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Un album, une semaine | Cécile McLorin Salvant – For One To Love

Publié le 12 septembre 2015 par Generationnelles @generationnelle

Jazz à New York City dans ce deuxième album de la si jeune diva. Il paraît qu’il ne faut pas juger à la pochette…il paraît ! En voilà une pochette bien artistique. Et pourtant. Avec ses airs de peinture abstraite, la pochette est  un appel à l’écoute. Un rouge et noir cinglants qui font de l’oeil au feutre main pour création maison où même les inscriptions sentent l’artisanat. Si on ajoute à l’adéquation que c’est l’artiste qui a donné de sa personne pour inviter l’auditeur à ouvrir la platine, on comprend alors que les traits peu certains annoncent les sueurs froides et l’émotion engendrées par l’opus…

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Dans les oreilles : Dès le début, tout est tonitruant et la musique répond totalement à la passion première de la jeune fille : le jazz. Une interprète bien accompagnée par un groupe talentueux, notamment le jeune pianiste Aaron Diehl qui ensorcelle l’auditeur en quelques notes. Mais c’est bien la voix de la chanteuse qui domine avec une maîtrise expérimentale entre graves déstabilisants et aigus vaporeux, vaporeux comme le Fog duquel le spectateur se réveille peu à peu! Un concept qui fléchit aussitôt vers un café jazzy très new yorkais pour finir dans des notes sombres et sobres mais d’une amertume certaine. C’est vrai que la jeune fille a l’occasion de fréquenter  ces établissements  en quittant sa maison d’Harlem.

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Et c’est une oeuvre originale entre tradition et modernisme qui précède une reprise d’un classique qui swingue dans sa bouche. Growlin’ Dan connaît la touche féminine puisque c’est Blanche Calloway qui fut sa première interprète et la première femme à avoir dirigé un orchestre d’hommes, une chanteuse historique à  forte personnalité qui multiplie les vocalises dures et éraillées à faire rougir les plus grandes divas. C’est toujours un côté très classique dans Stepsister’s Lament, chanson de Broadway, comme pour souligner  l’amour de la scène pour l’amatrice de sensations. Le tout si bien joué que cela  donne l’impression de tutoyer Sinatra et Kelly, mais avec des touches de jazz qui font baisser la voix et rayonner les oreilles. Ses compositions personnelles comme Look at Me sonnent comme plus sensibles, sensuelles et sensorielles, avec une précision touchante.

Puis l’actrice se réveille pour Wives and Lovers, plus amer et drôle que VO par Burt Bacharach et Hal David. Pour le tragique… jamais décrier l’humour, miser sur Left Over, toujours délicat mais fascinant. Le rythme dans The Trolley Song a de quoi donner envie de traverser NY ou de retourner vers Miami, d’où est originaire la jeune fille. Et du soleil, il y en a toujours dans la voix même cassée de Cécile. Mais on ne saurait quoi dire face à cette femme sans âge, ou plutôt de tous les âges ! La jeune fille n’affiche que 25 d’existence mais se révèle  bien à  l’aise dans ce jazz si enivrant et captivant comme ont pu l’apprécier  les spectateurs du Jazz à la Villette de Paris.

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Et c’est à la culture française qu’elle aime tant_ la jeune fille a étudié le droit hexagonal et le jazz vocal à Aix-en-Provence_ qu’elle rend hommage dans Le mal de vivre. La ballade vintage de Barbara donne des airs de raconteuse à la chanteuse américaine qui parvient même dans un français impeccable à faire swinguer la langue de Molière. Instant magnifique, très grave où il est possible de pleurer à la fin. De la légende française au culte américain, il n’y a qu’un pas que la jeune fille franchit dans un long et sublime hommage à Léonard Berstein, en un instant grand spectacle à l’américaine… Mais après le faste, c’est avec le discret et délicat Underling, que Cécile clot l’opus comme l’héritage vocal baroque entre puissance gracieuse et légèreté évanescente qui lui ont valu une nomination au Grammy et aux victoires du jazz. A découvrir sur scène en urgence.


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