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Workshop | Genre & Mode

Publié le 03 août 2015 par Christianpoulot @lemodalogue

Le début de l’année à vu une polémique se développer autour de la théorie du genre. Abordée sous l’angle éducatif, touchant les plus jeunes, il s’est créé autour du thème un débat passionné.

La violence et les dérapages du débat politique combinés à la médiatisation savamment orchestrée et glamourisée d’icônes transgenre (Caitlyn Jenner pour ne citer qu’elle) à, on l’espère, permis à certains de reconsidérer la question et leur quotidien, d’appréhender l’évolution inéluctable de nos sociétés.

La collection masculine d’Anne Kluytenaar (Festival d’Hyères 2014) inspirée par la maison Chanel et par son père qui a décidé « un jour » de changer de sexe étend la reflexion, fuyant la caricature de la folle excentrique. Les vêtements de la créatrice néerlandaise sont en effet repensés dans les moindres détails pour la silhouette masculine, les proportions (col, poignet…) revues, les coupes sont masculines dans des matières féminines. Dès lors sa démarche, subtile dépasse la frontière de l’appartenance sexuelle.

Ci-dessous Anne Kluytenaar, « Lux is crossing », Festival d’Hyères 2014

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See also full « Lux is crossing » collection here

Peut-être peut-on se rappeler le Giorgio Armani créateur des costumes de Richard Gere pour American Gigolo. Pour ce personnage dont le métier est de séduire la gente féminine il avait déconstruit le costume masculin, supprimant les paddings, le rendant fluide, le féminisant, le rendant précieux sans perdre sa masculinité.

Jean-Paul Gaultier jamais en retard d’une tendance avait semé le trouble en 2011 faisant défiler sa mariée haute-couture sous les traits d’Andrej Pejic. La même année, le mannequin transgenre sera le premier à poser en lingerie féminine.

Il était donc intéressant d’entamer un débat, suivi d’un quick-workshop avec les étudiants en création de mode sur ce sujet.

Nous avons passé beaucoup de temps à discuter, argumenter, échanger les points de vue. La démarche de réflexion voulant d’une part bousculer notre propre vision et à considérer le sujet de manière plus vaste, envisageant (modestement) tous les angles déjà étudiés par les universitaires (sexualité, sociologie, féminisme, psychologie, identité…).

Ainsi « alimentés » les étudiants abordent dans un deuxième temps l’“application créative” du sujet sur une affiche avec des contraintes techniques et esthétiques.

Les propos échangés furent riches, variés et sans tabous. Politique, anatomie, littérature, web, humour… furent autant de compléments au sujet.

Au même titre que les différences ethniques, l’économie responsable ou d’autres sujets de société, le futur créateur de mode se doit d’avoir une reflexion sur ces sujets. Il n’y a pas d’obligation pour lui d’ériger ses convictions en tant que manifeste, là n’est sans doute pas son rôle. Ses créations doivent être en phase avec son époque, d’être au fait des évènements de société, libre à lui et selon son talent, d’adapter ou de détourner ceux-ci à son profit.


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