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Justice inhumaine

Publié le 30 août 2015 par Malesherbes

Je ne sais rien du régime des permissions dont peuvent bénéficier des détenus.  J’ignore qui peut formuler une demande de permission, à quelle autorité il convient de la présenter et surtout quel juge décide de l’accorder ou, au contraire de la rejeter. Je suppose qu’il s’agit du juge de l’application des peines. Mais, ce que je sais, c’est que l’on peut suspecter le fonctionnaire, qui a refusé à un détenu une permission de sortie pour assister à l’enterrement de son père, de ne pas avoir la moindre idée de ce qu’est une justice humaine. On aimerait connaître les raisons pour lesquelles il s’était opposé à cette permission.

Il est  vraisemblable que ce détenu, condamné pour « trafic de voitures », ne présentait pas de caractère de dangerosité particulier. D’autre part, s’il y a un événement face auquel on est sans défense, c’est bien la mort. De surcroît, les circonstances tragiques dans lesquelles le père de ce détenu avait succombé, rendaient encore plus souhaitable la présence de ce détenu auprès d’une famille cruellement éprouvée par l’assassinat récent de trois de ses membres. Il s’est trouvé dans ces conditions un homme, j’hésite à le désigner ainsi, assez insensible pour s’opposer à la permission de sortie demandée.

La réaction des gens du voyage a été brutale : ils ont bloqué l’autoroute du Nord. L’intelligence des forces de l’ordre a permis d’éviter un plus grand déchaînement de violence. Après un arrêt de la Cour d’appel d’Amiens qui a sagement infirmé la décision du juge d’application des peines, le barrage a été levé. Résultat : de nombreux automobilistes avaient été longuement bloqués sur l’autoroute ou contraints de s’échapper en empruntant des itinéraires inconnus et encombrés, des dégâts importants occasionnés à la chaussée et, en prime, il est apparu que l’État reculait devant la violence. Ce qui nous vaut de multiples déclarations des éternels défenseurs de l’ordre, Xavier Bertrand, Marine Le Pen et autres, toujours prompts à vouloir châtier les faibles mais beaucoup moins ardents à reconnaître leurs propres imperfections.   

En fait, les responsables de cette situation et de ses conséquences dommageables, ce ne sont pas les gens du voyage. Ce sont des fonctionnaires apparemment insensibles, incapables d’apprécier humainement la portée de leurs décisions.


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