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Les enfants de choeur de l'Amérique, Héloïse Guay de Bellissen

Publié le 27 septembre 2015 par Antigone

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 "Chaque américain a le droit de posséder une arme depuis 1791. Le deuxième amendement c'est notre ADN. Nous avons dû faire face à de grands conflits et il a fallu s'en sortir. Après la guerre de Sécession, les soldats en vie ont gardé leurs armes avec ma bénédiction et elles se sont transmises de génération en génération. Les flingues, c'est notre héritage."

Mark Chapman assassine John Lennon en 1980. John Hinckley tire lui quelques mois plus tard sur Ronald Reagan. Hasard ou coïncidence, ils ont tous les deux eu la même enfance et le même goût pour le héros de l'Attrape coeur de JD Salinger. Hasard ou coïncidence, ils ont un peu le même physique, passent inaperçu et ont une obsession commune pour un personnage public, John Lennon pour l'un, Jodie Foster pour l'autre. Tuer pour impressionner, pour entrer dans l'histoire, parce que l'imaginaire a pris depuis longtemps le pas sur le réel. Tuer sans méchanceté, seulement pour le geste, mués par une lubie, une obsession, une rage. L'Amérique donne des armes à ses enfants et les laisse jouer avec.

Voici un roman étonnant qui m'a beaucoup impressionnée tout au long de ma lecture. Premièrement, le style de l'oeuvre est d'une vitalité si américaine que j'ai été surprise de m'apercevoir que l'auteure était en fait de nationalité française. Mais cela est plutôt un atout, et rend la lecture très vivante. Deuxièment, je suis allée visualiser les pages wikipedia des deux meurtriers mis en avant dans ce livre, et j'ai été surprise d'y retrouver tous les détails qui me paraissaient invraisemblables dans le roman. Car oui, Jodie Foster a bien été harcelée par John Hinckley qui a tenté d'assassiner le président Reagan pour l'impressionner. Et oui, Mark Chapman a bien brandit L'Attrape coeur, juste après avoir tiré sur John Lennon. Etre ensuite plongée comme cela dans les motivations des deux jeunes gens, tellement dérisoires, est assez confondant, et l'on reste presque estomaquée que l'Amérique ne produise pas plus de meurtriers. Petit bémol, il est peut-être un peu dommage que la vitalité du style d'Héloïse Guay de Bellissen se perde aussi parfois dans l'onirisme, surtout lorsqu'elle évoque le personnage de L'Attrape coeur, livre que je n'ai pas lu, parce qu'elle m'a à ce moment là un peu perdue... Une auteure que j'ai pour autant bien envie de continuer à suivre car j'ai été sans conteste par ailleurs conquise par son écriture.

Editions Anne Carrière - 17.50 € - Août 2015

La page du livre sur Babelio 


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