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La Turquie bombarde des positions de l'État Islamique en Syrie

Publié le 23 juillet 2015 par Plusnet
La Turquie bombarde des positions de l'État Islamique en Syrie Un sérieux accrochage armé a opposé jeudi la Turquie au groupe État islamique (EI) le long de la frontière turco-syrienne, trois jours après un attentat suicide meurtrier, attribué par Ankara aux jihadistes, qui a visé des militants prokurdes.
Dans un climat de forte tension, nourri par l'assassinat d'un policier dans la grande ville kurde de Diyarbakir, cet incident armé, le plus sérieux depuis des mois, s'est produit alors que le gouvernement turc envisage de mettre en place une nouvelle série de mesures destinées à renforcer sa sécurité à la frontière avec la Syrie.
En milieu d'après-midi, un sous-officier turc a été tué et au moins deux autres soldats blessés dans la région de Kilis (sud) par des tirs venus d'une zone tenue, selon Ankara, par des combattants jihadistes. Conformément aux règles d'engagement qu'elle observe à chaque fois qu'elle est visée, l'armée a immédiatement riposté en bombardant le territoire syrien. Selon la chaîne d'information NTV, un combattant jihadiste a été tué par les tirs des chars de la 5e brigade blindée turque déployée face à la Syrie. Cet échange de tir intervient au lendemain d'un Conseil des ministres extraordinaire qui a décidé de renforcer sa lutte contre les jihadistes.
"Nous considérons Daech (l'acronyme arabe de l'EI) comme une menace (...) notre système de contrôle à la frontière (syrienne) va être renforcé", a promis mercredi soir le porte-parole du gouvernement, Bülent Arinç.

Selon le quotidien Hürriyet citant des responsables turcs, le gouvernement envisage de déployer des dirigeables au-dessus des 900 km de sa frontière syrienne et de doubler sa ligne de barrières afin d'empêcher les mouvements des jihadistes. Une nouvelle réunion des chefs de l'armée et des services de sécurité et de renseignement était prévue jeudi après-midi autour de M. Davutoglu. Lors d'une conversation téléphonique mercredi soir, le président Recep Tayyip Erdogan et son homologue américain Barack Obama sont convenus "d'intensifier" leur coopération contre l'EI.
La presse turque a évoqué jeudi l'ouverture de la base aérienne d'Incirlik (sud) aux avions de la coalition internationale qui intervient en Syrie et en Irak. Pour la deuxième journée consécutive, la police turque a été victime jeudi d'une nouvelle attaque, sur fond d'agitation au sein de la communauté kurde de Turquie. Un agent des forces de l'ordre a été tué et un autre sérieusement blessé par des inconnus qui ont ouvert le feu sur eux en pleine rue à Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie, a-t-on appris de sources policières et hospitalière.
"Action punitive"Cette action n'a pas été immédiatement revendiquée. La veille, les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont revendiqué l'exécution de deux policiers à Ceylanpinar (sud), la frontière syrienne. Le gouvernement turc a rendu hommage jeudi à ses deux "martyrs". "Personne ne plongera ce pays dans la terreur en employant des moyens barbares, abominables et haineux", a promis lors d'une cérémonie le ministre de l'Intérieur, Sebahattin Öztürk.
L'opération du PKK, présentée comme une "action punitive" après l'attaque qui a frappé Suruç (sud) lundi, a ravivé les risques de débordement en Turquie de la guerre qui oppose les milices Kurdes aux jihadistes sur le sol syrien. Une organisation proche des rebelles kurdes de Turquie a ainsi affirmé sur son site internet avoir tué mardi soir à Istanbul un commerçant présenté comme un membre du groupe EI. "Les meurtriers de Suruç rendront des comptes", a écrit le Mouvement de la jeunesse patriotique révolutionnaire (YDG-H).
Cet attentat de Suruç, qui a fait 32 morts et une centaine de blessés, a visé un groupe de jeunes militants de gauche partisans de la cause kurde qui souhaitaient participer à la reconstruction à Kobané. Cette ville syrienne a été détruite par quatre mois d'intenses combats qui se sont soldés par la victoire des Kurdes sur l'EI.
Depuis l'attaque, le gouvernement islamo-conservateur turc est la cible de nombreuses critiques. Ses détracteurs l'accusent de ne pas avoir pris la juste mesure de la menace jihadiste. D'autres d'avoir fermé les yeux sur les activités de l'EI sur son sol, principal point de passage de ses recrues vers la Syrie. Un éditorialiste éminent du quotidien Milliyet, Kadri Gürsel, a été licencié mercredi pour avoir mis en cause la responsabilité du président Recep Tayyip Erdogan dans l'attentat. Ankara a toujours catégoriquement réfuté ces allégations. Le pouvoir utilisera "tous les moyens pour traquer les auteurs" de l'attentat, a répété mercredi M. Erdogan.
De nombreux manifestants, notamment kurdes, défilent chaque jours dans les villes du pays pour dénoncer la politique syrienne de M. Erdogan. Le principal parti kurde de Turquie a appelé à un grand rassemblement dimanche à Istanbul.
La Turquie est jusque-là restée l'arme au pied face à l'EI. Elle a refusé d'intervenir en soutien des milices kurdes de Syrie, par crainte de voir se constituer une région autonome hostile dans le nord du pays. Cette décision avait provoqué de violentes émeutes en Turquie pendant la bataille de Kobané en octobre.
Source : Lorientlejour

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