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Les oreillettes mises en cause

Publié le 13 juillet 2015 par Jeanpaulbrouchon

OREILLETTESOn parle beaucoup de chutes en ce début de Tour 2015. Avec des abandons en cascades et des équipes décimées qui ont perdu leur locomotive avant le chrono par équipes. Une nouvelle fois, il est question des oreillettes.

C’est le cas des Australiens d’Orica-Greenedge réduits à six après l’élimination de Simon Gerrans, Albasini et Impey et avec un Mickael Matthews qui traîne sa peine et ses blessures en queue de peloton. Mais aussi des Trek et des Etixx, privés respectivement de Cancellara (fractures costales) et Toni Martin (fracture de clavicule), alors qu’ils portaient tous deux le maillot jaune !
Le plus touché est toutefois William Bonnet (FDJ) à l’origine d’une culbute impressionnante à pleine vitesse entre Anvers et Huy le troisième jour (fracture de vertèbres cervicales). Une bonne vingtaine de coureurs au tapis et une grosse casse humaine qui laisse des traces à plus longue échéance. Un choc traumatique aussi pour ses coéquipiers et notamment Thibaut Pinot, déjà peu avantagé par un collectif pas assez puissant pour le remonter vers l’avant quand les circonstances l’exigent et que la tempête fait rage au cœur du peloton.


Et revient d’actualité le fameux dossier des oreillettes, selon Laurent Jalabert à l’origine de ces gamelles innombrables et spectaculaires, comme il l’a suggéré au micro de France Télévisions : « Il faut se poser la question si les oreillettes sont indispensables. Tous les directeurs sportifs donnent les mêmes ordres, au même moment, quand il y a des obstacles en vue : remonter les leaders en tête du peloton. Et il n’y a pas la place pour tout le monde. Ca roule vite, ça frotte et ça tombe fatalement. Faut-il maintenir les oreillettes ? Au début, quand j’étais coureur, j’étais pour. Maintenant je suis moins sûr d’y être favorable. Faut revoir le problème car on va à la catastrophe ! »
Revoir le problème ? Il y a longtemps que beaucoup le réclament. Le plus vite sera le mieux afin de limiter les dégâts et de redonner aux coureurs leur indépensance et leur esprit de décision. On en a fait des robots, des petits soldats soumis, mais le spectacle s’en ressent. Chaque jour, c’est le même scénario : une échappée matinale à 3-4-5 coureurs qui jouent les animateurs avant de s’effacer dans le final. Un contrôle permanent du peloton qui roule au millimètre et à la seconde près. Affligeant. On parle de modernité, on loue la nouvelle technologie, les capteurs de puissance, les GPS, les caméras embarquées. On annonce les freins à disque dès la saison prochaine mais on ferait mieux de se préoccuper des véritables causes de ces accidents déplorables et de revenir aux fondamentaux du métier qui disparaissent par la faute d’une modernisation excessive, laquelle fait beaucoup trop la part belle aux gadgets inutiles !
Une semaine après le départ d’Utrecht, les favoris ont déjà pris position, avec avantage à Froome et Van Garderen (2ème à 12 secondes) par rapport à Contador (à 1’03), Quintana (1’59) et Nibali (2’23) qui semble le moins à l’aise. Mais que dire des Français Pinot, Bardet, Péraud, Rolland (et dans une moindre mesure le jeune Barguil) qui subissent la course depuis les Pays Bas, que ce soit dans les bordures de Zélande, sur les pentes du mur de Huy et sur les pavés du Nord où le malheureux Pinot, stoppé par une crevaison, a cédé 3’23 ce jour-là et vu ses illusions partir en poussière au cœur du Cambraisis !
La belle satisfaction est venue du puncheur Alexis Vuillermoz (AG2R), magnifique vainqueur à Mur de Bretagne devant Froome en personne. Pour les autres, le débours est déjà lourd et il se dit qu’ils voient d’un bon œil se profiler les Pyrénées. On veut y croire car une autre course s’annonce. Mais le mal est fait et le terrain perdu sur ce Tour 2015, quasiment sans chrono individuel, ne sera pas facile à reconquérir à la pédale, même si le relief de cette deuxième partie semble plus favorable, notamment à Barguil, Bardet et Pinot. Dommage pour cette belle occasion ratée.

Bertrand Duboux

Classement des principaux Français après 9 étapes :

11ème Toni Gallopin à 2’01

14ème Warren Barguil à 2’43

17ème Jean-Christophe Péraud à 3’30

21ème Romain Bardet à 4’38

28ème Alexis Vuillermoz à 6’49

29ème Thibaut Pinot à 8’05

32ème Sylvain Chavanel à 9’21

36ème Pierre Rolland à 11’43


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