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A propos du drame de Mina.

Publié le 28 septembre 2015 par Fouzi53 @fouzi53

Minan

Jamais la commémoration du sacrifice d’Abraham n’aura autant marqué les esprits compte tenu de la date et du lieu : Le 10 doul’Hijja à Mina. Sauf, que la bousculade qui a couté la vie à plusieurs centaines de pèlerins n’a rien à voir avec les écrits coraniques, mais relève bien d’une erreur humaine qui finira bien par livrer ses secrets, car les autorités saoudiennes possèdent tous les éléments de réponse sur l’origine de cette bousculade.

Tous les lieux de rassemblement des pèlerins durant le Hajj, sont contrôlés par cameras et toute la circulation est scrutée minutieusement par la police qui ouvre et ferme des routes en fonction du trafic, aidé en cela par des hélicoptères qui sillonnent le ciel de manière continue pendant toute la durée du pèlerinage et particulièrement durant les jours de la Tarwiya. Tout mouvement de foule est donc bien appréhendé normalement.

Ce qu’il faut également savoir, c’est que durant les jours du Hajj, Du 7 au soir jusqu’au 10, la majorité des pèlerins ne dorment pas : Le 7 ils se préparent à monter à Mina et les transferts débutent dés minuit. Le 8 , toujours à partir de minuit, c’est la montée vers Arafat, le 9 les pèlerins quittent Arafat à la tombée du jour, se dirigent vers Mouzdalifa pour y passer la nuit et arrivent le 10 au petit matin à Mina.

Ce jour là, les plus téméraires d’entre eux veulent tout faire, lapider Satan, se raser le crane, quitter le Ihram et pourquoi pas effectuer Tawaf Al Ifada. Sauf qu’ils sont exténués, hagards et la plus part du temps, ils n’ont plus le sens d’orientation.

C’est aussi dans cet état que se trouvent les personnes en charge de la circulation et de la sécurité des pèlerins, car eux aussi n’ont pas fermé l’œil depuis le jour 7. Aussi ils obéissent aveuglément aux ordres qui leur sont transmis par radio et n’ont plus aucun discernement par rapport aux situations auxquelles ils peuvent être confrontés.

Les pèlerins n’ont aucune notion des lieux et sont incapables de s’orienter, ils suivent les courants à la recherche d’un indice, une personne, une voix qui puissent leur permettre de retrouver leur campement, leur groupe, leurs amis ou leur famille. Faute de quoi, ils peuvent parfois errer pendant plusieurs jours, surtout lorsqu’ils ont perdu leur badge.

Il est donc important que les groupes de pèlerins soient bien encadrés par des personnes aguerries à l’épreuve du hajj et non par des accompagnateurs qui arrivent pour la première fois et qui n’ont aucune notion de la topographie des lieux.

Le nombre d’encadrants est très important car c’est de lui que dépend la réussite de l’opération. Deux encadrants techniques et un encadrant religieux pour 50 personnes est le minimum pour assurer la sécurité et la sérénité des pèlerins. Cette année il a fallu marchander pour avoir un nombre suffisants d’encadrants : Le ministère des Habous et des Affaires islamiques applique la règle de 1 encadrant pour 70 pèlerins, ce qui très en deçà des normes requises pour assurer un encadrement de qualité. Vouloir appliquer la même règle aux agences de voyages est tout simplement inconscient et irresponsable. Toute l’efficacité réside dans la qualité de l’encadrement, c’est ce qui laisse le pèlerin se sentir en sécurité et assuré d’accomplir son devoir en toute sérénité.

Lorsque les pèlerins se retrouvent abandonnés et livrés à leurs sorts, ils peuvent commettre des actes qui remettent en cause leur foi, leur sécurité et celles des autres. C’est ce que d’aucuns qualifient de FITNA.

Ce qui s’est passé Jeudi dernier est le résultat d’un manque d’encadrement, de contrôle, de méconnaissance et surtout de fatigue généralisée. Nous finirons bien par connaître l’origine de ce désastre, non pas pour incriminer telle ou telle entité, mais juste pour éviter que cela ne se reproduise dans un avenir proche.

Il est également important de connaître rapidement l’identité des victimes afin de permettre aux familles et aux proches de faire leur deuil. La reconnaissance ne devrait pas poser de problème, car en principe, tous les pèlerins sont dotés de passeports biométriques, et qu’ils ont tous déposés leurs empreintes digitales à l’entrée des postes frontières. Il est donc possible de recouper les bases de données avec les empreintes des victimes.

D’un autre coté, il ne doit plus rester de pèlerins à Mina ce jour, ils doivent tous rentrer à Mecca. Un simple recensement aux hôtels devrait déjà donner une idée sur le nombre de personnes absentes à l’appel et faire des recherches au niveau des centres des personnes perdues, des hôpitaux et des morgues.

Cela va bien sûr demander un peu de temps et mobiliser des personnes tant au niveau du Consulat du Maroc, qu’au niveau de la délégation marocaine du hajj dans ses composantes publiques et privées.

La mise en place d’un numéro vert pour informer les familles sans nouvelles est indispensable et c’est au Ministère des Habous et des Affaires islamiques de communiquer, d’informer et de rassurer. Force est de constater qu’à ce jour aucune communication sur le site, ni sur la page Facebook du Ministère concerné au sujet des événements de Mina.

Le Ministère du Tourisme et La Fédération Nationale des agences de voyages devraient également donner une situation et informer via les agences organisatrices, les proches des pèlerins.

C’est vrai que tout cela coïncide avec un long weekend, mais il doit paraitre encore plus long, pour celles et ceux qui n’ont pas de nouvelles de leurs proches.


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