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Un Bordeaux bashing plus que sommaire

Par Mauss

Si une Saporta a essayé de tenir un discours "neutre-version "Le Monde" - ", (c'est à dire professionnel de gauche authentique), dans sa critique du monde bordelais - un échec évident - les deux auteurs de la bande dessinée "Vin, gloire et bonté", madame Isabelle Bunisset et monsieur Giuseppe Liotti ont tâté des multiples understatements, sous-entendus, qui se pratiquent depuis des lustres en Aquitaine du vin pour ce continuum historique dans le Bordeaux-Bashing.

Il y a donc d'un côté les cognoscenti et de l'autre, nous, lecteurs primaires peu capables de comprendre ce monde historique décrit avec une poussière d'époque qui se voudrait génératrice d'émerveillements à chaque page.

Pas gagné, mais alors là, pas gagné du tout !

D'abord, lecteurs assidus des classiques de la BD que nous sommes, nous avons le droit d'exiger de la part d'un dessinateur, surtout s'il est italien ou belge, une qualité de crayon indiscutable. Personne ne peut oublier la Valentina de Guido Crepax.

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Sublime coup de crayon pour Valentina © Guido Crepax

Sur ce plan, Monsieur Liotti a encore quelques progrès à faire. Sa vedette aux traits trop changeants, trop lexomilisés n'arrive pas à susciter les nobles envolées portées par un été bien chaud. On peut facilement reconnaître Parker ou Michel Rolland - quoique - mais dire quels sont les négociants ou courtiers représentés, c'est plutôt trapu.

On présente clairement tel ou tel château, comme Pichon Baron ou Cheval-Blanc, mais on prend soin alors d'y mettre d'autres propriétaires ou gérants. Bref : on ne fait toujours que la moitié du chemin. Faut pas brusquer madame Michu qui aura déjà pas mal de soucis à suivre cette aventurette pleine de sous-entendus.

Si effectivement l'auteure déroule systématiquement tous les poncifs habituels sur le monde des propriétaires (lire sur ce point la très remarquable introduction à l'ouvrage de Monsieur Bernard Magrez, plein d'une indulgence très chrétienne), elle prend soin aussi de décrire le monde de la presse parisienne et ces jeunes donzelles ayant la mode comme priorité de vie quotidienne, ce qui donne, quand même, un certain équilibre de second degré à son opus.

En conclusion, rien de bien méchant, beaucoup de choses connues, de l'édulcoration en veux-tu, en voilà, et comme on peut obtenir sur Amazon une version kindle, voilà une lecture estivale digne des retards intempestifs de la SNCF entre Bordeaux et Paris.

Allez : soyons généreux : donnons la juste moyenne à l'ouvrage : 10/20. J'ai des jours de bonté, comme ça… Faut pas m'en vouloir.

PS : une proportion impressionnante de mes lecteurs les plus assidus - 4 - m'a  ± menacé des pires sévices si je continuais à me prélasser à Capoue ou autres lieux romains équivalents. Face à ces menaces, me revoilà donc bloggueur devant l'Eternel, faisant partie des "courageux mais pas téméraires".

J'en profite pour citer un site (merci Hervé) où Bach côtoie la musique liée au vin (ICI) et pour redire, pour l'avoir redégusté récemment, qu'Ausone 2014 sera un sommet du millésime. Probablement le cru bordelais qui offrira à l'amateur éclectique le même type d'émotions que nous offrent des crus comme les Amoureuses de Mugnier ou le Vieilles Vignes d'Arnaud Mortet. On est là sur des sommets à la Perrin lequel, inconscient élève de Reinhold Messner, commence à parcourir le monde pour des grimpettes pas fondamentalement nécessaires à sa survie intellectuelle. Mais que voulez-vous faire face à un tel zwingliste de gauche ?


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