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Un garde-chasse dans le Lot...

Publié le 27 octobre 2015 par Philippejandrok

Il m’arrive parfois de croiser un voltigeur dans les champs que j’emprunte avec mon chien, avec son air de dragon, armé d’un fusil et d’une tenue, tel un uniforme de clown de maquisard, un pantalon baggy bien aéré aux couilles pour qu’elles balancent pendant la marche, comme le balancier d’une horloge pour rythmer son appétit de tueur, les jambes de pantalon rentrées dans les jambières, des bottes en caoutchouc Chameau ou Aigle ; fini la classe en redingotes, le port altier et la démarche fière, non, désormais c’est la démarche lourde de l’assassin frustré qui peine depuis de longues années à faire jouir sa femme qui doit souffrir de supporter un cochon dit civilisé dans son lit, se délectant à chasser son homologue sauvage et à l’abattre d’un coup de fusil, puisse le cochon sauvage lui bouffer un jour son balancier.

Je n’ai d’habitude rien contre ces zouaves et même je les crains, j’ai toujours craint un arriéré avec une arme qui se croit investi de la puissance divine pour retirer la vie d’autrui essentiellement par frustration et par désir de se sentir supérieur par rapport aux autres ; alors que dans la vie, c’est souvent un être pitoyable, une grande gueule sans le moindre intérêt et dénuée d’humanité, mais surtout de courage et méchant, méchant sans doute puisqu’il ne peut pas tirer sa crampe et que son sperme lui remonte au cerveau comme un poison visqueux.

Tuer n’a jamais fait d’un humain un homme, bien au contraire, tuer, c’est souvent un signe de lâcheté, et obtenir son permis de tuer est aujourd’hui donner à tout le monde, pour notre malheur à tous.

Oh mais j’ai bien conscience qu’il y a des gens très bien parmi cette catégorie sociale, j’en connais même, des gens respectueux et responsables, mais il y a les autres, les « défenseurs de la nature » ceux qui la protègent uniquement pour se faire un cheptel à abattre pour satisfaire leurs envies de petits assassins. Un peu comme ces nazis qui ont exterminé 6 millions de juifs avec les meilleures intentions, les odieux, les : je sais tout de je ne sais rien, les désagréables, exécrables personnages sans éducation, qui se cachent derrière des interprétations personnelles de la loi, et qui se croient au Far West en justifiant une agressivité infantile ou sénile, comme c’est le cas du sujet dont je vais faire état à présent.

En déplacement, je découvrais hier avec une amie un très bel endroit dans le Lot, des champs à perte de vue, entourés de forêts et de collines comme des contreforts de château fort. L’automne donnait à ces chemins forestiers les plus belles couleurs de saison tirées de la palette d’un peintre impressionniste, des jaunes d’or et des ocres en tapis de perse, parsemé du vert des fougères et des orties sauvages qui poussaient en bordure des chemins, un régal pour les yeux, et un bonheur pour les chiens qui se nourrissaient de toutes les odeurs de cette nature qui avait une loi naturelle sans tenir compte de celle des hommes. Face à ce chemin, des champs de noyers et de maïs s’étendaient aussi loin que le regard pouvait porter.

La récolte des noix a été dure cette année, des heures de travail, de grosses machines bruyantes qui sucent le sol pour aspirer les plus grosses noix qu’il m’ait été donné de voir, les paysans souffrent et revendent leurs noix à la coopérative deux à trois euros du kilo, qui sera revendu entre 5 et 7 euros au client amateur d’un fruit du terroir lotois. Le maïs a donné un peu, les grains plantés étaient rouges pour donner des épis jaunes, signe de modification génétique, il ressemble à n’importe quel maïs mais celui-ci est OGM, comme son voisin le blé. On se croit en pleine nature dans un univers pur, mais les semenciers vendent de la toxicité à ces paysans en guise de progrès, et cette nature que nous respirons est désormais mauvaise, on n‘est plus en sécurité dans les villes, mais pas davantage dans les campagnes ; que deviennent nos régions, nos terroirs, nos métropoles, notre pays ?

Pourquoi détruisons-nous cette magnifique nature ?

Les noix ici sont énormes, me dit mon amie.

