Magazine Entreprise

Chuck Feeney : Le milliardaire qui voulait faire faillite

Publié le 09 novembre 2015 par Edelit @TransacEDHEC

Il est 18:00 et c’est un jour d’été comme les autres à la gare Heuston de Dublin. Chuck Feeney, 81 ans, milliardaire à l’allure suffisante et indolente, revient d’une journée à l’Université de Limerick. Une institution à qui il a dévoué son existence mais surtout, une donation de 170 millions de dollars. C’est sans doute l’Homme qui a donné plus à l’Irlande que n’importe qui depuis la Saint Patrick, et personne ne le remarque. Et c’est bien ce qui caractérise le personnage.

Honnêtement, qui d’entre vous a déjà entendu parler de lui?

Chuck Feeney est la mère Thérèsa de la philanthropie. Ces 30 dernières années, il a parcouru le globe et mené des opérations clandestines pour donner 7.5 milliards de sa fortune provenant de la vente de cognac, de parfum, et de cigarettes. Son empire : les magasins duty-free. Sa fondation, « The Atlantic Philanthropies » a déjà fait don de 6.2 milliards de dollars à l’Education, à la Science, à l’accès aux soins et aux droits civiques aux Etats-Unis, au Vietnam, en Irlande et en Afrique du Sud.

Quelques âmes charitables ont déjà donné plus, notamment Bill Gates, mais en comparaison avec le niveau de richesse, personne n’a déjà donné une part aussi importante de son capital au cours de son existence. Les 1,3 milliards de dollars restant seront dépensés d’ici 2016, et la fondation est même censée disparaitre en 2020.

Alors que l’obsession de la plupart des titans milliardaires de ce monde est d’accumuler des sommes monstrueuses, Chuck Feeney met les bouchées doubles pour mourir ruiné!

Et d’où sort-il son pognon?

Tout commença en 1984, lorsqu’il décida de transférer 38.75 % des parts de marché de sa société Duty Free Shoppers pour créer ce qui allait devenir « Atlantic Philantropies ». Pendant les 15 premières années de « la mission donation », Feeney s’obstina à cacher l’origine des fonds. Beaucoup d’organismes caritatifs n’avaient aucune idée d’où l’argent provenait.

Les quelques privilégiés qui savaient, avaient pour obligation de garder le secret. « Je devais convaincre les directeurs que ce n’était pas de l’argent sale provenant de la mafia ou de la vente de drogues ! » Le succès de DFS, (Duty Free Shoppers Group), tout le monde le connaissait, mais l’homme s’obstinait à rester dans l’ombre.

Son désir de rester anonyme, personne n’a jamais pu lui enlever. D’ailleurs, l’homme n’a livré que 5 interviews publiques durant toute sa vie. Il a pesé jusqu’à plus de 7,5 milliards mais ne veut pas de reconnaissance. La classe.

Des dépenses qui se suivent et ne se ressemblent pas

Ce qui est paradoxal, c’est que l’argent gagné grâce aux succès de sa multinationale est utilisé à des fins qui ne sont pas toujours cohérentes. L’île de Saipan manque d’un aéroport (Petite île située près du Japon)? Pas de problèmes, voilà 5 millions de dollars. En 1977, le type dépense 12 millions de dollars de ses dividendes dans la construction d’hôtels, d’usines de vêtements, ainsi que dans des start-up en Asie et en Australie.

Diverses universités comme Queensland ont perçu jusqu’à 100 millions de dollars… Et c’est bien la diversité des investissements qui font la complexité du personnage. Au point que les journalistes se sont demandés si ces folies n’étaient pas maladives.

DE-PEN-SER

Un de ses amis le décrirait comme étant quelqu’un pouvant « dépenser compulsivement afin de combler cette accumulation massive d’argent. » Chuck Feeney s’est même fait le devoir de se soustraire autant que possible aux impositions fiscales, créant des holdings dans des paradis fiscaux, enregistrant ses biens au nom de sa femme… Ce qui est génial, c’est qu’il voyage toujours en classe éco et porte une montre en plastique. Mener la grande vie, c’est pas vraiment sa tasse thé.

Si la société philanthropique doit disparaitre dans quelques années, on estime que sa fortune personnelle est descendue à 5 millions de dollars « seulement ». Selon le magasine FORBES, elle n’atteindrait plus que 2 millions ! A ce rythme, on peut se demander si ses héritiers verront un jour la couleur des billets. Homme généreux ou dépensier intarissable?

A l’heure où Dan Bilzerian s’affiche sur son compte instagram avec 6 mannequins Russes à moitié nues dans une piscine, on pourra au moins accorder à Mr.Feeney l’élégance d’être resté discret. Que ferions nous avec tant d’argent? Bien sûr, qui d’entre nous se battrait pour payer plus d’impôts? Mais ces questions de riches ne nous concernent pas. Ou peut-être pas encore qui sait.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Edelit 18215 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte