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De l’abrutissement du pousseur de caddie par les labellisations en tous genres

Publié le 09 septembre 2015 par Artetmanieres @ArtetManieres

Labellisations

Un peu comme la question « sommes-nous seuls dans l’univers ? », on se demande souvent ce qui se cash (comme Tabatha) derrière les nombreuses étiquettes colorées qui fleurissent dans nos rayons. En véritable blogueur d’investigation, tel un Matthieu Delormeau des internets, votre serviteur est donc allé sonder le fondement de l’industrie agroalimentaire… juste retour des choses me direz-vous !

Et mon cul c’est du poulet ?

« Oh la belle verte, oh la belle bleue, oh label rouge ! » Ainsi s’exclamait Maître Coke, mon poulet sadomasochiste cocaïnomane de compagnie, remontant crête dressée le rayon barbaque de mon temple de la consommation préféré. Dans la mesure où je ne convie plus femme et enfants à mes séances de ravitaillement hebdomadaires de peur qu’un quidam ne les reconnaisse sur la liste des disparitions inquiétantes, je magasine désormais aux côtés d’un expert aviaire histoire de ne plus me faire plumer par les têtes de gondoles. Et en matière de bêtes à plumes, quoi de plus rassurant que le célèbre « Label Rouge ». Garanti par l’INAO (aucun lien de parenté avec la coloration sans ammoniaque de l’Oréal), il est attribué aux produits d’une qualité supérieure à la moyenne. Rassurant quand on s’entend dire tous les jours que les français mangent de la merde… Ça ressemble à quoi une merde de qualité supérieure ?

Nos régions ont du talent… et un tas de trucs imbouffables

Dans la même veine, on peut aussi aller faire un tour du côté de toutes les cocardes apposées sur les produits du terroir. Alors déjà, il y a un problème sur le postulat de base. Ce n’est pas parce que c’est produit en plein pays bouseux que c’est bon ! Quand le petit paysan de Tchernobyl fabrique un excellent fromage au lait de ragonbesse (une espèce autochtone mi-ragondin mi-ânesse – alors qu’en Corse, Alizée est plutôt mi-coton mi-laine), t’as pas trop intérêt à t’approcher sauf si tu veux qu’il te pousse une queue et une dentition orange très approximative. Plus près de chez nous, une bonne galette de sang de volaille, sanquette pour les intimes, ne mérite-t-elle pas qu’on s’attarde sur ses propriétés organoleptiques (juste après avoir vomi votre petit déjeuner pendant la préparation) ? J’ai également souvenir d’un ami qui bouffait de la cancoillotte au lit pour le petit déjeuner et je peux vous dire que j’aurais volontiers décerné un grande tarte dans la gueule à l’agriculteur qui ose produire un truc capable d’embaumer toute une chambre en 35 secondes, mouches comprises.

Fous tout dans le cabas… Diawara

On tutoie le sublime avec les « saveur de l’année » et « produit de l’année » qui poussent sur les vitrines réfrigérées un doux parfum de nouveauté et d’enfilage de mouches. Faire choisir à la ménagère parmi la lessive sous vide, le saucisson pré-tranché ou la soupe de tomate en tétrapack® individuel avec paille, quel est le produit inutile qui aura le droit de payer pour coller sur son emballage une étiquette grosse comme un timbre poste… qui rappellera à ladite ménagère de ne pas l’oublier dans son caddie du samedi. Une espèce de cercle vertueux estampillé Michel-Edouard Leclerc. Mieux encore, j’ai récemment déclenché un pneumothorax allergique devant l’élection de la « chaîne de magasin de l’année ». Franchement c’est quoi l’idée ? Surtout qu’ils t’annoncent détendus à l’heure du petit déjeuner entre le dernier Louane et un canular téléphonique de Camille Combal que c’est Lidl le lauréat ! Et ouais, le magasin décoré comme un loft de Seine-Saint-Denis dans lequel tu t’approvisionnais en bière Kingsbrau pour tes soirées étudiantes en sachant que dès la 6ème canette, tu ne sentirais plus l’inégalable arrière-goût d’urine. Le jury qui a décerné le prix est-il déjà entré dans un Lidl ? Effectivement, si la médaille d’or se jouait avec Ed et Aldi Marché, tu comprends mieux que le minimalisme allemand ait décroché la queue du Mickey. Mais ne me faites pas croire qu’on est mieux au Lidl de Drancy qu’à flâner parmi les merveilles gustatives de la Grande Epicerie de Paris

Maintenant percés les secret du miroir aux pigeons qui nous conduit à nous alanguir dans les grandes (et petites) surfaces plus vite que Ravanelli aux grandes heures de l’école italienne de plongeon de haut-vol, vous n’aurez plus d’excuse pour ne pas aller vous faire escroquer sur un petit marché de producteurs dans le sud du Gers ou bien quai des Chartrons !

Gabriel



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