Cette année, les noyers ont été généreux, pas pour les paysans, mais pour la faune, ils ont donné en quantité leurs fruits afin de permettre à cette faune de faire des provisions pour un hiver qui va certainement, d’après les prévisions naturelles, être l’un des plus rigoureux depuis de longues années.

Nous admirions cette nature et ses couleurs extraordinaires, lorsque l’on n’est pas habitué, on prête davantage attention aux détails et à l’ambiance et on se nourrit intérieurement de la beauté d’un tableau vivant.

Les champs que nous longions étaient bordés d’un chemin forestier emprunté par de nombreux promeneurs au quotidien ; celui-ci se séparait en une fourche, il continuait soit sur un chemin de terre entre les champs, soit droit vers le bois et s’enfonçait dans la forêt, à l’orée du bois, un panneau cloué sur un arbre « Réserve de chasse » indiquait qu’il était interdit de chasser, cela ne nous concernait pas nous n’avions pas d’arme, nous nous promenions discrètement, sans faire de bruit, comme n’importe quel marcheur. Le chien gambadait, flairant les odeurs, il était heureux, j’étais heureux, c’était un plaisir de voir un chien prendre autant de joie à errer, puis soudain, alors que nous nous trouvions, en dehors de la « réserve de chasse » dans un champ de noyers, une Suzuki blanche 3 portes s’arrêta devant nous ; un homme d’un certain âge en costume de chasseur sans autre signe distinctif, ouvrit sa portière en nous jetant un regard plein de haine, mon chien se mit immédiatement en position de défense et grogna contre l’étrange conducteur, il avait senti la nervosité agressive du grand courageux qui restait assis sur son cul de plomb à nous regarder. Je le saluais aimablement, comme il était bien élevé, il ne jugea pas nécessaire de me rendre mon salut, puis il commença à nous invectiver avec colère :

-  Vous savez que vous êtes dans une réserve de chasse avec un chien sans laisse, vous n’avez pas vu les panneaux ?

 

-  Si bien sûr, mais nous ne sommes pas chasseurs, nous n’avons pas d’arme, et nous ne chassons pas…

 

-  Mais vous ne savez pas lire ?

 

-  Pardon ?

 

-  Mais vous ne savez pas lire le panneau, y’a même le drapeau français dessus, « réserve de chasse » ?  Il bafouillait des insultes tout en nous traitant de tous les noms comme si nous venions d’assassiner un roi.

-  Je vous en prie Monsieur, ne soyez pas insultant, vous pouvez très bien nous dire les choses sans avoir à hurler comme vous le faites, répondis-je calmement.

-  Je suis garde-chasse et je pourrais vous en foutre un coup si je voulais ? aujouta-t-il agréssif. Le pouvoir dans les mains des petits dérive systématiquement vers le mal, c'est inévitable, et nous avions, en la présence de cet odieux personnage, l'admirable représentation.

Un coup de quoi ? me demandais-je, nous menaçait-il de nous tirer comme des lapins sous prétexte qu’il était garde-chasse et que nous nous trouvions dans un champ de noyer à 50 mètres du chemin et surtout en dehors de la fameuse réserve ? Il se sentait en possession de tous els droits et même celui de nous tuer pour justifier sa mission solennelle.

-  Calmez-vous, lui-dis-je, je vais mettre mon chien en laisse, il n’y a aucun problème, nous sommes en pleine nature, il ne fait rien de mal.

-  Vous n’avez rien à faire ici, c’est une zone protégée de la faune et de la flore, me hurla-t-il alors que son 4x4 roulait et détruisait en écrasant cette faune et cette flore qu’il prétendait protéger.

La réserve de chasse était sur la gauche dans la forêt, nous étions dans le champ en train de regagner le chemin, nous voulions juste voir les pleurotes sur les souches et les langues de bœufs sur les troncs, était-ce un crime de chercher à comprendre la nature sans la blesser avec un chien de berger en liberté ? Mon amie, grande protectrice de la nature, engagée pour les espèces animales, ne supportait pas davantage le ton employé par ce grossier personnage qui se prétendait garde-chasse sans en avoir le moindre insigne, en revanche, il avait bien son fusil à côté de lui, c’est clair dans une réserve de chasse, il faut toujours un crétin avec un fusil qui nous dit sans que nous ayons à le lui avoir demandé :

-  Si je veux tirer un chevreuil ici, il faut un arrêté préfectoral…

Oui et alors, quel était le rapport avec nous ? Nous reprochait-il de ne pas pouvoir tuer un chevreuil ? Le bougre nous agressait, alors que nous étions promeneurs et végétariens de surcroit ? C’était le monde à l’envers, il nous reprochait le fait de laisser notre chien libre de gambader, alors que lui roulait sans complexe dans un champ qui ne lui appartenait pas et dans une zone protégée qu'il prétendait garder ?

