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Touriste en mon (ancien) royaume

Publié le 21 septembre 2015 par Elosya @elosyaviavia

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J’ai un nouveau téléphone portable.

Il est rouge, tout plat et rapide. Rapide !

(Ok, il ressemble vaguement à une télécommande c’est bizarre ou esthétique j’ai du mal à me positionner là dessus)

Et je peux enfin prendre de belles photos à foison.

Je prends trop pleins de photos des copains, du chat, de mon taf, du chat, de mon appart, du chat.

Alors je fais du tri dans mon tel et vu qu’elles se stockent automatiquement dans mon google photos, faut que j’y fasse aussi du tri hein.

C’est comme ça que samedi, en parcourant mon google photos, je suis retombée sur des photos de l’an dernier de Belleville (mon ancien quartier). Ça va faire bientôt 5 mois que j’ai déménagé mine de rien.

Cet été, je me suis retrouvée à quelques stations de métro de Belleville/Pyrénées alors j’y suis retournée. Officiellement pour aller voir une dernière fois si j’avais du courrier dans mon ancienne boîte aux lettres et officieusement parce que je voulais juste y aller, comme ça, pour voir.

Un nouveau restaurant s’est ouvert. Le lieu semble sympathique, mais il fait un peu trop branchouille « bobo », une ambiance que je n’aime pas forcément. Sept auteurs (je ne sais pas ce qu’ils écrivent, mais ils sont en train de réfléchir à l’évolution d’un personnage dans leur intrigue) s’échangent des idées. Un mec et une nana fument à l’exterieur. Les 3 boulangeries où j’avais mes habitudes sont encore là. Le pressing est là aussi. Je suis retombée sur le propriétaire du restaurant situé en bas de mon ancien immeuble. Depuis que j’ai déménagé, je l’ai croisé quelques fois et à chaque fois je me demande s’il sait que je suis partie.

Je remonte la rue, je ne sais plus pourquoi, mais j’ai eu envie de regarder en l’air. Et c’est à ce moment là, en contemplant le haut d’un immeuble et ce ciel bleu que je me suis dit : ça y est, ce n’est plus chez toi, tu es une touriste. Ce n’est plus ton royaume.

C’est marrant ce mot royaume qui m’est venue. Peut-être bien que je me sentais intérieurement la reine urbaine :-) de ces trottoirs arpentés en long en large et en travers pendant 5 ans. Mon pas vif pour rentrer rapidement et ainsi esquiver un peu la pluie qui tombe à foison, courir pour attraper le bus, choper le métro et me rendre une fois de plus en retard à un rendez-vous avec des potes. Éviter de marcher dans la merde. Marcher dans la merde avec de nouvelles chaussures et maudire la terre entière. Rentrer éreintée d’une grosse journée de boulot avec une seule idée en tête : dormir. Rentrer en rêvassant de ce que le weekend allait me réserver. Aller à la pharmacie et plaisanter avec la pharmacienne du comportement incongru de nos chats respectifs. Aller chez le médecin et  trouver porte close. Revenir du Franprix avec des tas de courses, bien lourdes, encombrantes portées à bout de bras et se promettre pour la énième fois que la prochaine fois je prends un caddie. Passer, repasser, passer devant ce bar où je n’ai plus mis les pieds depuis le jour où le propriétaire avait eu une remarque très désagréable à mon encontre. Passer devant chez ma pote A. Me dire que ça fait longtemps qu’on s’est pas vus, envoyer un message. Revenir chez soi à deux du ciné, d’une expo, d’un anniv de potes, échanger sur la soirée passée et sur d’autres choses. Revenir chez soi à deux, mais se sentir profondément seule. Se souvenir. Sentir qu’il est vraiment temps de quitter ce quartier. Quitter ce quartier.

J’ai eu peur de partir. J’avais peur de ne pas surmonter ma peine de quitter ce coin où je suis restée autant d’années. Je ne me sentais clairement plus chez moi pourtant dans ce quartier et dans mon ancien appartement. Mais J’avais peur de partir. C’est fou comme on reste attaché à des endroits où l’on n’a plus la place pour évoluer.

Je me suis habituée à mon « nouveau » coin, je prends mes marques chez moi. C’est indéniable que ça prend du temps. Mais je ne regrette pas d’être partie.

Et finalement en revenant ce jour là sur ce bout de trottoir, regardant avec une forme de recul ce quartier. Je me suis dit que la réalité a été plus forte que mes projections tremblantes et angoissées. Ce jour la, j’ai aimé m’y balader, j’ai aimé y être de passage et j’ai surtout aimé partir et prendre le métro parce que ce n’était plus chez moi. La réalité c’est que je suis partie, je ne me suis (presque) pas retournée et que là où je suis, je suis mieux. Je me sens mieux en tout cas.


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