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Grèce : un non qui ne change rien

Publié le 06 juillet 2015 par H16

Conformément à ce qu’on pouvait déjà en dire il y a quelques jours, et bien que le référendum soit passé, l’avenir des Grecs n’est jamais apparu aussi délicat : pour eux, rien n’est résolu, et si certains se plaignaient déjà de l’austérité, l’après-référendum ne peut vraiment pas promettre un retour au pays de Cocagne.

En fait, la situation semblait comme suspendue jusqu’au résultat du référendum. Celui-ci connu, les choses peuvent reprendre leur cours inexorable. Et ce cours ne laisse aucun doute : l’État grec est toujours aux abois. Quant aux Grecs, ils multiplient les expédients pour joindre les deux bouts.

C’est ainsi qu’on découvre, dans un article à l’orientation politique délicieusement subtile, que le travail au noir se développe de plus en plus.

Certes, bien avant la crise, l’économie grecque était déjà réputée pour avoir une vision plutôt souple de la légalité et de la fiscalité, cette dernière étant bien souvent l’occasion d’une course d’égo à celui qui frauderait le plus et s’en tirerait avec le moins d’égratignures. Mais avec la fameuse (et longtemps fumeuse) austérité, la pratique du travail au noir a donc explosé pour toucher à peu près tout le monde.

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L’article du Monde, journal officiel de l’étatisme vigoureux, ne peut s’empêcher de présenter — évidemment en toute objectivité, hein, bien sûr — les abominations habituelles directement associées à ce travail au noir. Et voilà Maria, la pauvre étudiante sans le sous (bien sûr) qui « choisit » donc le travail non déclaré (rassurez-vous, c’est bien son patron qui l’a obligée à cette entorse) pour toucher un meilleur salaire au détriment de son assurance maladie. Patatras, elle fait un malaise et se retrouve non couverte. « On ne m’y reprendra plus. ! » Oubliez l’autre branche de l’alternative où, refusant le diktat de son patron, elle aurait fini par perdre son travail (et où elle n’aurait donc pas été plus couverte). Heureusement, certains résistent, comme Platon, 43 ans … qui depuis 2012 est au chômage et survit parce que sa femme touche encore un salaire décent.

L’évident parti-pris du journaliste qui s’empresse de rapporter plusieurs situations délicates ne permet pas, cependant, de cacher complètement quelques faits qu’il doit retranscrire dans son article, comme celui que les entreprises y ont maintenant très massivement recours, que les contrôles sont rares, ou impossibles, ou les deux, que de l’aveu même des syndicats, le travail au noir est une façon pragmatique de gagner effectivement de quoi se loger, se nourrir et se vêtir, et qu’en définitive, tout le monde en croque de façon plus ou moins régulière (qui doutera que l’incorruptible Platon n’a pas, à l’occasion, dépanné son voisin ou un de ses amis contre un petit billet ou deux, histoire d’arrondir les fins de mois, ou, plus en rapport avec sa morale immaculée, ne s’en sera pas retrouvé rémunéré de l’une ou l’autre denrée dont il venait à avoir besoin, dans un troc bien pratique, mais pas du tout déclaré ?).

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Mais surtout, tout l’article, et toute la situation grecque prouve en réalité que l’échange entre personnes consentantes est ce qui reste une fois qu’on a fait tomber toute la vapeur administrative inutile dans lequel un pays, plongé la tête la première dans un socialisme bouillonnant, finit par se débattre inéluctablement. Par là même, il prouve encore une fois que ceux qui effectuent un travail, rendent un service, aident à la production d’un bien que quelqu’un est prêt à payer pour obtenir peuvent réellement s’en sortir, et montre, en creux, la seule issue favorable au peuple grec : que le travail au noir devienne la norme, autrement dit que chaque Grec se débarrasse de l’épuisante paperasserie, de la bureaucratie incapacitante, de leurs habitudes étatistes et de ce collectivisme qui les a, plus sûrement qu’une catastrophe naturelle, durablement plongés dans la misère.

L’article du Monde prouve d’ailleurs, dans la façon dont sont relatés les faits, que ceux qui n’ont jamais raisonné que par et pour l’État se retrouvent ou bien incapables de s’adapter au nouveau paradigme (celui d’un État effectivement impotent et, pire encore, gênant), ou bien doivent tout simplement renoncer à leur utopie inopérante.

Évidemment, cette explosion du travail au noir a des conséquences directes pour l’État grec. Et si, avec elle, un nombre croissant d’individus peut espérer s’en sortir indépendamment des recettes miracles (et délétères) du gouvernement, plus il y a de travail au noir, plus cet État se retrouve à court de ressources. Voilà d’ailleurs la vraie raison de l’affolement des autorités, et la crainte qui s’empare de notre journaliste et de certains de ces Grecs pour qui point de salut n’existe sans l’aide fournie par l’État (même si c’est à un prix si élevé qu’il jette tout le monde dans l’opprobre).

À présent, face à cette problématique, deux cas se présentent : soit l’État accepte (contraint et forcé) cette nouvelle situation, et réduit sa voilure. Dans ce cas, la catastrophe grecque allume une lumière au bout d’un tunnel de souffrance et de misère : celle d’un État restreint, limité aux domaines pour lesquels les gens sont naturellement prêts à consentir à l’impôt (l’ordre et la justice, en substance).

Soit – hypothèse plus logique avec Tsipras, communiste, au pouvoir – l’État n’accepte pas de voir son gâteau se réduire et se bat donc pied à pied pour retrouver sa part initiale, quoi qu’il puisse en coûter à la population. Dans ce cas, la Grèce montrera une fois encore que plus l’économie est lourdement et massivement administrée, plus l’État s’immisce partout, plus les marchés parallèles, les systèmes D, les entraides et les solidarités individuelles se développent à sa marge.

Bien sûr, plus on observera ces développements parallèles, ce marché noir et cette évasion fiscale, plus l’État réagira en augmentant encore son emprise en administrant non plus seulement l’économie, mais bientôt, la vie privée elle-même. Et là, il parviendra effectivement à détruire ces marchés parallèle et ces solidarités, puisqu’il transformera chacun en futur criminel et en délateur potentiel, comme tant d’autres « paradis » communistes avant lui.

Comparaison socialisme - capitalisme

Notons donc la direction que la Grèce prendra. Et notons la direction d’ores et déjà prise par la France avec sa surveillance maximale, son utilisation parfaitement hypocrite de la loi Renseignement pour espionner les Français et les pister fiscalement, son abandon programmé du cash qui permet, justement, le développement d’une économie parallèle pour compenser la mainmise de l’État.

L’avenir est très incertain pour les Grecs, mais il sera probablement douloureux. En revanche, pour les Français, il est déjà tout tracé. Il n’en sera pas moins douloureux.

Grèce : un non qui ne change rien

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