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[1 livre 1 critique] Dire ne pas dire – Amour de la langue française

Par Neodandy @Mr_Esthete

[1 livre 1 critique] Dire ne pas dire – Amour de la langue françaiseLire, un plaisir mais aussi un luxe loin d'être simple à s'offrir. Tous, nous pouvons être perdu(e)s dans les publications nombreuses et diverses avec, chaque mois, un flot d'exceptions. Leur unicité se fait régulièrement en toute discrétion, chaque mois, pour nous convaincre et déjouer le traditionnel et bien pensé retour aux classiques, Zola et Shakespeare en tête. Le Blog La Maison Musée cherche à se mettre à la page grâce à la catégorie " 1 livre 1 critique " avec, en idéal, de trouver une satiété à notre curiosité multiforme.

Il y a quelques mois, Dire, ne pas dire avait de quoi intriguer et matière à nous questionner. A commencer par sa première de couverture capable d'associer l'austérité du vert saturé et un titre digne de modernité. Ou la rigueur de l'Académie Française coudoyant un peu plus loin des lignes plus légères du sous-titre de l'ouvrage : " du bon usage de la langue française ". La couverture n'engage pas forcément le livre : néanmoins, elle constitue le premier contact du lecteur avec le contenu tant convoité. Dans le cas de Dire, ne pas dire : du bon usage de la langue française, fiez-vous à l'esthétique et donnez-vous le loisir d'apprendre pour réaliser et se réapproprier notre langue !

Un livre ... de l'Académie Française

Dire, ne pas dire de l'Académie Française pourrait être votre guide de survie dans le langage au quotidien. Nos académiciens, souvent imaginés en marge de notre société et pétris de mots capillotractés, prennent la plume. La préface veut exposer le nerf de la guerre, la fameuse sonnette d'alarme qui doit être usée pour prévenir avant de guérir. L'inquiétude cerne une langue riche de nuances, de couleurs, de sens, qui tend de plus en plus à être sous-estimée et, en même temps appauvrie voire ankylosée. Le constat pointe du doigt les transformations de la langue, des us et usages en voie de dilution par mégarde, par reprise ou par méconnaissance.

Les inquiétudes sont légitimes, les moyens d'agir sont délicats. Sans pédagogie, Dire, ne pas dire tomberait dans une forme édulcorée du B.L.E.D. Sans rigueur, l'on serait face à des listes livides de mots techniques dont la seule lecture donne déjà quelques frayeurs : grammaire, appositions, litanies et autres créatures du bestiaire grammatical et stylistique. Pour ne pas être taxé de conservatisme, l'Académie Française sait nuancer la lettre, l'humour, l'usage oral grâce à des explications claires, rationnelles, des anecdotes et une élégance en toute circonstance. Définitivement, Dire ne pas dire est un addenda à nos LaRousse d'environ 180 pages. Son écriture légère et en pleine croisade contre les raccourcis de langage ou l'anglicisme devrait être donné à chaque amoureux de la langue française.

Un contenu ... pour enrichir notre langage.

Le nombre de pages ainsi que le petit format de l'ouvrage révèlent le manque d'exhaustivité. En allant à l'essentiel, le livre conserve sa fraicheur pédagogique sous la forme des écueils les plus fréquents ou les questions soulevées par les internautes partageant leurs soucis à respecter une grammaire française si exigeante. Dire ne pas dire invite à être votre livre : non pas uniquement votre répertoire de chevet, mais, si possible de poser vos questions via Internet.

Plutôt que " l'intelligence " prêtée par l'éditeur en quatrième de couverture, Dire ne pas dire est une bouée de sauvetage. La lecture, bénéfique, ne vous permettra pas réellement de briller pompeusement dans les plus grandes soirées. Le contenu vise plutôt à vous avertir, à être une forme de rempart contre les incorrections journalistiques, parfois écrites et/ou souvent répétées.

Tous les atours et vices de notre idiome ont leur place dans ce recueil de survie. Si quelques cas tiennent de l'exception, la centaine d'exemples facilitera ce lien face à nos erreurs et, quelques fois, nos fautes orthographiques. En dépit des formules scolaires " On dit ", " On ne dit pas ", chaque note mélange l'anecdote, l'explication de l'erreur, l'origine et la manière de retenir la solution la plus admise.

Dans l'ère du temps ou rétrograde ? En abordant la féminisation des postes et emplois, en évoquant l'anglicisme voire la transposition de l'anglais dans notre quotidien, l'Académie Française effleure des problèmes. Pour les résoudre, il y a le protocole et la pratique. Voie dans laquelle la société est scrutée tout en restant, quelque part, assez éloignée d'une réalité ou de ses réalités.

Une citation ... pour lire Dire ne pas dire et s'interroger.

Après avoir dévoré l'oeuvre en quelques heures, la lecture de la postface, une catégorie de plus en plus rarement croisée dans nos lectures, l'auteur Philippe Rey saisit l'enjeu fondamental d'un tel projet :

" La langue française est aussi le fondement de l'unité nationale, et le choix des mots à encourager à proscrire comporte une dimension politique [...]. "

Saisies dans le contexte actuel, les différentes lignes de Dire ne pas dire saisissent une beauté et un paradoxe. L'économie des mots coïncide avec l'idée de s'exprimer avec une variété en voie de disparition dans notre Français. Problématique aussi, du côté de tout ce qu'évoque la notion de nation. Une pensée apolitique percevra la noblesse d'une idée : celle d'être unis autour d'une langue. Peut-être avec une pointe d'utopie, le fait de manier cette langue, de l'entendre plus rythmée dans le Sud de la France, d'observer sa résistance au Québec, d'être acteur ou témoin de la mutation d'une langue, rend la lecture agréable, complémentaire et, si affinité, indispensable pour parler avec raison.


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