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Pie XII, biographie par Pierre Milza

Par Mpbernet

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La critique de Claude :

Pie XII a occupé le siège pontifical de 1939 à 1958, pendant la Seconde guerre mondiale et la guerre qui n’avait de « froide » que le nom. Il a été un des grands acteurs, d’ailleurs durement critiqué, de cette période. Comment a-t-il fait face aux décisions douloureuses que lui ont imposé la folie des hommes, notamment de Hitler ?

C’est à Pierre Milza, grand historien de Sciences Po, éminent spécialiste de l’Italie, que les Editions Fayard ont demandé de répondre à cette question, en s’appuyant sur les origines, la personnalité, l’itinéraire de formation, d’apostolat et de travail, les évènements contraires qui ont marqué la vie du Pontife. 

Eugenio Pacelli n’est pas issu d’une grande famille romaine, mais d’un milieu de juristes, conseillers écoutés, mais modestes, des Papes du XIX ème siècle. Malgré une santé chancelante, c’est avant tout un « bosseur », qui toute sa vie lira l’intégralité des notes et dépêches traitées par ses services. Sa foi catholique le conduit à travailler beaucoup plus qu’il ne serait raisonnable dans son état de santé.

Ces qualités lui font intégrer à 25 ans, en 1901, l’administration vaticane des affaires extérieures. Il participe à des succès (les concordats avec la Serbie ou la Bavière, et surtout les Accords de Latran avec l’Italie en 1929), mais assiste en 1917 à l’échec de la tentative de médiation du Pape Benoit XV pour mettre fin à la Première guerre mondiale, aucun des belligérants ne voulant envisager une paix aux conditions d’avant-guerre

Nonce apostolique (c’est a dire ambassadeur du Vatican) a Munich en 1919, il fait connaissance avec la violence politique de rue, dont il gardera un souvenir inaltérable. Il va connaître bien pire à partir de 1933, quand une élection démocratique donne le pouvoir aux Nazis ; les violences s’aggravent au fil des mois en Allemagne et dans les territoires qu’elle occupe, jusqu’à la « solution finale » décidée en janvier 1942 à la Conférence de Wannsee.

Face à cette horreur, faut-il prendre la parole haut et fort, en dénonçant le génocide de tous les Juifs d’Europe, des Tsiganes, et la chasse aux innombrables « ennemis héréditaires » (cadres polonais, patriotes hongrois, résistants de toute l’Europe) ? Quelle sera l’efficacité d’une opposition ferme et claire ? Faut-il pour cet objectif exposer les Catholiques et leurs pasteurs aux représailles sanglantes des Nazis ?

Ou bien faut-il agir discrètement, comme l’a fait le Pontife, par exemple dans son adresse de Noël 1942 (p. 287/288) ?

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Pierre Milza fournit les éléments d’archives permettant à chacun de se faire une opinion sur ce sujet. Il montre aussi comment Pie XII, au lendemain de la guerre, a soutenu la Doctrine sociale de l’Eglise, prenant une part forte à l’évolution de la Démocratie chrétienne en Italie et en Allemagne, ainsi qu’à l’organisation des relations au sein de l’Atlantique Nord (Traité OTAN de 1959).

Au total, ce livre fournit  une information riche et détaillée sur un aspect important de l’histoire européenne, et il se lit comme un roman tragique.  

Pie XII, biographie par Pierre Milza, éditée chez Fayard, 2015, 475 p, 25 €

 


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