Magazine Coaching sportif

Aquaphobie #3

Publié le 02 juillet 2015 par Emmanuel S. @auxangesetc

Dialogue en classe maternelle de natation :

TERENCE : tu sais nager et t'a pas peur de l'eau ?

MOI : t'as pas peur de l'eau et tu sais pas nager ?

Retour sur les cours 2 et 3 d'aquaphobie à la piscine de Sartrouville. Le cours n°2 c'était samedi il faisait beau il faisait chaud on venait de s'engueuler avec ma MILF pour une remarque déplacée. Prétendument déplacée. Jugez par vous-même : quand tu grossis tu grossis vraiment de partout. Elle l'a mal pris. Colère noire. Elle a tiré une tronche de mérou pendant deux heures. Je ne comprendrai jamais pourquoi l'objectivité le factuel la franchise n'ont pas toute leur place dans une relation de couple durable.

Me voici donc en tenue de baigneur motivé comme jamais le petit pour cent de plaisir éprouvé lors de la 1 ère leçon d'aquaphobie m'a fait pousser des nageoires. Plus précisément des moignons de nageoire. Enfilage de palmes. J'entre dans le grand bain accroché au bord comme une huître à son rocher, la scène est cocasse, le regard incrédule des nombreux spectateurs présents me rappelle que je suis seul en lice pour ce championnat du monde de lutte contre la phobie de l' eau profonde. Enfin... de l'eau à plus de 175 cm de profondeur. Je nageote je travaille avec planche sans planche sur le ventre tout va bien je n'utilise que les jambes pour faire des demi longueurs de bassin. La coordination avec les bras est pour un autre jour. 1 ou 2 demi-longueurs. Après le coach phobie m'envoie flotter au-dessus de la fosse de 5 m et là, panique générale. Imaginez un avion en perdition le naufrage du Titanic toutes les lumières qui clignotent ça sonne de partout dans ma tête le gyrophare est allumé la fin du monde est pour maintenant. D'autant que le maîtrissime nageur m'a demandé de nager sur le dos. Je panique. Je perds mes faibles moyens. Rebirth de ma trouille primale. Adieu veau vache cochons et 1ère nageoire je ne suis plus qu'angoisse de l'eau. Heureusement que la perche est toujours au-dessus de moi. Qu'elle me sécurise. Que le monsieur en slip de bain et tee-shirt me rassure. J'ai calculé le temps qu'il lui faudrait pour me sortir de la flotte, c'est jouable. Sinon je serais parti en courant sur mon aponévrosite.

Allongé sur l'eau comme sur le divan d'Henri Chapier je parle au maître nageur qui comprend mon angoisse, je mets des mots sur cette aquaphobie du jour, je n'ai en fait aucune idée de la technique pour passer de la nage sur le dos au retour à une position ventrale, ou droite dans l'eau en flottaison façon bouchon. Et mes neurones m'ont alerté qu'eux et moi on allait avoir un gros problème à l'arrivée près du bord. Sur le dos. Sans maîtriser le retournement. Avec 5 mètres de flotte en-dessous de nous. CQFD. Ce qu'il fallait décrypter. Direction le petit bain des exercices avec une frite des huit à dessiner dans l'eau avec les mains. Je sors de l'eau tétanisé. I'm afraid. Jamais je n'y arriverai.

Je n'ai pas trop à gamberger avant le cours n°3 du dimanche matin. En plus je ne suis pas seul, Terence, l'un des grands blacks de la session number one est là lui aussi. On commence par le petit bain et les exercices de retournement avec et sans frite. Mes neurones ont l'air d'avoir pigé le concept mes mains ont plus de mal, problème de motricité fine et de latéralisation. Même exercice dans le grand bain. Je m'étonne de ne plus être effrayé par les 2m de profondeur comme quoi quand t'as failli te " noyer " dans la fosse des 5m tu relativises beaucoup la notion de profondeur... une longueur de nage avec les jambes et la frite, sur le ventre, à 10 cm du bord je n'ai pas l'angoisse, tout se passe sans incident majeur sauf une petite tasse Nespresseau sans panique. Mes neurones, mes mains, la frite et moi on se retrouve au-dessus de la fosse. Coach phobie a alors une idée géniale : nous faire descendre sous l'eau le long de la perche. Terrence trouve ça cool, il ne négocie pas, il passe en 1 er. Pas moyen de reculer, il faut que j'y aille à mon tour et comme on est deux, c'est juste après Terrence. Je commence la descente, arrivé pas très loin sous l'eau je m'immobilise, j'ouvre les yeux sans regarder vers le fond par crainte d'un phénomène d'aspiration. Ou de vertige de l'amour. On recommence l'opération 3 ou 4 fois en descendant plus bas à chaque fois, à la fin Terrence commence presque à creuser le fonds de la fosse malgré la pression de l'eau au niveau des oreilles. Le coach nous explique que le 1er pallier de décompression est à 10m, ça m'étonne, moi passé le 1 er mètre je suis décomposé...

La séance se termine avec la nage sur le dos et frite sous la nuque je réussis à me redresser sans paniquer en dedans de moi je suis fier c'est comme si j'étais le 1 er homme à marcher sur la lune. Si ça se trouve un jour j'arriverai même à en rire.

Je continue.


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