D’un calme olympien je préférais ne pas provoquer l’impuissant qui se sentait si fort avec son fusil à son côté, car nous savons qu’en France, les « accidents » de chasse sont très nombreux. Mon amie ne décolérait pas contre l’insigne personnage qu’elle ne cessait de traiter de :

Sale con.

Je tentais de la calmer en lui répondant que nous ne savions pas s’il était sale, ce qui n’empêchait pas qu’un con avec une arme est doublement con lorsqu’il a mauvais caractère et qu'il se sent persuadé d'avoir le droit d'en user. Je suis toujours étonné de constater que l'on donne des armes à des individus psychologiquement instables et qui devraient en être privées pour la sécurité du plus grand nombre.

Cette bordée d'insultes avait assez duré et nous partîmes de notre côté rejoindre le chemin, et l’autre champion du monde de la bêtise, repartit en empruntant avec son véhicule la piste prétendument protégé par ses soins. Il devait avoir sa façon d’envisager la protection naturelle en nous accusant des maux qui étaient infimes par rapport aux dégâts qu’il créait lui-même, mais il avait semble-t-il, tous les droits.

Puis nous le vîmes, 300 mètres plus loin, garé sur le bas côté du chemin forestier en ayant évidemment écrasé une flore si sacrée pour lui lors de l’engueulade, sans doute tentait-il à nouveau de prouver qu’il était ce grand défenseur de cette nature qu’il prétendait protéger en nous insultant. Dans le champ, il avait une démarche étrange, il se baissait et semblait ramasser quelque chose, en fait, il marchait le long des noyers, un sac plastique blanc à la main, et ramassait des noix alors que personne ne le surveillait. Il était venu en début d’après-midi, un jour où le paysan s’occupait de ses bêtes à la ferme pour ne pas être vu, le magouilleur au mauvais caractère.

Le prétendu « garde-chasse » lotois, xénophobe, raciste, aigri, frustré de la bite, sans doute atteint d’un cancer de la prostate l’empêchant désormais de se servir de son asticot à fromage, le voilà qui volait les noix des paysans dans leur champ, le pilleur de labeur qui venait se servir en douce, et qui menaçait de la pointe de son fusils les citoyens promeneurs de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment, et nous l’avions dérangé alors que nous nous trouvions dans un autre champ de noyers, car il avait justement prémédité de voler là ou nous nous trouvions, c’était plus discret, et notre présence le gênait au point qu’il trouva le prétexte de nous menacer de mort à mots couverts, juste pour qu’il réalise son minable larcin.

Bien sûr, il vaut mieux voler les noix d’un paysan plutôt que d’aller les acheter à la coopérative, quel brave homme ce supposé « garde chasse », l’assassin frustré était un voleur qui devait certainement pointer du doigt son voisin en l’accusant d’un crime, alors que le criminel, c’était lui.

Dans le Lot, la grande majorité des gens sont d’une profonde honnêteté et d’une gentillesse exquise, mais il y existe une catégorie de gros, mais alors de très gros crétins qui passent leur temps à emmerder le monde et qui sont prêts au pire juste pour avoir raison.

On met des petits truands en détention, mais les plus dangereux comme cet homme âgé, n’ayant plus rien à perdre, qui menace des personnes innocentes qui ont le tort de se trouver sur sa route, et qui le dérangent alors qu’il va voler quelques noix à des paysans qui crèvent déjà la dalle. Il fait parti de ceux que l’on nomme, les honnêtes gens, alors, désormais, je ne saurais trop recommander à chacun de se méfier des honnêtes gens qui se prétendent gardes-chasses et protecteurs de la nature, car ils sont bien disposés à vous envoyer dans l’autre monde pour dissimuler leurs mauvaises actions.

Nous vivons une époque formidiable…


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