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Séance de rattrapage : Youth, un film déconseillé au plus de 70 ans

Publié le 29 septembre 2015 par Toulouseweb
 

Séance de rattrapage : Youth, un film déconseillé au plus de 70 ans…


Il y a deux semaines est sorti un film de Paolo Sorrentino, l’auteur de « La grande bellezza » un film italien qui nous rappelait furieusement le génie de Fellini, quand il parlait de ce qu’il connaissait le plus au monde : Rome… « La grande bellezza », avec le fabuleux Toni Servillo, avait donc raflé en 2013 un semi -remorque entier de prix et de distinctions diverses dans une flopée de festivals, dont notamment l’Oscar du meilleur film étranger… Excusez du peu.
Avec « Youth », et muni d’un budget confortable, Sorrentino nous concocte aujourd’hui un film baroque, décadent, autour d’un thème qui lui est cher : le vieillissement. Tourné dans un hôtel de luxe, qui ressemble parfois aussi à un sanatorium, et situé dans le cadre grandiose des Alpes suisses, le film donne lieu à des scènes parfois un peu clinquantes, mais d’une beauté visuelle incontestable. Nous sommes dans l’univers des « Yeux noirs » de Nikita Mikhailkov, ou dans celui, plus décalé mais plus récent, de « The grand Budapest hôtel », de Wes Anderson. Et, dans cet univers un peu factice, s’ébattent une galerie de personnages bouffons, ridicules, ou franchement pathétiques : un ancien footballeur boursouflé (transparente allusion à Diego Maradona), une Miss Univers encore très séduisante, un alpiniste reconverti dans les murs d’escalade, un couple qui ne parle jamais. Mais il y a deux personnages principaux, qui, eux, ont des rôles à leur mesure : un chef d’orchestre et compositeur anglais fatigué et revenu de tout, ( Michaël Caine, époustouflant ) et un cinéaste américain en fin de carrière ( Harvey Keitel, surprenant dans un rôle de semi-dépressif) , qui veut faire son dernier film avec Brenda Morel, la star qu’il a révélé autrefois (jouée par Jane Fonda) cela donne lieu à la scène la plus enlevée du film, dans laquelle Jane Fonda agonit d’injures le malheureux réalisateur qui voulait, d’une certaine manière, revivre avec elle son passé de cinéaste brillant.
Mais chez Sorrentino, derrière la comédie, la bouffonnerie, transparaît une sorte de mélancolie douce, teintée de cruauté : ces personnages, trop gâtés par la vie, s’agitent vainement devant nous, essaient, avec plus ou moins de bonheur, de faire leur dernier tour de piste, essaient de ne pas rater leur sortie, ou n’essaient plus rien du tout, ont renoncé à tout, et attendent la mort.
D’où le titre de ces quelques lignes : à partir d’un certain âge, et si vous avez un penchant pour les idées noires, je vous déconseille ce film, sinon gros coup de bourdon assuré. Mais pour ceux qui n’ont pas l’âge de leurs artères et qui ne désespèrent pas tous les matins devant la journée qui s’annonce… Grand plaisir cinématographique assuré.
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