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[Critique] THE DEAD LANDS

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] THE DEAD LANDS

Titre original : The Dead Lands

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : Nouvelle-Zélande
Réalisateur : Toa Fraser
Distribution : James Rolleston, Lawrence Makoare, Te Kohe Tuhaka…
Genre : Action/Aventure
Date de sortie : 29 juillet 2015 (DTV)

Le Pitch :
Hongi, le jeune fils d’un chef de tribu Maori, assiste impuissant au massacre de son clan. Décidé à se venger, il tente le tout pour le tout en pénétrant les terres d’un guerrier légendaire, avec lequel il va forger une alliance…

La Critique :
Parfois, certains films bénéficient de soutiens de poids. Ainsi, The Dead Lands n’aurait pas pu rêver mieux que la formidable exposition inhérente aux propos de James Cameron et de Peter Jackson, tous les deux fans du long-métrage. Le premier affirme que The Dead Lands est « puissant, primitif et bourré d’adrénaline », tandis que le second nous conseille de le « voir absolument ». De quoi attiser la curiosité, et donner une chance à cette production néo-zélandaise condamnée à une sortie en vidéo, même si le postulat de départ et l’apparente apprêté du projet encourageaient quoi qu’il en soit le visionnage.

Bienvenue chez les Maoris. Pas ceux, contemporains, de L’Âme des Guerriers, le classique de Tee Tamahori, mais ceux de l’ancien temps, qui vivaient au rythme des traditions, des croyances ancestrales et des batailles. Les premières images impressionnent d’emblée par leur grandiloquence et par leur beauté. Tourné sur place, dans des régions sauvages, le film ne démentira jamais sa dimension immersive, en cela qu’il respecte son environnement et en exploite tous les éléments, pour susciter l’émerveillement, mais surtout moult frissons inhérents à la lutte à mort qui prend pied dans cet écrin de verdure aussi dangereux qu’envoûtant.
La nature joue d’ailleurs un rôle prépondérant en cela que The Dead Lands est un pur survival. Un film qui voit un personnage de prime abord plutôt faible, lancé dans un périple vengeur à l’encontre de ceux qui ont massacré son clan.

The-Dead-Lands-Maoris

James Cameron a raison. The Dead Lands est puissant et primitif. Pour ce qui est de l’adrénaline par contre, c’est une autre histoire. Là est le principal point faible d’une œuvre qui se heurte en permanence à l’un des modèles du genre, soit le Apocalypto, de Mel Gibson, comparable de par son côté primal et la simplicité efficace de son pitch. On pense à tort que l’écriture est secondaire quand on raconte une simple histoire de vengeance où il est avant tout question de mecs lancés à la poursuite d’autres mecs, dans la forêt. Pourtant, des classiques, comme Apocalypto donc, mais aussi comme le Predator de John McTiernan, ou le Conan le Barbare, de John Milius, nous ont prouvé que le scénario était crucial, histoire justement de maintenir en haleine le spectateur. Avec ses cassures de rythme qui permettent de voir les failles d’un script vraiment faiblard, notamment à cause d’un dosage hasardeux entre l’action pure et les plages plus calmes censées approfondir les personnages et leurs motivations, tout en bâtissant un environnement légendaire important, The Dead Lands apparaît au final comme un film inégal. Comme un projet qui, dès lors qu’il sort de l’action, ne parvient pas à aller jusqu’au bout de ses thématiques, pourtant porteuses d’une vraie tension dramatique. La première scène est en cela déterminante, et très représentative, vu qu’elle justifie la guerre qui va mener à l’extermination du clan du jeune héros. Traité un peu par dessus la jambe, comme si le film voulait vite se débarrasser de l’introduction pour aller directement à l’essentiel, elle donne le ton de tout le reste et c’est dommage.

Vraiment dommage même, au vue de la maîtrise technique du réalisateur Toa Fraser. Un cinéaste vraiment doué quand il s’agit d’orchestrer les affrontements entre les personnages, tous très bien castés. Lawrence Makoare en particulier, est le choix le plus pertinent. Déjà dans les deux trilogies adaptées de Tolkien de Peter Jackson (il incarne l’Urak-hai Lurtz, dans La Communauté de l’Anneau et Bolg dans les deux premiers volets du Hobbit (il est étrangement remplacé dans le troisième)), l’acteur ici à visage découvert symbolise à lui tout seul la sauvagerie du film. Son personnage, sorte de représentation ultime des mythes et légendes du peuple Maori, est en tout logique le plus intéressant du lot. Le plus complexe et le plus ambigu aussi. Même si il convient également de saluer la sagacité de James Rolleston, le jeune guerrier avide de vengeance. Par contre, en face, chez les « méchants », rien de très marquant, malheureusement.

Souvent spectaculaire quand il verse dans la violence de combats sans pitié, au sein desquels les guerriers traduisent par des gestuelles et des mimiques aujourd’hui visibles dans le Haka des rugbymen des All Blacks, leur rage et leurs émotions exacerbées, The Dead Lands fait le job malgré ses défauts. Sur un plan purement formel, la réussite est presque totale et après tout, cela pourrait suffire. Amputé d’un bon quart d’heure, il aurait d’ailleurs pu amenuiser l’impact handicapant de son script bancal, pour ne se concentrer que sur l’action. Au final un peu désincarné, il envoie quand même du lourd à intervalles réguliers et arrive à capturer quelque chose de rarement visible au cinéma. Tirant partie de l’originalité de son environnement, des croyances Maoris, de leur mode de vie et de leur façon de se battre, The Dead Lands reste quoi qu’il en soit très sincère et plutôt authentique. Ce qu’il propose n’est ni plus ni moins qu’une chasse à l’homme barbare, où le sang coule à flot, tandis que les fantômes des guerriers tombés au combat justifient les choix et exacerbent le courage d’hommes de traditions entraînés sur les chemins de la guerre. Pas parfait donc, mais suffisamment bon pour se laisser aller à un petit haka des familles dans le salon entre deux bouchées de pizza 4 fromages.

@ Gilles Rolland

The-Dead-Lands
Crédits photos : The Jokers


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