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The Interceptor (2015): aucune chance de survie

Publié le 05 juillet 2015 par Jfcd @enseriestv

The Interceptor est une nouvelle série de huit épisodes diffusée sur les ondes de BBC One en Angleterre depuis la mi-juin. Le personnage principal, Ash (O.T. Fagbenle), travaille en tant que douanier avec son collègue et ami Tommy (Robert Lonsdale). Un jour alors qu’ils sont en mission afin d’épingler un important revendeur de drogues, les choses dégénèrent et ce dernier prend en otage Tommy qui à la suite d’une poursuite rocambolesque en voiture passe à deux doigts de ne plus pouvoir marcher. Ash est blâmé puis suspendu, mais est vite recruté par Cartwright (Ewan Stewart) le chef de la société top-secrète UNIT (Undercover Narcotics Investigation Team). Sa première mission sera de retrouver le  responsable des blessures de son collègue et au fil des semaines, les enquêtes de la sorte vont se multiplier. Inspirée du livre éponyme écrit par Cameron Addicott, lui-même ancien douanier, The Interceptor est une série terne aux scénarios machinaux qui ne se démarque en rien de ses compétiteurs et qui fait même pire. Cet insuccès est autant imputable aux acteurs qu’aux personnages qu’ils interprètent : sans âme et dépourvus d’attraction.

The Interceptor (2015): aucune chance de survie

Peu convaincant

À la première scène de la série, Ash et Tommy sont à a poursuite d’un homme qui tentait de faire passer de la drogue alors qu’il attendait un avion à Heathrow. Ce dernier, bedonnant, s’est fait prendre assez rapidement, mais c’est plus d’action qu’Ash n’en a jamais vu en carrière et en mal de sensations fortes, il accepte sur le champ l’offre de Cartwright. Dans le premier épisode, il réussit justement à épingler l’homme responsable de l’accident de Tommy, aidé de sa supérieure Valerie (Lorraine Ashbourne), Kim (Anna Skellern), ancienne policière et Martin (Charlie De Melo), ancien agent au MI6. Dans l’épisode suivant, l’équipe neutralise Xavier (Lee Boardman), un autre revendeur de drogue travaillant pour Roach (Trevor Eve) : le véritable « Parrain » de Londres. La semaine suivante, l’équipe traque les propriétaires d’une buanderie qui blanchit de l’argent, toujours au service de Roach qui sera assurément l’ennemi à abattre au cours de la saison.

Qu’il soit question de faits réels puisqu’il s’agit d’une adaptation, ça n’apporte en rien une plus-value à The Interceptor qui au contraire, s’avère peu crédible. Il y a d’abord cette organisation; l’UNIT. Les employés passent leurs journées à écouter des conversations téléphoniques dans un grand local à moitié vide qui ressemble plutôt à un entrepôt et qui n’a rien de bien professionnel. En même temps, lorsqu’ils sont sur le terrain, on ne saisit pas trop au nom de quelle autorité ils agissent et les rares fois où de vrais policiers interviennent, c’est à la toute fin pour passer les menottes aux criminels alors qu’au préalable, on n’a eu vent d’aucune collaboration entre les deux entités.

Ensuite viennent ces « climax » alors qu’il est temps de capturer un criminel. Celui que l’on retrouve à la fin du premier épisode est particulièrement risible. Durant tout l’épisode, Ash jure de venger Tommy en retrouvant le responsable de son accident. Après une enquête approfondie, on l’a enfin repéré près d’une piste de course où se déroule un rallye de motocyclettes. Ash, faisant fi de la plus élémentaire discrétion se jette sur lui afin de lui demander des comptes, et ce, bien que l’équipe soit prête à lui passer les menottes. S’ensuit une bataille impliquant des armes à feu beaucoup trop courte et mal chorégraphiée au beau milieu de la piste alors que personne ne bronche mis à part les deux hommes impliqués.

The Interceptor (2015): aucune chance de survie

Et les protagonistes?

Bien qu’il ne faille pas remettre en question les talents d’acteur d’O.T. Fagbenle, force est d’admettre qu’on le verrait davantage dans des comédies que dans des drames. C’est que malgré lui, il a toujours un sourire au visage, même lorsque son personnage se retrouve dans les situations les plus critiques si bien que dans les premières minutes de l’épisode initial, on croit que lui et ses pairs jouent au second degré, ce qui est accentué par des dialogues d’un tel cliché, prêtant à confusion.

Une série, policière par exemple, peut à la limite contenir des enquêtes peu enlevantes, reste qu’elle peut se racheter grâce à la profondeur de ses personnages. Comme l’écrit Sally Newall dans son article sur The Interceptor : « It’s the human stories you remember, long after the fire is extinguished. » Or, après trois épisodes, la vie personnelle des protagonistes compte pour très peu dans les intrigues, même pour Ash, marié et père de deux fillettes. Travaillant pour une agence secrète, il n’a pas le droit de parler de son travail à sa femme Lorna (Jo Joyner), qui de toute façon, ne semble même pas s’y intéresser.

The Interceptor (2015): aucune chance de survie

On le sait, la BBC en raison de son financement entièrement assuré par la population ne diffuse pas de pauses publicitaires si bien que les épisodes durent tous 60 minutes au lieu de 40-45 comme c’est le cas, notamment aux États-Unis.  Le visionnement en différé dans ce cas ne sert absolument à rien dans la mesure où l’on cherche à gagner du temps et lorsqu’une fiction est ennuyeuse, une heure nous semble une éternité. Pourtant, avec la même durée, une série comme Happy Valley, une autre production policière de BCC One, défile devant nos yeux à la vitesse de l’éclair. C’est qu’au-delà de l’enquête, la personnalité de la protagoniste, ainsi que sa quête, nous emplissait d’empathie à son égard, ce qui n’est pas du tout le cas avec The Interceptor.

La série a pourtant attiré 4,75 millions de téléspectateurs pour sa première, se classant au 10e rang de la chaîne. La semaine suivante, l’épisode a perdu plus de 20 % de son auditoire pour se retrouver à 3,67 millions et a dégringolé au 24e rang. On apprenait il y a quelques jours que la BBC a encore dû supprimer 1 000 emplois dans le cadre des compressions de 98 millions $CAN  imposées par le gouvernement conservateur. La situation est d’autant plus critique que les profits sont de moins en moins au rendez-vous alors que de plus en plus de gens consomment les émissions du diffuseur sur des tablettes et en ligne alors que la redevance qui lui est consentie ne concerne que les téléviseurs. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas avec des fictions comme The Interceptor qu’elle parviendra à fidéliser un public de plus en plus fragmenté.


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