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Cinq lectures spécial poches pour l'été : les grands auteurs à l'honneur

Par Filou49 @blog_bazart
02 juillet 2015

 On est en juillet depuis hier, et avant que les livres de la rentrée ne pointent vite leur nez, il est plus que temps de parler lectures estivales, et pour cela, nous avons jeté un oeil dans les livres qui sont sortis récemment en poche, puisque même quand c'est un pavé, un poche ca se glisse tellement plus facilement dans les valises.

Parmi ces lectures en poche, petite revue des  5 qui nous ont particulièrement marqués et qui sont souvent signés par des grandes plumes de la littérature mondiale :

 1. Alan Bennett; la dame à la camionnette ( Folio)

dame camionnette

Qui est Miss Shepherd ? Qui est cette vieille femme excentrique, S.D.F, forte en gueule qui a stationné sa camionnette devant la résidence londonienne d’Alan Bennett écrivain, homme de radio internationalement connu .

Le romancier acceptera de pousser la camionnette valétudinaire dans son jardin, créant ainsi une cohabitation qui durera  de 1969 à 1989.Couple improbable, le Bobo et la marginale ,même pas aimable, Alan Bennett nous raconte à travers ces 20 années de vie presque commune les bouleversements de la société britannique par petites touches. Humour, émotion, distance, ce bref récit navigue intelligemment entre légèreté et gravité.

En excellent conteur, Bennett livre, au-delà des anecdotes, un tableau très juste du Londres des années 1970 et 1980, de sa bourgeoisie progressiste et de ses exclus. Un récit d’une grande humanité qui croque avec humour les travers de la société britannique contemporaine.

De la pauvreté grandissante à l’incompréhension d’une société qui ne veut pas voir ses exclus, la métaphore est cruelle. Bien que tiré d’une histoire réelle le récit semble tout droit sorti du théâtre de Beckett, impossible de ne pas penser à  «  Fin de partie »  ou d’Ionesco l’histoire devenant presque « Miss Shepherd ou comment s’en débarrasser » .Lorsque dans un éclair de patriotisme complétement surréaliste, elle décide de se présenter aux élections législatives, devant l’étonnement de Bennett elle aura ces mots formidables : « "je sais bien ce dont le pays a besoin .Cela tient en un seul mot : justice ».

 Selon toute vraisemblance (expression favorite de la vieille Dame) vingt-cinq ans plus tard, on en est encore là".

 2. S'abandonner à vivre; Sylvain Tesson ( Folio)

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Écrivain, journaliste et grand voyageur, Sylvain Tesson creuse son sillon et impose une voie à part dans la littérature française. Il s’est fait connaître en 2004 avec un remarquable récit de voyage, L’axe du loup (Robert Laffont)puis avec Dans les forets de Sibérie, qui est un livre culte pour énormémentde gens..

Après le succès de son récit dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson a écrit en 2014 ce recueil de nouvelles dont chaque héros choisit face à un coup du sort ou une absurdité de la vie,une sorte de résignation joyeuse, selon le concept de "pofigisme" cher à la Russie.

Les héros de Tesson habitent à Paris,  en Afghanistan, en Yakoutie, en Russie, au Sahara mais tous vont devoir montrer comment leur pogigisme se manifestent face à l'adversité.
Ainsi, dans « L’Ermite », un ingénieur français se rend en bateau sur une plateforme pétrolière pour y travailler. Le capitaine du navire, un Russe, lui raconte l’histoire de Constantin le bienheureux, un saint qui s’est inspiré de la vie d’un ermite fameux, Seraphim de Sarov, pour vivre retiré du monde dans la foi, mais qui finira dans un hôpital psychiatrique… Ou encore « L’Exil » raconte l’émigration d’Inta, jeune Nigérien qui tente de rejoindre l’Europe. Ses parents et lui ont économisé depuis cinq ans 5 000 dollars pour payer Youssef, un passeur algérien. Après bien des rebondissements, Inta finit par arriver en France où il devient laveur de carreaux… et regrette la douceur simple du Nigéria.Ces deux nouvelles font partie des récits les plus forts de ce recueil certes inégal mais qui montre parfaitement le talent de conteur, un humour noir assez grincant,  et la grande capacité d'imagination de Sylvain Tesson. 

3. Une place à prendre ( Le livre de poche)

place à prendre

  Contrairement aux fans de l’auteur de la célèbre saga, je n’avais pas d’attente particulière ni d’exigence en m'attaquant au premier roman adulte de JK rowling, car la seule fois où j’ai tenté de lire Harry Potter, j’ai décroché très rapidement.

