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[Critique] MÉMOIRES DE JEUNESSE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

[Critique] MÉMOIRES DE JEUNESSE

[Critique] MÉMOIRES DE JEUNESSE

Titre original : Testament of Youth

Note:

★
★
★
★
☆

Origine : Grande-Bretagne
Réalisateur : James Kent
Distribution : Alicia Vikander, Kit Harington, Taron Egerton, Emily Watson, Hayley Atwell, Colin Morgan, Dominic West, Miranda Richardson…
Genre : Drame/Adaptation
Date de sortie : 23 septembre

Le Pitch :
Angleterre, printemps 1914. Vera Brittain ne pense qu’à une chose : intégrer Oxford, malgré l’hostilité de ses parents, plutôt conservateurs. Bien décidée à devenir écrivain, elle peut compter sur le soutien de son frère, duquel elle est très proche, de ses amis, et de Roland, un proche de la famille, dont le charme n’est pas sans effet sur la jeune femme. Mais lorsque la guerre éclate, tout vole en éclats. Alors que les hommes s’engagent et sont mobilisés au front, Vera décide de devenir infirmière volontaire et assiste à l’effondrement de son monde…

La Critique :
Vera Brittain fut une figure majeure du féminisme et du pacifisme. Une personnalité incontournable régulièrement citée, quand il est question de la lutte pour le droit des femmes et du combat contre les horreurs de la guerre. Auteur à succès, elle est alors principalement connue pour ses Mémoires de Jeunesse, un best-seller qui relate justement la naissance d’une prise de conscience et d’un engagement qui ont défini toute son existence.
Comme son titre l’indique, le film de James Kent est adapté du livre de Vera Brittain. Un récit autobiographique porté à l’écran par un cinéaste débutant, jusqu’ici connu pour son travail à la télévision et pour ses documentaires. Une histoire qui s’inscrit dans la grande tradition du septième-art britannique romanesque, avec ses accents à la Autant En Emporte le Vent et ses personnages incarnés par des acteurs parfaitement conscients de la portée de l’œuvre dans son ensemble.
Parce que bien sûr, il n’est pas uniquement question d’une histoire d’amour contrariée par la guerre. De par son héroïne, et la portée de ses actes, dont l’écho perdurent encore aujourd’hui, Mémoires de Jeunesse est bien plus qu’un film à l’eau de rose. Il s’agit davantage d’une fresque historique violente et inspirante. D’un regard sans concession sur une période de l’histoire de notre monde, alors que pour beaucoup, il courrait à sa perte. Le tout saupoudré d’un romantisme noble. À l’ancienne, dans tout ce que cela sous-entend de sentiments authentiques, mis à mal par opposition à une violence subie, aux conséquences désastreuses.

Mémoires-de-Jeunesse-Alicia-Vikander-Kit-Harington

En voyant Alicia Vikander devenir sous nos yeux Vera Brittain, il est impossible d’imaginer qui d’autre aurait pu incarner avec autant de puissance le personnage. Ayant véritablement explosé cette année, l’actrice suédoise n’en finit plus de prouver sa valeur au fil de rôles taillés sur-mesure, dont elle sublime chaque aspect. Ici, elle est à nouveau éblouissante. Elle fait progresser son jeu au fur et à mesure de l’histoire et parvient à retranscrire avec beaucoup de sensibilité, les changements survenus dans l’esprit de cette jeune femme devenue par la suite l’héroïne d’une lutte sans fin. Nageant à contre-courant, sans cesse touchée, mais jamais prête à se coucher, Vera Brittain porte le récit avec une force qui force l’admiration, grâce au jeu sans faille d’Alicia Vikander, dont les choix et la faculté à ne jamais céder aux clichés, soulignent de la plus pertinente des façons l’essence même d’une existence abîmée, amenée à provoquer moult bouleversements dans nos sociétés, notamment au sujet de la place et du rôle des femmes, alors observatrices de la folie des hommes.
À l’image d’Alicia Vikander, le reste du casting, de Taron Egerton, la révélation de Kingsman, à Dominic West, en passant par Emily Watson et bien sûr Kit Harington, le Jon Snow de Game of Thrones, fait preuve d’une sensitivité parfaitement calibrée, évitant ainsi au film de céder aux lieux communs d’un genre trop souvent marqué par l’excès de guimauve.

James Kent, de son côté, fait preuve d’une maturité impressionnante. Calé sur un script limpide, dont l’une des qualités est de savoir prendre son temps sans néanmoins s’enliser, il orchestre cette fresque avec beaucoup de sobriété, bien épaulé par la sublime photographie de Rob Hardy, dont nous avions déjà pu admirer la précision et la poésie du travail dans Ex-Machina (déjà avec Alicia Vikander). Magnifique, Mémoires de Jeunesse est, visuellement parlant, d’une infinie beauté. Kent épouse les contours du récit et s’attache à en respecter l’identité, afin de mieux offrir au propos un écrin à la hauteur de son ambition.

Le mot « classique » vient immédiatement à l’esprit. Hors du temps, Mémoires de Jeunesse ne souffre d’aucun défaut majeur qui lui interdise d’accéder au statut de classique instantané. Tout est là. Le matériau de base est parfaitement assimilé, la mise en image superbe et les acteurs tous accordés sur la même fréquence. Rien ne vient menacer un équilibre solide et peu à peu, alors que se déroule l’histoire de Vera Brittain, le long-métrage nous impose sa puissance évocatrice. À la croisée des chemins de la romance grandiose et du film de guerre, il se classe dans ce que que le cinéma britannique a pu faire de mieux en la matière, et permet du même coup aux idées de Vera Brittain de trouver un nouvel écho à une époque marquée par une actualité qui leur confère malheureusement une modernité d’autant plus évidente.

@ Gilles Rolland

Mémoires-de-Jeunesse-Alicia-Vikander
Crédits photos : Mars Distribution


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