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Carte des vins chez Etchebest à Bordeaux : pas sûr que ce soit un bon système

Par Mauss

Les bordelais qui jalousent depuis des siècles les lyonnais bien plus sérieux en cuisine et bénéficiant d'un héritage connu, constant et largement étoilé, ont depuis quelques temps matière à rehausser la tête.

D'abord avec des restaurants périphériques comme Plaisance, Troplong-Mondot, La Dominique à Saint-Emilion, les Cathiard en pessac-léognan et à Pauillac le petit bijou des Cazes : Cordeillan-Bages.

Ensuite, en ville avec le futur ***, La Grande Maison où Robuchon surveille le tout comme ma grand-mère le lait sur le feu, avec Monsieur Bernard Magrez en partenaire audacieux; et maintenant avec l'arrivée de deux nouveaux : Etchebest, assez satisfait de sa notoriété TV et un briton comme conseil, juste en face, au Grand Hôtel.

Non : c'était une fausse nouvelle : Alain Ducasse ne reprend pas Ramet.

Donc, voilà nos bordelais appelés à dépenser leurs sous localement, ce qui les chagrinent par nature, quand on sait qu'ailleurs ils sont plus généreux avec leur portefeuille : histoire de jouer localement le style "low profile".

C'est dire qu'ici plus qu'à Paris ou Ouagadougou, les chefs doivent proposer des prix attractifs.

Rien n'est moins sûr… au niveau des vins alors même qu'ici il est tout à fait possible de se fournir pratiquement en 24 heures, tant il y a de possibilités de bonnes affaires dans bien des maisons de négoce où les restaurateurs ont accès, en jeunes et vieux millésimes.

Mais bon, ce n'est pas le sujet de ce billet : on en parlera en connaissance de cause après expérience approfondie.

Le sujet est : les nouveaux outils de communication.

Donc tôt matin, une visite à cette nouvelle adresse bordelaise jouxtant l'opéra, maintenant sous la responsabilité d'Etchebest (pas l'opéra : le restaurant ! : soyez à ce qu'on vous dit !) pour regarder un peu la carte des vins, voir si les amateurs de vins exotiques (pour un bordelais, l'exotisme commence à la sortie de l'Aquitaine) seront souriants ou tristounets.

Petite surprise : ici, pas de carte des vins, mais on vous remet un IPAD où, en plusieurs langues, il vous est loisible de consulter les propositions bachiques de la maison. Je n'ai pas trop fouillé longtemps, le personnel matutinal avait l'air suspicieux à mon égard et donc il ne fallait point trop traîner. J'ai pu voir, par exemple pour la Maison Drapier, en Champagne, une carte et un long texte explicatif.

Soyons brutal : vous vous voyez, votre dulcinée assise en face de vous et vous offrant maximum deux ou cinq minutes pour donner une priorité au vin par rapport à sa beauté travaillée à domicile pendant de longs quarts d'heure ? Après dix lignes lues, si vous ne commencez pas à stresser, votre sort nocturne attaque une phase délicate… Je n'insiste pas !

Bref : le gros, le très gros problème de ce type de carte qui se veut geeky, c'est que les vins s'affichent par ligne, mais pas plus de 6 ou 8 lignes sur la page IPAD et donc, en continuant cette lecture finalement pas facile, vous oubliez ce que vous venez de lire et la confusion s'installe de facto dans votre tête.

Il n'y a pas, avec ce système, cette vue globale qu'on a avec une carte classique. 

Et si vous voulez passer des blancs bordelais aux blancs d'ailleurs (Jura, Bourgogne, Loire), je vous certifie qu'il vous faudra plusieurs minutes de doigt tactile, sans aucune garantie de succès. Bon, vous avez toujours une fonction recherche où vous pouvez taper "Belluard" ou "Burgaud", "Sociando-Mallet" ou "Domaine de Chevalier" (ces deux derniers valorisés à 3 chiffres : brrrr…) : tout cela prend du temps, complique votre décision et énervera votre ou vos convives.

J'ai poliment demandé si cette carte pouvait être disponible sur internet, on m'a dit non. Dommage, car faire le choix du vin à l'avance, c'est quand même plus classe, non ?

Mon souhait, si le télévisuel Philippe Etchebest (un registre complexe nourri d'expressions redoutables, associé à un amour d'Audiard comme d'autres grands chefs, et une connaissance professionnelle du noble sport) a  connaissance de ce billet : avoir AUSSI une carte imprimée et penser à la mettre en ligne sur le site du restaurant, probablement en construction car je ne l'ai pas trouvé.

Résumé : oui, les nouveaux outils de communication ne sont pas de facto supérieurs aux anciens. L'IPAD est un outil plein d'avenir dont je suis un utilisateur quasi pointu, mais là, en l'occurrence, ce n'est pas folichon du tout !


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