L’histoire  de ce pavé de 892 pages ( quand même) se déroule dans une ville paisible nommée Pagford, fruit de l’imagination de l’auteur et théâtre dans le premier chapitre de la mort du conseiller Barry Farryhouse qui va bouleverser bien des vies qui semblaient jusque là parfaitement tranquilles. Tout le roman est construit sur l’opposition entre Pagford, où les parterres sont fleuris et les pavillons proprets et les champs, quartier défavorisé et seulement peuplé de logements sociaux sinistres.

Si le style de l'auteur flirte parfois avec l'emphase et l'ampoulé ce roman choral, on se plonge dans cette lecture avec un vif intérêt celui de  de découvrir chaque foyer, les liens entre eux et de connaitre un peu plus les différents protagonistes dans leur complexité au fur et à mesure de la lecture.

Les portraits des adolescents étaient réussis et moins chargés (au moins jusqu’à un certain point du livre) que les autres personnages cachant tous des rancœurs, secrets, haines ou mensonges.  Si le tableau quand il concerne Pagford est plutôt cohérent et s’il y a une certaine jubilation à voir comment l’écrivain a imaginé chaque lien entre différentes histoires, familles, la peinture des classes défavorisées peut laisser un peu circonspect, tant  J.K. Rowling n’y va pas avec le dos de la cuillère : les pauvres sont sales, ils vivent dans des conditions d’hygiène effroyables, la mère est junkie, la fille se fait violer par un dealer....

L’intention initiale était probablement de dénoncer les inégalités sociales et les fractures au sein de la société britannique mais hélas l'auteur n'évite pas l’écueil du misérabilisme  de ce roman foisonnant dense, mais hélas vraiment inégal.

 4. Richard Ford, Canada ( Points)

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Aout 1960, l’été s’étire dans une chaleur sèche et poussiéreuse.  Dell et Berner, frère et sœur jumeaux de 15 ans trainent leur ennui dans Great Falls petite ville du Montana. Bev le père, beau gars jovial et séducteur, retraité de l’armée, tente de survivre entre boulots et combines foireuses,Neeva la mère, institutrice à Fort Shaw la ville voisine, femme terne et pourtant passionnée, attend la rentrée des classes se demandant chaque jour si elle n’a pas raté sa vie. Cet été sera le dernier été en famille. Dell  ne reverra plus ses parents, Berner et lui seront séparés durant 50 ans.

Tragédie à la première personne, Dell 65 ans raconte ce dernier été, dans cette Amérique au seuil de la modernité, qui a englouti leur vie. Il nous décrit à la manière d’un entomologiste ses actes et ses pensées et tente de comprendre les enchainements de situations qui ont permis l’implosion de la cellule familiale. Pourquoi sa sœur et lui n’ont-ils rien vu venir ? Qui étaient vraiment  leurs parents ? Où est l’exacte frontière entre le bien et le mal ? Qu’est-ce que réussir sa vie ? 

Formidable roman d’apprentissage, l’émotion nous serre la gorge, Richard Ford ne nous lâche plus, la description méticuleuse des agissements, des sentiments, qui animent Dell, des villes et des paysages qu’il traverse  créent une proximité et un attachement, Il est notre ami, notre frère et tout ce qui le touche nous touche. Ford raconte trois mois d’une vie en 400 pages, cinquante années en vingt-cinq et en une phrase nous fait monter les larmes aux yeux. Leçon d’écriture virtuose, il sonde l’âme humaine, nous bouleverse, nous émeut, et tente une fois de plus de donner un sens à la vie et à la littérature.

Après « Week-end dans le Michigan » « Indépendance » « L’état des lieux », voici ce merveilleux Canada. Décidemment,  Richard Ford n’en finit pas d’écrire le roman de  l’Amérique.

La littérature peut-être grande et accessible avec « Canada » il nous en donne encore une preuve.

5. Je suis Pilgrim, Terry Hayes ( Le livre de Poche)

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Voici le roman de 900 pages ( on est encore au cran au dessus)  que les amateurs d’espionnage, aventure, histoire et suspense doivent absolument prendre dans leurs bagages, lire.

Un roman tenu sous un rythme effréné, et l'intrigue, qui se déroule dans l'ère "post-11-septembre", est savamment distiléenous entraine dans une myriade d'histoires aussi passionnantes les unes que les autres.

Un meurtre dans un petit hôtel de New York, un scientifique Syrien enlevé, la mort accidentelle d'un milliardaire en turquie et un terroriste qui prépare un plan de grande envergure, et on va s'apercevoir au fil du puzzle que tous ces évnèments ont un lien entre eux, et que l'auteur parvient à les enchainer avec une vraie cohérence et un sens du récit.  En déplit de certaines mécaniques narratives un peu redondantes et parfois faciles, le livre, dense et touffu, parvient à ménager un vrai rythme haletant, pour un page turner particulièrement efficace.


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