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Helm – Olympic Mess

Publié le 15 juillet 2015 par Hartzine

Parfois quand on tombe sur certains albums, on a l’impression d’écouter une matière qui s’étale, quelque chose d’instable. Je veux dire, on voit bien le truc visuellement de quelque chose qui s’étale, mais là, il faut aussi penser au son que ça fait, en tout cas que ça tente de produire et à l’espace que ça engendre. C’est le moment où un album provoque des sensations visuelles par l’auditif, c’est étrange, mais on se dit que là, le son est circulaire, et puis plus tard qu’il est plutôt carré ou plat, ou creux, ou rugueux. Ça fait une sorte de schéma, petit à petit, et ça devient comme un mouvement très dense. C’est ce qu’il se passe avec le Olympic Mess de Helm paru via PAN le 15 juin dernier. Ça dégage des mouvements, des circulations et des sortes de paysages.

Pour être honnête Helm, ça fait déjà un ou deux ans qu’on a un œil sur lui, depuis un excellent live chez Ursss, ce site génial qui catalogue des performances sonores et musicales dans des endroits improbables à Milan et plus généralement en Italie. Le live était dans une usine ou une friche, et on voyait Helm avec des synthétiseurs plus ou moins modulaires, travailler une grosse nappe de son qui circulait dans l’espace. Un son qui fait une grosse vague assez noire. Il y avait aussi quelques tintements, une boite à rythme, des volumes qui saturent et des effets un peu stroboscope dans les sonorités. Des moments très hachés, très rythmés et des trucs plus ambiants, des longues nappes envoûtantes comme il sait en faire. Il y avait un côté très plastique du son qui sortait de son live au Macao.

Helm

Olympic Mess fonctionne un peu de cette manière là. C’est une grosse matière qui varie. Un gros bloc travaillé. Ça s’approche peut-être aussi d’une démarche sculpturale, mais il y a quelque chose de très physique qui ressort de cet album. Ça met dans des états émotifs assez précis, euphorisant ou au contraire précaire, voire angoissant. Ça reste assez expérimental et en même temps on est plutôt dans un domaine et dans un son assez électronique, bon bien sûr électronique GRM, mais électronique quand même. On y retrouve un très gros travail fait sur des loops, des bandes qui s’effacent ou qui au contraire s’augmentent. Ça peut aussi faire penser au travail que fait un type comme pour être Acre. Ça confine parfois un peu à la poésie susurrée sur un souffle de machine. Parfois, ça tente aussi de sonner noise, bruitiste, le tout toujours entrecoupé de mélodies synthétiques qui se développent sur des durées plutôt longues. Une sorte de croisement très contrasté entre indus, techno dub, field recording et disco balérarique. Tout y est construit comme une tentative d’équilibre précaire entre différents états.

Il y a quelques morceaux de grande bravoure dans l’album, I Exist in a Frog, Outrezone 2015, Olympic Mess ou encore Strawberry Chapstick.
 L’impression globale reste en tout cas celle là, une matière en variation, qui vient produire des émotions, des sensations et des mouvements dans l’écoute. Et c’est plutôt vraiment très chouette. On se retrouve parfois entre bruit blanc et bruits d’oiseaux, c’est quand même un pari assez étonnant. Des sons de l’espace, de la vie réel au milieu du son produit par les machines. Damion Romero faisait un peu ce genre de choses à une époque avant de basculer quasi définitivement dans une sorte de noise électroacoustique. En tout cas, c’est hyper touchant et construit. Et petit bonus l’album a été masterisé par Rashad Becker, rien que ça.

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