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Un « Grexit » coûterait plus cher à la zone euro qu’un allègement de la dette

Publié le 09 juillet 2015 par Blanchemanche
#Grèce#FMI#Syriza#BCE #UE #Syrizexit
LE MONDE | 08.07.2015 Par Marie Charrel
La question empoisonne les relations entre Athènes et ses partenaires européens depuis des mois. Pour le gouvernement d’Alexis Tsipras, alléger la dette publique, qui culmine à 177 % du produit intérieur brut (PIB), doit être au cœur des négociations. Aux yeux de la chancelière Angela Merkel, qui a promis aux contribuables allemands que l’aide à la Grèce ne leur coûterait pas un euro, le sujet est tabou. Et pourtant : la dette publique hellène est insoutenable et n’échappera pas à un nouvel allégement, jugent la majorité des économistes. Un point de vue partagé par le Fonds monétaire international (FMI).
Un « Grexit » coûterait plus cher à la zone euro qu’un allègement de la dette
  • Qui détient la dette publique ?
Lors de la restructuration de 2012, les créanciers privés d’Athènes ont accepté une décote de 50 % à 75 % sur les obligations publiques qu’ils détenaient. Depuis, la dette publique hellène appartient aux trois quarts à des créanciers publics. En mars, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) en détenait 131 milliards d’euros, les Etats de la zone euro 52,9 milliards (dont 11 milliards par la France), la Banque centrale européenne (BCE) 26,9 milliards et le FMI, 21 milliards. Au total, l’endettement public s’élève à 315 milliards d’euros.
  • Un « Grexit » coûterait-il plus cher qu’une restructuration rapide ?
C’est certain. Selon les économistes de RBS, une sortie grecque de l’union monétaire accompagnée d’un défaut souverain coûterait au minimum 227 milliards à la zone euro. Un chiffre qui ne prend pas en compte les coûts indirects, tels que ceux d’une contagion aux pays périphériques, de la baisse des investissements, des troubles géopolitiques induits… De son côté, la France pourrait perdre une quarantaine de milliards d’euros (2 % du PIB), correspondant au prêt de 11 milliards accordé à la Grèce et aux garanties apportées au FESF.Un nouvel allégement de la dette, lui, coûterait 140 milliards d’euros si son ratio était ramené de 177 % à 100 % du PIB dès aujourd’hui, estime RBS. Une option radicale, et pourtant moins coûteuse qu’un « Grexit ».
  • Quelle partie de la dette serait la plus facile à alléger ?
Tous les créanciers ne sont pas logés à la même enseigne. Le FMI a un statut privilégié : en cas de défaut, il est remboursé en priorité. Depuis sa création, en 1944, cette institution n’a jamais effacé la dette d’un Etat. Elle accepte en revanche d’étaler les remboursements dans le temps, sans pénalité. « C’est grâce à ce statut privilégié que le FMI peut prêter à des pays en grande difficulté sans mettre son capital – fourni par ses membres – en danger », précise Diego Iscaro, économiste chez IHS Global Insight.La BCE, elle, a déjà fait savoir qu’elle n’accepterait pas de restructurer les obligations hellènes qu’elle détient : cela reviendrait à financer indirectement l’Etat grec. Ce que ses statuts lui interdisent. Les obligations les plus simples à restructurer seraient celles détenues par le FESF et surtout, les Etats. Depuis 2012, la durée de ces prêts – on parle de maturité – a d’ailleurs déjà été allongée, et leurs taux d’intérêt réduits.
  • Quelles sont les options possibles ?
Il en existe des dizaines. La plus radicale, politiquement délicate, serait d’effacer une partie de la dette détenue par le FESF ou les Etats. Mais il en existe de plus douces. Le think tank bruxellois Bruegel a calculé qu’allonger de dix ans encore la maturité de ces prêts et en réduire le taux permettrait d’alléger la dette de 17 %.Autre option, le Mécanisme européen de stabilité (MES) pourrait racheter les obligations détenues par la BCE, voire le FMI, afin d’en étaler le remboursement. Ces dernières pourraient aussi être indexées sur le taux de croissance : plus celui-ci serait fort, plus les remboursements augmenteraient, à l’inverse ils diminueraient en cas de récession. Une façon de rendre la dette plus soutenable sur le long terme.En revanche, Athènes ne toucherait probablement pas aux obligations détenues par les créanciers privés, qui ont déjà subi une décote en 2012. Cela priverait la Grèce d’un accès aux marchés financiers pour des années encore…http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/07/08/la-dette-hellene-au-c-ur-des-debats_4675174_3234.html

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