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Interview Vald – « Je préfère être considéré comme le branleur que le génie »

Publié le 24 septembre 2015 par Wtfru @romain_wtfru

vald

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C’est demain que sort NQNT 2, le nouvel EP de l’OVNI Vald. Un opus très attendu tant le rappeur a su faire parler de lui ces derniers mois pour ses titres et clips toujours plus délirants originaux. Ne pas croire cependant que le garçon est un phénomène de foire. On a face à nous un vrai MC, un vrai artiste avec son propre univers, loin des codes habituels du rap français. Très loin parfois, même. Mais son nouveau bébé, solide projet de 12 tracks, devrait lui permettre de se faire une place de choix dans le microcosme. Rencontre.

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NQNT 2 sort le 25 septembre. 1er projet en CD. C’est une pression supplémentaire ?

Carrément. Nous n’avons plus d’excuses. Si nous passons inaperçus, c’est que nous sommes mauvais. J’espère que les gens seront contents et qu’ils viendront aux concerts. L’idée est que nous nous amusions tous ensemble. Comme d’habitude.

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Plusieurs clips sont sortis dont Bonjour et Selfie. A chaque fois, tu fais le buzz. Tu mets n’importe quoi et ça marche.


(Il rigole) C’est vrai, c’est vrai. Nous avons développé ça et j’aime beaucoup cette idée. J’ai une secte qui est très motivée. C’est surprenant et plaisant. Merci. Nous sommes ensemble.

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Merci Christine & The Queens aussi.


Oui, elle aussi.

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Tu as un clip préféré pour le moment ?

J’hésite vraiment entre Gizeh et Ecaille. Le 1er n’est pas sur l’album.

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Tu as un feat avec A.D dans Infanticide mais aucun avec Alkpote ou Georgio dont tu es proche.

J’ai fait deux feat sur le dernier projet d’Alka. Je suis proche de Georgio mais pour le moment, il n’est pas sur l’album. Mais c’est bien d’être tout seul, c’est très bien! C’est de l’organisation avant tout et comme je suis bordélique, oublions.

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Dans ton 1er morceau, tu as samplé Michel Houellebecq. Pourquoi ?

L’insolence. C’est légendaire. Après, la phrase me plait avant tout. Je ne connais pas spécialement le bonhomme et ça ne m’intéresse pas. Je lis des livres hein (rires). Mais pas ce monsieur qui est tendancieux d’après ce que je peux lire un peu de partout. Il ne m’attire pas une seconde.

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Dans l’introduction, Retour, tu répètes encore une fois que tu n’es pas le Eminem français. Moi, j’ai une autre comparaison pour toi. Es-tu le le Didier Super du rap français ?

J’ai un gros problème avec cette comparaison. Didier Super joue au con et je n’aime pas ça. Je n’aime pas qu’on fasse le guignol. Si tu l’es, je comprends. Mais j’ai l’impression qu’il joue cette posture et je n’aime pas ça. Donc je n’apprécie guère cette comparaison. À vrai dire, j’ai réétudié le doss dernièrement. Je pense qu’il y a une ouverture. Mais je me répète, il a un côté : je joue aux cons et je vous baise. C’est trop moi.

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Dans Quidam et dans l’ITW de l’ABCDR du Son, tu dis que la reconnaissance te gène. Comment abordes-tu ce problème ? D’un côté, c’est une obligation au vu de ton statut.

Certes, mais j’aimerais beaucoup faire marche arrière. Marcher dans la rue sans croiser personne dans la rue. Attention, je ne suis pas une rock star, je ne crée pas des meutes. Certains bloquent sur ma gueule, ils viennent me voir pour faire une photo, c’est absolument horrible. Je les vois tous les artistes à dire « j’adore prendre des photos avec mes fans ». C’est absolument dégueulasse.

J’imagine qu’ils font la blague Bonjour.

Ils n’arrêtent pas. Pour Selfie, aussi. Mais on s’amuse, c’est la vie.

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Bonjour.

Bonjour.

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Dans le morceau, tu affirmes que tu voudrais mourir sur grand écran. Nous savons que tu aimerais tourner. Tu as des contacts ? Des idées de films ?

Pour le moment, je n’ai pas de contacts. Mais, j’ai des idées comme tout le monde. Je pense que nous avons tous, dans un coin de la tête, notre propose scénario. Bon, j’ai aucune arme, ni de contacts. Par exemple, un mec comme Benoit Poelvoorde me touche à mort.

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Tu dis aussi rêver d’être président. Si tu es élu en 2017, quelle sera ta première mesure ?


L’idée serait de centraliser la TV de manière que je puisse passer un programme unique : mon suicide. Je me donnerais la mort sur petit écran. Bon délire.

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Tu parles beaucoup de meufs, de drogues et de dépression. Finalement, tu as une vie très simple.


J’ai une vie très simple. J’ai peu changé depuis mes débuts, vraiment très peu. Malgré tout, j’ai une vision de ce que je veux apporter à la musique à certains niveaux. Je ne m’attendais pas à tout ça, mais j’y pensais. Quelque part, j’attendais tout ça. C’est surprenant.

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Si tu n’avais pas fait de rap, tu aurais fait quoi ?


