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Chronique uchronique #2

Publié le 03 août 2015 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

lapins-crane-belle-montre-bigL’an dernier, alors que je pleurais une jeune fille dont l’âme venait de prendre l’envol et que je portais déjà le deuil de mon paternel, je voulais noyer le chagrin en écrivant ce que j’imaginais des artistes qui sont censés être partis beaucoup trop tôt. Suite à certaines suggestions – du Mari, notamment –, voici la suite de cette chronique avec cinq autres artistes.

Amy Winehouse (14 septembre 1983 – 23 juillet 2011)

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Je me suis d’abord dit qu’il était trop tôt pour en parler. D’une part, cela ne fait que quatre ans qu’elle nous a quittés, et il n’y a pas beaucoup de recul par rapport à l’influence qu’elle a eu sur la musique. D’autre part, elle aurait eu comme moi, 32 ans, cette année, et parler d’une femme morte qui aurait pu avoir ma vie, mes aspirations, ça me dépasse un peu. C’est après avoir vu le documentaire sur elle que je me suis imaginé ce qu’elle aurait pu être en 2015. J’aurais parié qu’elle n’aurait toujours pas sorti son troisième album tant attendu, parce que tant le public que les tabloïds la feraient encore chier pour faire un truc dont elle n’aurait jamais voulu. Je pense qu’elle serait revenue dans les années 2022-2023, la quarantaine et la tranquillité venues, pour faire des albums de jazz comme elle l’a toujours souhaité, à la Frank. On aurait oublié tout ce qu’elle avait incarné, et on aurait redécouvert une superbe artiste affirmée. C’aurait vraiment été top. Vraiment. [Vous la sentez, l’émotion, quand je parle d’elle ?]

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Janis Joplin (19 janvier 1943 – 4 octobre 1970)

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Sans la drogue – la destinée ? –, je pense qu’elle aurait été au blues féminin ce que Joan Baez est à la survivance du son folk des années 1960. Le problème étant que sa voix si caractéristique ne s’obtient pas « naturellement ». Je m’entends : une voix aussi exagérément cassée ne s’obtient que soit par l’abus de substances diverses, soit avec une trachéotomie ou une opération des cordes vocales – coucou, Bonnie Tyler. Ceci a un inconvénient indéniable : les cordes vocales se fatiguent par conséquent plus vite et ne permettent pas une carrière sur la longue durée. Dans ce cas, vivante, Janis Joplin aurait eu deux alternatives de carrière : une qui se serait terminée à 40 ans, où elle serait devenue une légende vivante incapable à un moment d’entretenir son destin. Et l’autre, sur la longue durée, où elle se serait tournée vers le blues un peu plus apaisé et aurait duré jusque 55-60 ans. Mais serait-elle encore vivante à 72 ans ? Je l’ignore…

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Jeff Buckley (17 novembre 1966 – 29 mai 1997)

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Le putain de mektoub que voilà : alors que son père (19 ans à l’époque) se barre avant la naissance pour vivre sa carrière de musicien et mourir neuf ans plus tard d’une overdose, lui-même se noie comme un con à 30 ans alors que le monde entier attendait un deuxième hypothétique album, dont les démos sortiront l’année d’après sous l’égide de sa mère et de Chris Cornell (Soundgarden). Si Sketches for My Sweetheart the Drunk avait sorti dans la forme voulue, il serait peut-être sorti en 1999-2000, vu le rythme que cela prenait. Mais je ne suis pas sûre que le public aurait supporté une telle attente depuis Grace pour un album qui n’aurait peut-être pas attendu à ses aspirations. Ce qui est certain, c’est qu’il était tellement pétri de talent qu’il aurait peut-être phagocyté une partie de la scène underground américaine de ces quinze dernières années.

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Mike Brant (1er février 1947 – 25 avril 1975)

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Le fait que le bonhomme se soit repris à trois fois avant de ne pas se louper laisse présager que, de toute façon, à ce rythme-là, il n’aurait jamais atteint la trentaine d’années. Un meilleur destin aurait été de retourner définitivement en Israël après sa première « tentative » de suicide en juin 1974, de se faire oublier du public français et d’assumer son statut de star en chantant enfin des chansons dont il comprendrait les paroles. Il faut savoir effectivement que Moshe Brand, de son vrai nom, ne comprenait pas l’anglais, et encore moins le français. C’est ainsi qu’il transcrivait littéralement les paroles en hébreu pour les enregistrer. Certes, il aurait eu un rythme de dingue, mais au moins, il aurait été au pays et il n’aurait pas été le play-boy pour gamines hormonalement dérangées. Si ça se trouve, il aurait été un vieux beau, voire gay, mais il aurait eu une vie moins dérangée.

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Claude François (1er février 1939 – 11 mars 1978)

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En voyant François Valéry récemment à la télé, je me suis dite : En fait, Claude François à 76 ans aurait été un croisement entre lui et Orlando [producteur et frère de Dalida, NDLR]. Ou alors il serait devenu l’équivalent français d’Elton John – option coming-out médiatique – ou de Liberace – option voilage de face. Car comme tout le monde le sait, il est mort électrocuté par un vibro dans l’oignon – pas taper, les fans, pas taper ! S’il avait vécu les années 1980 et 1990, je pense qu’à un moment, son image d’homme à femmes en aurait pris un sacré coup dans la gueule. Car si les paillettes étaient très in dans les années 1970, elles faisaient un peu tâche sur un homme, un vrai, dans la décennie suivante, et je ne pense pas que Cloclo aurait renoncé à ses chemises en satin pour paraître plus viril. Si ça se trouve, il aurait été en couple avec son producteur, au choix Orlando ou Gérard Louvin.

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Ceci n’est que le fruit de mon imagination – ou celle du Mari concernant Claude François [la meuf qui se dédouane parce qu’elle sait que des fans pourraient tomber dessus]. Toujours est-il qu’en tant que passionnée de musique et musicienne moi-même, je trouve assez facile de prêter des intentions aux artistes partis un peut trop tôt. Ce que je sais, c’est que j’ai de l’imagination pour en faire un troisième, mais que je veux bien vos contributions.



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