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Quand François Hollande ne comprend rien aux changements climatiques, à quelques semaines de la COP21

Publié le 11 octobre 2015 par Blanchemanche
#COP21 #FrançoisHollande
08 octobre 2015, 
Francois_Hollande ONU 092015
François Hollande, le 28 septembre 2015, lors de la 70e session de l'Assemblée générale des Nations Unies
© Présidence de la République

A quelques semaines de la COP21, ce nouveau sommet mondial pour le climat, François Hollande a fait plusieurs discours passés inaperçus sur les changements climatiques. Et pourtant, ils sont à la fois confus et en partie hors-sujet, montrant toute l'étendue de l'intérêt et du sérieux de notre gouvernement sur cette question cruciale pour l'avenir de nos sociétés. Un message catastrophique pour la compréhension du phénomène et sa prise en charge.
Une fois n'est pas coutume, il nous fallait reprendre le discours du président de la République française, François Hollande, sur les changements climatiques. Celui-ci a déclaré, le 28 septembre 2015, lors de la 70e session de l'Assemblée générale des Nations Unies :

Discours de François Hollande devant l'AGNU-70, le 28 septembre 2015. A écouter à partir de 1mn 56.
"il y a des catastrophes, des tsunamis, des tremblements de terre, des îles qui vont bientôt disparaître, des côtes qui sont recouvertes, des glaciers qui fondent ; ce sont les dérèglements climatiques."
Cette seule phrase symbolise l'inquiétant défaut de connaissance et de sérieux du Président (et de ses conseillers). Comment peut-on, aujourd'hui, tout mélanger, amalgamer les pires catastrophes qui frappent l'humanité sous la responsabilité des "dérèglements" climatiques ?
Tout d'abord, le mot "dérèglements" n'est pas approprié, le climat ne se dérègle pas, il fonctionne au contraire très bien, il est simplement dans une phase de changement qui peut prendre différentes caractéristiques intrinsèques et géographiques ; d'où l'emploi du pluriel : "changements". Il passe d'un équilibre à un autre. D'ailleurs, le climat a toujours varié sous l'effet de différents facteurs naturels, externes et internes à la Terre. Depuis quelques décennies maintenant, le climat planétaire se réchauffe, principalement sous l'effet de nos activités qui émettent des gaz à effet de serre.
Ensuite, les tsunamis sont, la plupart du temps, la conséquence des tremblements de terre, comme l'illustre le terrible tsunami japonais de mars 2010. Mais les tremblements de terre ne sont en aucun cas liés aux changements climatiques contemporains ! Ils sont engendrés par le déplacement des plaques lithosphériques à la surface de la Terre qui crée des contraintes sur les roches. Celles-ci peuvent alors se déformer et même se rompre déclenchant un séisme qui se traduit pas la libération d'une quantité d'énergie colossale. D'ailleurs, la plupart des séismes ont lieu à la limite des plaques tectoniques, près des failles et des zones de subduction. Bref, il n'est nullement ici question de climat...
En ce qui concerne les îles "qui vont bientôt disparaître, des côtes qui seront recouvertes", c'est une allusion à la montée du niveau des océans qui risque bien de dépasser le mètre d'ici à la fin du siècle. Sur ce point, François Hollande n'a pas tort, tout comme sur les glaciers qui fondent. Par exemple, les glaciers de montagne, régressent un peu partout dans le monde : en moyenne de 50 m par décennie depuis 150 ans.
Le Président poursuit : "Face à ces défis, chacun à son niveau doit prendre ses responsabilités. La France, dans beaucoup de domaines, ne refuse jamais son concours. Mais la France a voulu accueillir la Conférence sur le climat, sans doute parce qu'elle avait conscience qu'un échec terrible s'était produit à Copenhague et qu'il fallait cette fois-ci prendre la bonne décision : une décision qui ne peut être que celle de la communauté internationale dans son ensemble."
Comment un pays hôte de la future COP21 peut-il se prévaloir d'être responsable sur ces questions quand son président (et ses conseillers) n'y comprennent rien ? Rappelons que la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) aura lieu à Paris du 30 novembre au 11 décembre, une nouvelle grande messe pour le prestige qui a très peu de chance d'aboutir.
On pourrait nous rétorquer que tout le monde fait des erreurs, mais il s'agit là d'une récidive comme en témoigne le discours de François Hollande pour l'ouverture du forum "Vers la COP 21 : la société civile mobilisée pour le climat" :
"Le réchauffement climatique est aujourd'hui un fait scientifique. Et le GIEC est allé plus loin, en indiquant que si nous ne faisions rien, dans les prochaines années, ce n'est pas un réchauffement de la planète de 2 degrés que nous allons connaître d'ici la fin du siècle, mais de 3, 4, voire 5 degrés. Et avec des conséquences que l'on n'a pas besoin de forcer pour les décrire, nous les connaissons déjà ; tsunamis, tremblements de terre, élévation du niveau de l'eau, atteinte inexorable à la biodiversité, et avec ce que nous savons être les impacts de ces catastrophes ; des milliers de morts, des centaines de milliers de personnes déplacées, des destructions considérables, l'impossibilité de vivre sur des côtes, la disparition d'îles, voilà ce que nous savons déjà, et ce qui est en mouvement."
Et pourtant, le Président était accompagné de Nicolas Hulot et Jean Jouzel (vice-président du GIEC) qui savent très bien faire la différence entre les catastrophes liées aux activités humaines et celles d'ordre géologique.
On pourrait simplement en sourire, mais l'heure est à la fois au sérieux, à la responsabilité et à la sensibilisation. Comment faire comprendre au grand public notre responsabilité dans les changements climatiques quand notre Président nous parle de tremblements de terre et de tsunamis ? A l'écouter, nous avons l'impression que toutes les catastrophes se résument à nos émissions de gaz à effet de serre. Une vision simpliste et contre-productive, sans parler de l'image désastreuse de la France qu'il continue de dégrader dans le monde...
Ces confusions graves sont symptomatiques d'un gouvernement qui, derrière une façade, n'a absolument pas pris la mesure de l'enjeu, ne s'instruit pas et n'écoute pas. Soulignons, à ce titre, la note désastreuse du programme environnemental de François Hollande que nous lui avions attribué lorsqu'il n'était encore que candidat à la présidentielle en 2012 : 2/10, l'une des pires notes de notre classement. L'histoire récente nous a déjà prouvé, sur de nombreux sujets et à de trop nombreuses reprises, que ce gouvernement, pourtant allié dans un premier temps à EELV, est à la hauteur de la note que nous lui avions attribuée...
Auteur
Christophe Magdelaine / notre-planete.info - Tous droits réservés
Source : notre-planete.info, http://www.notre-planete.info/actualites/4349-discours-Francois-Hollande-changement-climatique

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