Professeur de mathématiques, très certainement. Passionnant (rires). Sinon, ingénieur du son. Toujours dans le milieu.

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Justement par rapport au son, comment se fait le choix de tes prods ? Comment tu enregistres ?


Je réfléchis avec AD. Là, j’ai bossé aussi avec BBP, DOLOR qu’on peut retrouver sur les autres. Et Ovagroundprod qui est derrière le titre Bonjour. Ca dépend vraiment des morceaux. Pour moi, tous les morceaux ont une étincelle. Sur certains, tout cela se fait en claquant des doigts. Sur d’autres, j’y réfléchis et je mets beaucoup plus de temps.

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Ou alors tu fumes et tu écris Poisson.


(Il sourit) Pas du tout. Je ne suis jamais foncedé quand j’écris. Pour Poisson, c’est arrivé comme ça. On se marrait tout simplement. Il m’arrive souvent de dire une phrase qui n’a aucun rapport avec le sujet dont on parle et c’est parti. Nous avons fait un morceau.

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Tu l’imagines en clip ?


A mort, a mort. Je l’imagine au cinéma même. Je ne sais pas comment on va faire. C’est une bonne question, tu vois. Avec ce clip, on pourra faire le tour du monde. Le poisson, c’est universel.

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Comme l’épisode de South Park avec Kanye West, tu aimes les « bites au nez » de poisson ?


Surtout pas les « bites au nez » de poisson ! Je suis à fond avec Kanye West. Je vais me taper contre les dauphins, ça va chier.

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Je voulais revenir sur Selfie. Il y a un clip de cul. Quel est ton tag ?


Plastic bag. C’est un bon délire mais ça dépend des jours.

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On en a parlé de partout. Tu es fier de ton coup ?


Oui et non. On parle de moi comme le branleur qui fait des clips de cul et ça a rebondi sur tous les contenus. C’est positif au final.

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Cette réputation de « branleur » ne te gène pas ?


Non, ça me rassure. Je préfère être considéré comme le branleur que le génie. Je préfère être une loque que le savant. C’est bien plus facile à porter. J’ai une part de modestie. Pour le marketing et le commerce, ce serait bien que je dise que mon projet défonce tout et qu’il est le meilleur de l’univers. Je ne sais pas le dire, je n’y arrive pas. Je peux te dire que mon projet est ultra intéressant mais je ne peux pas le vendre.

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Penses-tu que tu es bien accepté dans le rap français ?


J’en ai strictement rien à foutre. Pour dire que je suis accepté, il faut considérer ça comme une famille. Alors, que pas du tout. On se déteste tous. Je sais que j’ai beaucoup d’amour pour des acteurs du rap game. Je préfère ne pas en parler. Je vais me faire taper après (rires).

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Il y a des mecs qui t’inspirent en ce moment ?


Young Thug! En France, il y a SCH, Niska, Gradur, Rim’K. J’aime bien PNL par exemple. Franchement, je kiffe. Il y a du très bon.

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Certains de ces rappeurs cités ont un côté représentatif de leur quartier alors que toi quand tu parles d’Aulnay, tu veux te casser.


J’habite toujours là-bas, mais j’ai qu’une seule envie : me casser. Partir loin de la ville avant tout. Ça m’oppresse, je suis à moitié agoraphobe. Quand il y a trop de gens, ça commence à me souler. Cela m’insupporte. Ce n’est pas psychologique, c’est mon corps qui me dit de dégager. Je peux déménager, je ferais la même chose. Dans ma musique, je suis peu influencé par mon environnement.

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Qu’est-ce qui t’influence dans ta musique ?


La concurrence. Je suis motivé par les gars en face. Je regarde ce qu’ils font. Ce n’est pas une compétition, mais juste l’envie de les écraser, les dominer (rires). Non franchement, je n’en sais rien. Ce ne sont pas les questions que je me pose.

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Dès lors, quelles sont ces questions ?


Je me demande si le destin existe. Est-ce que les univers parallèles sont là ? Pouvons-nous interagir avec ? Les atomes, les molécules, tu vois. L’univers. Qu’est-ce que la force noire ? Les OVNIS existent-ils ? Est-ce que la terre peut être creuse ? Tu vois ça m’intéresse, on est bien là. Est-ce que les nazis étaient occultes ? Ça, c’est intéressant. Mais ça ne m’inspire pas. Pour ça que je suis toujours emmerdé avec cette question.

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Une tournée de prévu ?

Nous avons pas mal de dates annoncées jusqu’à noël : France, Suisse et sûrement Belgique.

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Et un succès aux USA, ça te plairait ?


Oui mais je n’aime pas le stand-up (il sourit). Je ne suis pas dedans. Parfois, ils me font rire, c’est vrai. Mais bon …

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Tu me parlais de ton public au début de l’ITW. Il y a des chansons qui peuvent surprendre. Penses-tu qu’il va tout capter ?


Pour la majorité, ils ont une démarche de capter ce que je fais. Bon, certains se perdent et inventent des choses. J’ai la chance d’avoir des gens qui se penchent sur le fond. Ils disent rarement de la merde. Et vu qu’il n’y a personne pour dire ce que je veux faire, ils se prennent la tête parfois.

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Crédits photos et interview réalisé par Charles Chevillard

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