

Frédéric Grivois ne donne pas dans le remplissage et est plein de surprises car, alors que la scène d'ouverture nous confronte à une idée de violence à laquelle on serait presque habitué - une forme d'exécution froidement menée -, rien ne nous prépare au bruit assourdissant que fait Vincent quand il se consacre à son hobby : le tir au fusil. On en vient presque à redouter les moments où ce dernier tient une arme.

Comme un condamné qui, en voyant le fouet, réalise l'inéluctable, on s'accroche à son fauteuil en priant qu'on nous épargne. Mais non, systématiquement, le réalisateur répète avec application les étapes du tir : regard dans le viseur, bout de la lunette, doigt sur la détente et Boum ! Ce bruit n'en finit pas de nous faire sursauter !

Rires et atmosphère tendue

Et puis vient le rire dévastateur et libérateur, presque inattendu dans une atmosphère si tendue, dans des dialogues complètement surréalistes, amenés soit par un Tcheky Karyo, hallucinant en père looser, méchant et incontinent, soit par un excellent Johan Hendelbergh, seul personnage véritablement solaire du film.

Reda Kateb est impeccable dans le rôle de cet homme ordinaire qui d'abord subit puis se gonfle peu à peu d'une assurance qui le rend séduisant, alors même qu'il commet l'irréparable et se fait rattraper par la réalité du monde parallèle dans lequel son quotidien morne l'a fait basculer.

Une œuvre forte et singulière

Pour son premier long métrage, Frédéric Grivois nous offre une partition parfaitement maîtrisée, nous entraînant d'une main très ferme - glissée dans un gant pas vraiment de velours - dans son univers.

La Résistance de l'air est une première œuvre forte qui montre déjà une certaine maturité et des choix de réalisation bien singuliers.

Un film sous forme d'expérience qui ne laisse pas indifférent et fait de celui qui a beaucoup travaillé avec Jacques Audiard un réalisateur à suivre...

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